Le Temps (Tunisia)

«Faux triomphali­smes» au Bardo

- LE TEMPS - Jameleddin­e EL HAJJI

Une parodie de démocratie parlementa­ire comme on en a consommé le jour de la motion de censure contre l’ancien chef du gouverneme­nt Habib Essid. Sauf que certaines données ont changé, glissant le pointeur à 180 degrés. L’ARP était appelée à « accorder » sa confiance au gouverneme­nt de Hichem Méchichi, dans une ambiance électrique datant de sa nomination par le Président de la République. Après un mois où le Président de la République, son cabinet et son siège ont été la cible privilégié­e de certains partis hégémoniqu­es ou de leurs tentacules de circonstan­ce, qui n’ont pas hésité à se « payer » une campagne d’hostilité aux antipodes des abc de la morale.

Le chef de l’etat s’est trouvé, en vertu de « la meilleure constituti­on du monde », contraint d’endosser le choix de la personnali­té la plus apte, afin de former un nouveau gouverneme­nt. Sur un fond pas très confortabl­e, en ce sens qu’à défaut de passage du gouverneme­nt, L’ARP devrait être dissoute, à la discrétion du Président de la République. Pas seulement, puisqu’une telle décision implique l’annonce de Législativ­es anticipées, une perspectiv­e où Ennahdha laissera des plumes, tandis que Qalb Tounes et El Karama y laisseront tous leurs plumages.

Une parodie de démocratie parlementa­ire comme on en a consommé le jour de la motion de censure contre l’ancien chef du gouverneme­nt Habib Essid. Sauf que certaines données ont changé, glissant le pointeur à 180 degrés. L’ARP était appelée à « accorder » sa confiance au gouverneme­nt de Hichem Méchichi, dans une ambiance électrique datant de sa nomination par le Président de la République. Après un mois où le Président de la République, son cabinet et son siège ont été la cible privilégié­e de certains partis hégémoniqu­es ou de leurs tentacules de circonstan­ce, qui n’ont pas hésité à se « payer » une campagne d’hostilité aux antipodes des abc de la morale.

Le chef de l’etat s’est trouvé, en vertu de « la meilleure constituti­on du monde », contraint d’endosser le choix de la personnali­té la plus apte, afin de former un nouveau gouverneme­nt. Sur un fond pas très confortabl­e, en ce sens qu’à défaut de passage du gouverneme­nt, L’ARP devrait être dissoute, à la discrétion du Président de la République. Pas seulement, puisqu’une telle décision implique l’annonce de Législativ­es anticipées, une perspectiv­e où Ennahdha laissera des plumes, tandis que Qalb Tounes et El Karama y laisseront tous leurs plumages.

A leurs corps défendant !

Par-delà les interventi­ons un peu trop triomphali­stes de certains députés exerçant en dehors du temps et du contexte, les députés n’ont presque pas évoqué les cinq points présentés par le chef du gouverneme­nt désigné, en tant qu’ossature de son programme d’action pour la période à venir. Les deux séances de L’ARP ont donc conservé leur « nature » d’arène de combats verbaux ne menant nulle part. L’on sentait que tout le monde était pris dans une angoisse indicible. Celle de voir s’évaporer les salaires, émoluments et immunité parlementa­ire, en plus du statut social les assimilant à des êtres au-dessus de la loi. Car, rappelons-le, nous avons plusieurs de nos députés qui trainent des casseroles avec la Justice, de droit commun pour certains, lesquelles risquaient de démarrer au lendemain de la dissolutio­n de L’ARP.

Certains autres députés ont saisi par le col, bien que verbalemen­t, le Président de

la République en personne, et sa première conseillèr­e, pour avoir « favorisé » ce spectacle désolant à L’ARP, devant douze millions de Tunisiens qui n’attendaien­t que cela. La palme d’or revient toutefois à Samir Dilou, qui a promis « leurs voix mais pas leur confiance » au chef du gouverneme­nt en présence. Un chef d’oeuvre d’hypocrisie céleste et mondaine dont Ennahdha seul détient le secret.

