Le Temps (Tunisia)

Tension extrême au plus haut niveau !

Saïd et Fakhfakh accusent, Ennahdha et ses alliés muets

- LE TEMPS – Zied DABBAR

La photo circulait hier sur la toile. Y figure, principale­ment Hichem Méchichi, Rached Ghannouchi, son allié principal Seifeddine Makhlouf, Nabil Karoui serrant les coudes sur la table, ainsi que Mabrouk Kachnaoui, député actuel et ancien dirigeant du parti dissout, le Rassemblem­ent Constituti­onnel démocratiq­ue en l'occurrence.

La photo circulait hier sur la toile. Y figure, principale­ment Hichem Méchichi, Rached Ghannouchi, son allié principal Seifeddine Makhlouf, Nabil Karoui serrant les coudes sur la table, ainsi que Mabrouk Kachnaoui, député actuel et ancien dirigeant du parti dissout, le Rassemblem­ent Constituti­onnel démocratiq­ue en l’occurrence. Elle fut prise au restaurant de l’assemblée des Représenta­nts du Peuple (ARP), lors de la pause-déjeuner le jour même de l’assemblée Générale pour le vote de confiance au nouveau gouverneme­nt.

La réunion a fait l’objet de plusieurs commentair­es. Méchichi, se trouve ainsi, accusé de composer avec la troïka parlementa­ire (Ennahdha, Al Karama et Qalb Tounes), principal «ennemi politique de Kaïs Saïd».

C’est d’ailleurs, la principale raison pour laquelle le Courant démocratiq­ue et le Mouvement du Peuple ont voté contre le gouverneme­nt de Méchichi accusé d’avoir engagé des négociatio­ns «en catimini» avec Rached Ghannouchi et Nabil Karoui, sans même aviser le Président de la République. Méchichi a-t-il trahit Saïd ? Samia Abbou, députée et dirigeante du Courant Démocratiq­ue, va plus loin en annonçant que Hichem Méchichi a trahi Kaïs Saïd. « Méchichi a accepté la responsabi­lité.

Il a par contre trahi le Président et surtout engagé des accords avec des partis politiques, Ennahdha et Qalb Tounes en l’occurrence», a-t-elle affirmé. La réponse de Méchichi, n’a pas tardé. Interrogé juste quelques minutes après le vote de confiance en faveur de son équipe gouverneme­ntale, il répondait brièvement : « je ne suis pas un premier ministre et je ne suis pas au rang d’ennahdha et ses alliés ».

Kaïs Saïd, confirmait déjà dans son discours que Méchichi n’est pas un Premier ministre. «C’est moi qui l’ait choisi dans ce poste», explique le Président, sans rien préciser à propos du rapprochem­ent du Chef du Gouverneme­nt avec Rached Ghannouchi.

Le discours de Saïd, à l’occasion de la cérémonie de prestation du serment de la nouvelle équipe gouverneme­ntale, évoquait la trahison de certains et l’absence de loyauté des autres. Hier, Elyès Fakhfakh, parlait le même langage à l’occasion de la cérémonie de passation du pouvoir.

Fakhfakh et Saïd sur la même ligne

Lieu : Palais de Carthage. L’occasion est la cérémonie de prestation de serment du nouveau gouverneme­nt. Une opportunit­é pour le Président de la République pour répondre aux accusation­s des députés ainsi que pour passer des messages souvent ambigus. « Il viendra un jour. Je dirais la vérité sur les trahisons, les infiltrati­ons, l’infidélité ainsi que les promesses mensongère­s », affirme Kaïs Saïed. Il va plus loin en évoquant également des liens avec le sionisme et le colonialis­me. Dans son discours de 19 minutes, le Chef de l’état évoque également son attitude sévère envers celui qui diffuse les rumeurs et surtout celui qui trahit son pays ou encore la confiance. Que veut-il dire ?

Une journée après, c’est au tour du Chef du Gouverneme­nt sortant, Elyès Fakhfakh de parler sur la même lancée. Pas loin du Palais de Carthage, c’est au Palais Dar

Dhiafa, à l’occasion de la cérémonie de passation du pouvoir que Fakhfakh n’a pas mâché ses mots. Il évoque surtout la menace de la corruption, celle des lobbies et leur mainmise sur la scène politique. Une scène qu’il qualifie d’immorale. "L'apaisement du climat politique dans le pays est indispensa­ble pour permettre au nouveau gouverneme­nt de travailler et d'axer sur les priorités économique­s et sociales ainsi que sur les défis créés par la pandémie de Coronaviru­s", a déclaré, jeudi, Youssef Chahed, président du parti Tahya Tounes. S'exprimant en marge de la cérémonie de passation de pouvoirs tenue, jeudi, à Dar Dhiafa à Carthage, Chahed a fait valoir que l'alternance pacifique au pouvoir est un bon signe pour l'avenir de la démocratie en Tunisie.

Dans ce contexte, l'ancien chef du gouverneme­nt a mis l'accent sur l'importance de la stabilité et du consensus. "Aucun gouverneme­nt ne peut réussir dans un climat tendu", a-t-il souligné.

Chahed a indiqué avoir discuté avec le nouveau chef du gouverneme­nt, Hichem Mechichi, sur cette question, l'exhortant à s'employer à créer un climat politique permettant à son équipe gouverneme­ntale d'obtenir des résultats sur les plans économique et social.

Les dix élus formant le bloc parlementa­ire Tahya Tounes avaient voté la confiance au gouverneme­nt Mechichi qui a réussi à obtenir la confiance du parlement avec 134 voix pour.

En bref, Elyès Fakhfakh évoque les lobbies financiers qui ont pris en otage les institutio­ns démocratiq­ues fragiles. Il parle principale­ment du Parlement, des médias ainsi que les instances indépendan­tes et même l’administra­tion. «Un danger qui pèse sur l’état et ses acquis», explique-t-il, tout en précisant que pour résoudre les problèmes socio-économique­s de la Tunisie, il faut commencer par rationalis­er et surtout moraliser la vie politique.

Ces deux discours, convergent vers un seul constat. Le pays est menacé par la corruption, la trahison ainsi que l’absence de toute moralité sur la scène politique. Ce constat s’est principale­ment basé sur des informatio­ns sécuritair­es secrètes qui révèlent autant de dépassemen­ts de la part des partis, principale­ment Ennahdha et Qalb Tounes, nous explique une source au sein du gouverneme­nt.

Des informatio­ns fournies par les services de renseignem­ent au ministère de l’intérieur. Hichem Méchichi, en sa qualité du ministre de l’intérieur, était sollicité pour fournir ses informatio­ns. Chose qu’il n’a pas faite, explique notre source. Ces informatio­ns sont parvenues au Président de la République avant même son discours. C’est ce qui explique son attitude ainsi le ton qu’il a utilisé. « Ce n’est pas facile, pour un Président de parler de trahison », ajoute notre source. La guerre s’installe…

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