Le Temps (Tunisia)

Est-ce le mythe de Sisyphe !?

Les gouverneme­nts se succèdent et se ressemblen­t

- LE TEMPS-MOULDI MBAREK

À qui profite la victoire du vote de confiance au gouverneme­nt Méchichi ? À Ennahdha et son allié provisoire Qalb Tounes ? À Kaïs Saïed ? Aux uns et aux autres qui ont voté pour le nouveau gouverneme­nt ? Aux opposants au nouveau gouverneme­nt ? À Méchichi ? Ou tout simplement à aucun acteur politique et les crises continuent ?

Le président du parlement Rached Ghannouchi semble faire du vote de confiance au gouverneme­nt Méchichi sa propre victoire. Pour lui, " Tout se fait et se défait au parlement. Indirectem­ent..." Il s'adresse, bien entendu, à Kaïs Saïed pour lui rappeler qu'il demeure le Maestro incontesté qui règne en Tunisie.

À qui profite la victoire du vote de confiance au gouverneme­nt Méchichi ? À Ennahdha et son allié provisoire Qalb Tounes ? À Kaïs Saïed ? Aux uns et aux autres qui ont voté pour le nouveau gouverneme­nt ? Aux opposants au nouveau gouverneme­nt ? À Méchichi ? Ou tout simplement à aucun acteur politique et les crises continuent ?

Le président du parlement Rached Ghannouchi semble faire du vote de confiance au gouverneme­nt Méchichi sa propre victoire. Pour lui, " Tout se fait et se défait au parlement. Indirectem­ent..." Il s'adresse, bien entendu, à Kaïs Saïed pour lui rappeler qu'il demeure le Maestro incontesté qui règne en Tunisie.

Mais le Cheikh prend ses rêves pour la réalité ! Il tente de faire croire qu'avec ses 54 députés, rien ne se fait sans Ennahdha. C'était, peut-être du temps de Béji Caïd Essebsi ! Aujourd'hui, les choses ont changé. Ghannouchi oublie-t-il que, tout récemment, il a failli se faire sauter de son perchoir, lorsque la présidente du PDL a réussi à mobiliser 97 députés (il en faut 109 !) pour le déloger de la présidence du parlement !?

Le Cheikh semble, également, aller très vite en besogne. S'il était aussi fort qu'il essaie de le faire croire, pourquoi, alors, a-t-il voté pour un gouverneme­nt dont aussi bien le chef que toute l'équipe ont été choisis par Kaïs Saïed !? Si les islamistes et leurs alliés étaient réellement si forts et si sûrs d'eux-mêmes, ils n'auraient pas attendu une seule seconde pour voter contre le gouverneme­nt Méchichi. En fait, ils ont la peur au ventre de nouvelles élections législativ­es anticipées qui les rayeraient de la carte politique. Ils le savent bien, mais ils sont passés maîtres dans l'art de manoeuvrer, de tricher et de fausser la réalité. Ils font tout actuelleme­nt pour flirter avec le nouveau chef du gouverneme­nt en vue d'en faire une sorte de Chahed 2. Il n'est, cependant, pas sûr que Méchichi tombe dans leur piège car il n'est pas sans savoir qu'il risquerait de brûler tout son avenir d'autant plus qu'il est jeune et qu'il a encore du temps pour se forger un destin politique.

Kaïs Saïed, quant à lui, est sorti très affaibli d'une crise qu'il créée luimême contre lui-même pour nuire à son plus fidèle serviteur. Tous les observateu­rs politiques et même ses partisans lui reprochent d'avoir agi avec maladresse et grande légèreté vis-à-vis de son chef de gouverneme­nt désigné. Comment évolueront les relations entre le président de la République et le chef du gouverneme­nt ? Méchichi n'est pas dupe. Il ne crachera pas dans la soupe de l'homme à qui il doit tout. Il n'est pas de son intérêt d'entrer en conflit avec le chef de l'état quoique le mal soit déjà fait ! Mais ainsi est la politique et il faut savoir tourner la page ! C'est d'ailleurs ce que lui conseillen­t plusieurs élus. C'est ainsi que le député Hassouna Nasfi, chef du bloc parlementa­ire de la Réforme lui suggère : " Restez indépendan­t et méfiez-vous des tirailleme­nts politiques ! Il n'est nullement de votre intérêt d'entrer en conflit avec le chef de l'état... "

En théorie, c'est bel et bien Méchichi qui est sorti gagnant du vote de confiance. Toutefois, la trêve risque d'être très courte et sur le terrain, tout semble indiquer qu'on n'est pas sorti de l'auberge. C'est l'éternel mythe de Sisyphe ! Dès qu'on croit atteindre le sommet, tout s'écroule à cause de l'absurdité d'une Constituti­on maudite qui empoisonne la vie de la Tunisie depuis environ une dizaine d'années.

Il est certain que Méchichi peut s'adresser au peuple pour le prendre à témoin. Le nouveau chef du gouverneme­nt pourrait, prendre ainsi ses distances vis à vis de tous. Mais sans parti politique et sans grande expérience, ce jeune haut fonctionna­ire de l'état aurait du mal à marcher dans un champ aussi miné. Il est à craindre que le mythe de Sisyphe continue : les gouverneme­nts se succèdent et se ressemblen­t ! D'une crise à une autre ! On efface et on recommence et les crises continuent...

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