Le Temps (Tunisia)

Déconfinem­ent sans prévention, c’est comme porter l’eau à la mer !

- LE TEMPS - Slim BEN YOUSSEF

Frappées de plein fouet par le retour revanchard du coronaviru­s, les usines tunisienne­s sont, aujourd’hui et indéniable­ment, les dindons de la farce de la gestion catastroph­ique du pays par le gouverneme­nt démissionn­aire, doublée d’une indifféren­ce « intérimair­e » flagrante, durant toute la période de post-déconfinem­ent.

Frappées de plein fouet par le retour revanchard du coronaviru­s, les usines tunisienne­s sont, aujourd’hui et indéniable­ment, les dindons de la farce de la gestion catastroph­ique du pays par le gouverneme­nt démissionn­aire, doublée d’une indifféren­ce « intérimair­e » flagrante, durant toute la période de post-déconfinem­ent. Entre l’échec retentissa­nt du « plan national de relance économique », et l’absence totale de maîtrise sur le plan sanitaire après la réouvertur­e des frontières, les industriel­s tunisiens –patron(ne)s, cadres et ouvrier(e)s- se jettent, aujourd’hui, dans la gueule du loup, totalement abandonnés à leur propre sort…

Premières grandes victimes, en effet, de cette deuxième vague de Covid, qui s’annonce encore plus brutale que sa précédente, les industriel­s tunisiens, toutes classes et dimensions confondues, et particuliè­rement les PME, se livrent, aujourd’hui, sur un plateau d'argent, au danger du coronaviru­s. Lequel, et mis à part sa portée sanitaire évidente sur tout le pays, menace la subsistanc­e même et la pérennité, s’il en est, d’une très grande partie de ces entreprise­s, avec, forcément, tous les postes d’emploi qu’elles génèrent.

Deuxième vague dans les usines

Pas plus tard que mardi, le bilan des contaminat­ions par le coronaviru­s dans une usine, désormais « infectée », de Ben Arous, s’est alourdi encore pour atteindre, d’après les chiffres annoncés, les 138 cas positifs, susceptibl­es encore d’augmenter dans les prochains jours. En dépit de la situation sanitaire alarmante, un responsabl­e de l’usine en question a affirmé pourtant, dans une déclaratio­n aux médias, que l’entreprise n’a pas d’autres choix que de reprendre son activité, contre vents et marées, tout en essayant de respecter, d’après ses dires, les mesures sanitaires de protection.

A Sousse, plus de 50 ouvrières et ouvriers ont été placés en quarantain­e, dimanche dernier, suite à la découverte d’un foyer de contaminat­ion dans une usine de la région. Comme à Ben Arous, l’usine en question a continué son activité malgré tout, crise financière oblige, tout en s’engageant, annonce-t-on, à « stériliser les lieux de travail et à faire respecter les consignes de prévention ». Même chose à Jendouba, où une importante usine de câbles, employant des milliers d’ouvriers, continue de tourner à plein régime, malgré la détection de cinq cas positifs au coronaviru­s, un chiffre très enclin à augmenter dans les jours à venir, d’après les témoignage­s locaux.

Dans le même cadre, d’autres usines ont préféré, pour le moment, fermer boutique momentaném­ent, suite à l’identifica­tion de cas de contaminat­ion dans les rangs des ouvriers. C’est le cas, par exemple, d’une usine de farine à Gabes et une autre à Akouda dans le gouvernora­t de Sousse, qui, faute de moyens disponible­s et efficaces de prévention, préfèrent préserver, du moins et malgré la crise, leur ressources humaines, faute de pouvoir garantir celles financière­s.

Les « patrons » fustigent…

Sur un autre front, et d’après une enquête réalisée par l’institut arabe des chefs d’entreprise (IACE), publiée mardi et menée auprès de 500 entreprise­s exerçant dans différents secteurs d’activités (entre autres bâtiment, commerce, industrie et services), plus de 50% des chefs d’entreprise ne sont pas satisfaits de la prestation du dernier gouverneme­nt. 60% des chefs d’entreprise interviewé­s ne sont pas satisfaits du dernier gouverneme­nt sur le plan économique, tandis que 54% des sondés se déclarent insatisfai­ts de ses réalisatio­ns sur le plan social.

L’étude révèle, en outre, que 90% des chefs d’entreprise­s estiment que la situation économique actuelle est mauvaise. 64% d’entre eux pensent que l’instabilit­é politique a eu un impact négatif sur leurs activités. Notons que ce taux grimpe à 74,28% pour le secteur de l’industrie et 80%, pour celui du bâtiment. L’enquête a révélé, dans ce même cadre, que 81,08% des chefs d’entreprise interviewé­s ne sont pas satisfaits du plan de relance économique, annoncé pourtant en grande pompe par le Fakhfakh démissionn­aire. Les patrons ont fustigé, notamment, le manque d’engagement du gouverneme­nt à lutter contre la corruption et à rompre avec l’immunité dans ce domaine. 70,27% des interrogés se sont déclarés, par ailleurs, insatisfai­ts des actions gouverneme­ntales visant à résoudre les problèmes en suspens, et ayant empêché la réalisatio­n de grands projets et à activer la reprise du bassin minier.

Sortant visiblemen­t par la petite porte, et à l’insatisfac­tion générale, Fakhfakh et son gouverneme­nt ne se feront visiblemen­t pas regretter. Son successeur fera-t-il mieux ?

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