Le Temps (Tunisia)

L'embargo sur les armes de moins en moins respecté

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Depuis le 8 juillet 2020, 70 avions ont atterri dans les aéroports de l’est du pays, sous contrôle des forces du maréchal Khalifa Haftar. Trois cargos ont également accosté dans les ports du secteur.

Le camp adverse n’est pas en reste, affirme l’émissaire par intérim de L’ONU en Libye, Stéphanie Williams. Le GNA à Tripoli a reçu le soutien de 30 appareils, et pas moins de neuf cargos se sont amarrés dans les ports sous contrôle du gouverneme­nt libyen reconnu par la communauté internatio­nale. L’émissaire ne donne pas de précision en revanche sur la cargaison, mais affirme qu’il s’agit d'"une violation flagrante" de l’embargo sur les armes, décrété par L’ONU.

Le GNA, reconnu par L'ONU, est soutenu par la Turquie tandis que le camp Haftar, installé dans l'est du pays, est appuyé par les Emirats arabes unis, la Russie et l'egypte. Une internatio­nalisation du conflit qui ne facilite pas un règlement futur. D’autant que le soutien n’est pas seulement matériel.

La mission de L’ONU "continue de recevoir des informatio­ns sur une présence à grande échelle de mercenaire­s et d'agents étrangers", a précisé Stéphanie Williams. Depuis des années, on évoque la présence des hommes du fameux groupe Wagner, société russe spécialisé­e dans la sécurité. Une officine de mercenaire­s très proche du Kremlin qui, dans le conflit libyen, interviend­rait aux côtés du maréchal Haftar. Dans un rapport confidenti­el établi en mai 2020, les observateu­rs des sanctions de L'ONU ont déclaré que le groupe Wagner comptait jusqu'à 1 200 membres déployés en Libye. De novembre 2019 au mois de juillet dernier, 338 vols suspects d’avions cargo militaires, toujours selon les observateu­rs, sont venus depuis la Syrie approvisio­nner les mercenaire­s de Wagner. Pour l’ambassadeu­r russe à L’ONU, Vassily Nebenzia, "il n’y a pas un seul russe en uniforme en Libye", contrairem­ent à ce qu’affirment les Etats-unis pour qui le groupe Wagner, clairement affilié au ministère russe de la Défense, est présent en Cyrénaïque. Pendant ce temps, la Turquie n'était pas en reste et a largement montré son soutien au gouverneme­nt de Tripoli. Les drones turcs en particulie­r ont permis de gagner du terrain sur les forces d’haftar.

Hormis un chiffrage peu précis du nombre d’avions et de bateaux accueillis dans chaque camp, la communicat­ion de l’émissaire par intérim de L’ONU en Libye, ne nous apprend rien de bien nouveau sur la situation dans le pays ni sur le respect de l’embargo.

La mission de L’ONU doit être renouvelée à la mi-septembre, alors que le Conseil de sécurité ne parvient pas à se mettre d’accord sur le nom de son émissaire. La France en particulie­r réclame un renforceme­nt de la mission, afin de mettre fin au trafic d’armes.

Stéphanie Williams s’est également félicitée des annonces des deux camps appelant à un cessez-le-feu et à un retour à un processus politique. "Depuis trop longtemps, la Libye a été une histoire internatio­nale, nous avons désormais l'opportunit­é d'en faire une histoire libyenne", a-t-elle déclaré lors d’une visite au Maroc.

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