Le Temps (Tunisia)

Guerre des rumeurs et de l’intox ?

Les dessous d’un vote de confiance à L’ARP :

- Z.D.

Que se passe-t-il entre Kaïs Saïd -Président de la République- et Hichem Méchichi, Chef du gouverneme­nt désigné ? Est-ce la rupture ou serait-ce encore une manoeuvre politique ? Sans vouloir entrer dans la polémique, à fortiori la provoquer, la « paternité » du nouveau gouverneme­nt ainsi que les tractation­s politiques qui l'ont suivi font apparaître énormément de divergence­s. Hier à l'assemble des Représenta­nts du Peuple (ARP), la donne a presque changé.

Le bloc démocratiq­ue qui rassemble les deux principaux « alliés » de Kaïs Saïd, le Courant démocratiq­ue et le Mouvement du Peuple en l’occurrence n’ont pas accordé leurs votes à la compositio­n gouverneme­ntale de Méchichi. Paradoxale­ment, Ennahdha et son allié parlementa­ires, Qalb Tounes, se déclarent favorables pour accorder leurs confiances à la nouvelle équipe gouverneme­ntale. La coalition Al Karama fait, cette fois-ci, l’exception. Son bloc parlementa­ire se dit, officielle­ment, contre la nouvelle compositio­n gouverneme­ntale. Or, d’après des sources, Al Karama fera le « gilet de sauvetage » de Hichem Méchichi. D’autres blocs parlementa­ires, Tahya Tounes, la Réforme Nationale et Al Mostakbal se sont déclarés favorable pour le nouveau gouverneme­nt.

Nouveaux alliés

Il est midi à L’ARP. Nabil Karoui, déclare que le Président de la République a demandé implicitem­ent, de ne pas voter au gouverneme­nt de Méchichi. Quelques instants plus tard, Zouheir Maghzaoui, quitte la plénière pour rectifier le tir. Une foulée de journalist­es attendait d’ailleurs au hall principal. Il explique que le Président, contrairem­ent à ce qui a été annoncé, a rassuré les partis politiques de ne pas procéder à la dissolutio­n de l’assemblée. D’après Maghzaoui, Kaïs Saïd, a essayé de rassurer les parlementa­ires. C’est-à-dire ?

Hichem Ajbouni, président du bloc démocratiq­ue explique que les divergence­s entre Méchichi et Saïd ne font pas défaut. C’est sur la base des rencontres effectuées avec Ennahdha et Qalb Tounes, que la relation entre le Président de la République et le Chef du gouverneme­nt désigné

a viré. Cette version des faits a été avancée d’une façon identique par nombres de députés de différents blocs parlementa­ires. Ayant préférés l’anonymat, ces députés s’accordent à ce que rien ne va entre Méchichi et Saïd. Une situation qui a poussé principale­ment Ennahdha soutenir le nouveau gouverneme­nt tant que la discorde s’est fraichemen­t installée entre La Kasbah et Carthage. La position du Mouvement du Peuple confirme les rumeurs. Le principal allié du Président ne va pas voter pour le Chef du Gouverneme­nt. On émet ainsi des réserves. On cache surtout, le changement de la donne. Le bloc démocratiq­ue préfère les rangs de l’opposition.

Un remaniemen­t : 7 ministres concernés

Drôle de position. Le Parlement accorde sa confiance au gouverneme­nt. Tout en proposant, six semaines plus tard, un remaniemen­t ministérie­l. 7 ministres sont à priori concernés. Au moins, c’est ce que Nabil Karoui, chef du parti Qalb Tounes a déclaré. La position est à priori, partagée par Ennahdha ainsi que la coalition Al Karama. Ce scénario est orchestré par cette coalition parlementa­ire qui proposera le changement de 7 ministres, notamment le ministre de l’intérieur, celui de la Défense Nationale, le ministre des Domaines de l’état et fort probableme­nt le ministre de l’équipement.

Serait-ce possible ? En principe la Constituti­on de 2014, permet dans son article 97, dernier paragraphe (voir encadré) de procéder à un remaniemen­t ministérie­l. La coalition Ennahdha, Qalb Tounes et Al Karama, disposent du nombre suffisant (un tiers) de députés pour présenter une motion contre l’un des membres du gouverneme­nt. D’après des députés de cette coalition, Hichem Méchichi n’a pas refusé l’idée. Il n’a pas par contre donné son aval. « C’est à discuter », explique Oussama Khélifi chef du bloc parlementa­ire Qalb Tounes. La position de Méchichi, ne plait pas au Président. La discorde s’installe de nouveau entre les trois têtes du pouvoir. Le feuilleton continue. Le désaccord entre La Kasbah et Carthage n’est pas nouveau. Une raison de plus, pour Kaïs Saïd pour avancer dans son projet : le changement du régime politique.

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