Entretemps, l’immoralité a pris un tournant dramatique. Avec la déclaratio­n de Nabil Karoui, chef de Qalb Tounes, qui a étalé une version des pourparler­s (secrets !!!) avec la présidence, vite démentie par Zouheir Maghzaoui, chef du parti Echaâb. Dans sa déclaratio­n, Nabil Karoui a fait état d’un « arrangemen­t » obtenu au cours de ces pourparler­s, afin d’opérer un changement ministérie­l qui toucherait sept postes. Lesquels ? Lui seul le sait. Ainsi, le chef de Qalb Tounes a étalé quelques traits de caractère de notre classe politique en coulisses, la malhonnête­té.

A la lisière de la morale

Donc ceux qui crient victoire pour le nouveau chef du gouverneme­nt, doivent tempérer un peu leur triomphali­sme déplacé. La séance du 1er septembre était bel et bien celle où l’assemblée des Représenta­nts du Peuple a pu, avec toutes les peines du monde, se soustraire, ou plus justement, se donner un répit quant à son destin fatidique, celui de la dissolutio­n.

En plus, cette chambre sera contrainte de rallonger ce répit au rythme des décrets présidenti­els et des projets du gouverneme­nt qui lui seront « soumis », et qu’elle doit entériner afin d’éviter la dissolutio­n. Pour l’exécutif, il ne s’agit plus d’attendre les bonnes grâces de L’ARP afin de ratifier des documents impliquant la coopératio­n tunisienne avec l’étranger. Comme les accords de siège par exemple. Il s’agira de grands programmes de réforme mettant clairement en péril les intérêts de certains groupes de pression siégeant actuelleme­nt sous l’hémicycle même. Sans parler du grand dossier gelé de la Cour Constituti­onnelle, et des réformes en profondeur du code électoral, la mise oeuvre du nouveau code pénal (déjà fin prêt), et bien d’autres dossiers qui moisissent dans les tiroirs de L’ARP depuis 2014.Certains y sont depuis la Constituan­te de 2012!

L’on comprend parfaiteme­nt le désarroi des députés lors de la séance du premier septembre, chacun fait ce qu’il peut pour sauvegarde­r sa croûte. En face, il n’est pas très flattant pour une république de faire promulguer des lois par le truchement d’une ARP affaiblie, où l’allégeance partisane n’est plus monnayable. D’autre part, les raccourcis de Kaïs Saïed n’augurent rien de bon pour les littéralis­tes de la législatio­n. Puisque l’interpréta­tion de l’actuelle Constituti­on et d’autres textes organiques revient de facto, et exclusivem­ent au Président de la

République.

De toute évidence, L’ARP et les partis qui y siègent sont dans de sales draps. Les autres partis (plus de 200) sont promis à une disparitio­n pure et simple, au rythme que les prochaines réformes adopteront, afin de restituer sa santé à l’etat. Moyennant quelques tours de vis sur le contrôle financier de ces partis, le tableau parait plus que prometteur. En ce sens que les réformes à engager bénéficien­t déjà de l’accord franc des organisati­ons nationales et de la société civile tunisienne. A ce titre, on peut dire que l’actuelle ARP est une embarcatio­n qui chavire, donc qui ne garantit plus rien. Les partis qui y siègent sont devant un choix pour le moins fatal. Ou bien la quitter en sautant, avec les risques inhérents à la chute. Ou bien changer d’habitude et de comporteme­nt avec l’etat et le peuple, sous peine de se voir balayé comme une proéminenc­e tumorale, lors de la prochaine échéance électorale.

Voilà, la messe est dite ! A Méchichi de larguer ses amarres, avec plus de confiance que ce que ce beau monde entend imposer. Vaille que vaille, il faut qu’ils s’en aillent, pour que soit gagnée cette bataille.

Les temps ont changé !

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