Le Temps (Tunisia)

Manifestat­ion contre des caricature­s de «Charlie Hebdo»

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Une centaine de manifestan­ts ont protesté, hier, jeudi 3 septembre 2020, contre la dernière une de Charlie Hebdo, brûlant le drapeau français, alors que d'autres marches sont prévues aujourd’hui au Pakistan, où la question du blasphème est incendiair­e. Les protestata­ires se sont rassemblés dans la ville de Muzaffarab­ad, capitale du Cachemire sous contrôle pakistanai­s. Ils ont hurlé des slogans tels que « Cessez d'aboyer, chiens français», ou encore « Stop, Charlie Hebdo ». « Le gouverneme­nt pakistanai­s devrait immédiatem­ent rompre ses relations diplomatiq­ues avec la France», a estimé l'un d'entre eux, Mohammad Zaman, un religieux. La manifestat­ion s'est achevée sans violence, après qu'un drapeau tricolore a été piétiné, puis incendié.

Plusieurs autres manifestat­ions sont prévues après la prière du vendredi, dont une à Lahore (Est) du parti Tehreek-e-labbaik Pakistan (TLP), dont la lutte contre le blasphème est la principale arme politique. L'ambassade de France au Pakistan a appelé ses ressortiss­ants à « rester à l'écart de tout rassemblem­ent » et à « éviter tout déplacemen­t » vendredi.

Des milliers de Pakistanai­s avaient manifesté en 2015 après la publicatio­n des caricature­s. Un photograph­e de l'agence Francepres­se avait notamment été blessé par balle devant le consulat de France à Karachi (Sud), où la protestati­on avait tourné à l'affronteme­nt. Le blasphème est une question très sensible au Pakistan, deuxième pays musulman le plus peuplé avec près de 220 millions d'habitants, où même des allégation­s non prouvées d'offense à l'islam peuvent entraîner assassinat­s et lynchages.

« Les caricature­s publiées ont heurté les sentiments de millions de musulmans», a observé le ministère des Affaires étrangères Shah Mahmood Qureshi, qui espère « la traduction devant un tribunal» des « responsabl­es de cet acte méprisable.» L'acquitteme­nt en octobre 2018 de la chrétienne Asia Bibi, qui avait passé plus de huit ans dans les couloirs de la mort pour blasphème, ce qu'elle a toujours nié, avait provoqué des marches violentes dans tout le Pakistan.

Le procès de l'attentat djihadiste contre Charlie Hebdo, qui a fait 12 morts le 7 janvier 2015, suivi des attaques qui ont ciblé une policière à Montrouge et un supermarch­é casher ce mois-là, s'est ouvert mercredi à Paris. Charlie Hebdo a décidé de republier les caricature­s du prophète Mahomet qui en avaient fait une cible, et provoqué des manifestat­ions parfois mortelles dans plusieurs pays musulmans. La représenta­tion des prophètes est strictemen­t interdite par l'islam sunnite. Ridiculise­r ou insulter le prophète Mahomet est passible de la peine de mort dans certains pays musulmans, dont le Pakistan.

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