Le Temps (Tunisia)

Une trilogie de Mahmoud Jemni

- Le Temps : Hatem BOURIAL H.B

Spécialisé­e dans le cinéma documentai­re et les films courts, le Ciné B7L9 propose un gros plan sur le cinéma de Mahmoud Jemni. À suivre les 4 et 5 septembre avec une trilogie entre douleur et résistance.

Très attendue, la projection du film "Non. Oui" ouvrira le cycle Mahmoud Jemni, un panorama en trois films qui offre une plongée dans le cinéma de ce réalisateu­r tunisien qui a fait ses premières armes en tant qu'assistant de René Vautier.

Le racisme et "Non. Oui"

Réalisé en 2020, ce troisième film de Jemni s'est distingué aux Journées cinématogr­aphiques de Carthage et dans plusieurs festivals internatio­naux. Plaidoyer contre le racisme en Tunisie, "Non. Oui" est un puissant réquisitoi­re exprimé par des témoins s'exprimant à travers des propos poignants. Au-delà de sa valeur intrinsèqu­e, ce film se distingue aussi par le fait qu'il s'agit de la première oeuvre cinématogr­aphique tunisienne à aborder de front cette thématique trop souvent occultée.

Dans ce film, la caméra de Mahmoud Jemni commence par introduire le spectateur dans l'univers du stambali. Cette danse tunisienne d'origine ouest-africaine sert le propos du cinéaste en nous introduisa­nt dans la profondeur mythique du vécu des Tunisiens noirs. Ensuite, Jemni glisse subreptice­ment de l'ethnograph­ique vers le contempora­in. Après les images de transe et les évocations du passé, ce sont des prises de parole qui vont se succéder pour rendre compte d'une réalité complexe ainsi que de blessures profondes.

Le film s'achève sur les deux images fortes que sont l'entrée de la députée Jamila Ksiksi au Parlement et les expression­s de jeunes rappeurs. Des ancêtres mythiques à la députée Jamila Ksiksi, du stambali des racines au rap d'aujourd'hui, la boucle est symbolique­ment réalisée. Grâce au montage bien rythmé de Kahena Attia et à la musique de Rabii Zemmouri, le film conjugue d'autres atouts et prend toute sa dimension de plaidoyer contre le racisme et l'exclusion.

Ce film sera projeté le vendredi 4 septembre à 18h en ouverture du cycle. La projection sera suivie d'un débat avec le réalisateu­r. Le lendemain, l'événement se poursuivra avec le visionnage des deux autres documentai­res qui complètent la filmograph­ie de Mahmoud Jemni. Ces projection­s auront donc lieu samedi 5 septembre, toujours en présence du réalisateu­r qui débattra de nouveau avec le public. Réalisé en 2012, "Coloquinte" est la première oeuvre de Mahmoud Jemni. L'auteur y évoque la torture qui a laissé le goût amer de la coloquinte, une plante sauvage, à plusieurs militants politiques nés avant ou après l'indépendan­ce de la Tunisie. Second film de Mahmoud Jemni, "Warda la passion de la vie" a été produit en 2015. Le réalisateu­r y dresse le portrait d'une artiste tunisienne décédée à la fleur de l'âge l'année dernière. Jemni filme l'espoir et la maladie, le combat d'une femme et sa catharsis par l'art de la gravure.

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De "Coloquinte" à "Warda"
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