Saïed en voie de marginalisation avancée
Entre populisme et manque de vision politique
Ce mardi 1er septembre 2020 entrera dans les annales surement, mais pas à cause du vote de confiance du 3ème gouvernement de la première année de la législature. Il entrera dans les annales comme le jour où un parlement a consacré une séance plénière à stigmatiser les agissements d'un président de la République devenue l'ennemi numéro un des parlementaires de tous les bords !
Ce mardi 1er septembre 2020 entrera dans les annales surement, mais pas à cause du vote de confiance du 3ème gouvernement de la première année de la législature. Il entrera dans les annales comme le jour où un parlement a consacré une séance plénière à stigmatiser les agissements d’un président de la République devenue l’ennemi numéro un des parlementaires de tous les bords !
Ils se sont presque tous lâchés contre Kaïs Saïed et ils ont tirés à boulets rouges sur sa gestion de cette nouvelle séquence de changement de gouvernement. Il faut dire que les informations officielles et des coulisses ont alimenté tous les phantasmes déjà nombreux contre le Président et sa gestion de la chose publique !
Le président qui avait semblé faire de Méchichi son cheval de bataille contre les partis politiques et qui devait former et commander un gouvernement de choc non-partisan pour cet épisode, aurait fait au dernier moment volteface et appelé les partis (pas tous quand même, mais y compris Ennahdha) à appliquer l’article 100 de la constitution pour remplacer Elyès Fakhfakh à la tête du gouvernement et faire échouer Méchichi en promettant de na pas dissoudre le parlement !
Cette démarche a fait l’effet d’une douche froide chez les partis qui, évidemment, n’ont aucune confiance envers Saïed. L’avocat et ancien juge administratif Ahmed Souab, qualifie cette démarche de « folie constitutionnelle » et « d’absurdité politique » ce qui constitue selon lui un sujet d’inquiétude sur l’avenir !
Kaïs Saïed n’est pas à son premier coup dans cette démarche d’absurdité politique. Le populisme dont sont accusés certains partis comme la Coalition El Karama est l’essence même de la démarche du Président de la République. Dans son acception générale actuelle le mot populisme désigne une approche politique qui a tendance à opposer le peuple aux élites politiques, économiques ou médiatiques. Saïd n’en rate jamais l’occasion et les exemples sont nombreux. Il est admis que le populisme se fonde sur l’étalage d’une méfiance tapageuse contre les élites (partis, députés, fonctionnaires), contre un prétendu système caché (théorie des complots et de chambres noires maintes fois évoquées par Saïed) qui trahirait les intérêts fondamentaux du peuple et accessoirement contre des entités ou de mouvances non définies, de préférence étrangères.
Pendant les quelques mois de sa présidence il nous a longuement servi ce discours vide et pompeux en revenant toujours à ces fixations sans jamais arriver à quelque chose de concrets dans ce qu’il fait. Le clash avec Méchichi ne va pas s’arrêter et bientôt et nous reviendrons probablement à une guéguerre déjà vécu entre BCE et Chahed. Et rebelote ! La famille, le palais et d’autres, vont encore se révéler comme s’est révélé le rôle bizarre et disproportionné que Nadia Akacha, directrice du cabinet présidentiel et totalement anonyme politiquement dans la composition du gouvernement Méchichi.
Pendant ce temps-là, avec la situation de crise économique, politique et sociale que nous vivons, l’absence d’une vrai politique à la tête de l’etat se fait sentir de plus en plus. Une poignée d’individus bloquent le pétrole et le gaz à Tataouine et bafoue l’etat depuis deux mois. Plus de 13 ambassades, dans des pays clés pour nos relations extérieures sont à pourvoir depuis des mois. La Cour constitutionnelle est bloquée, et nous sommes totalement absent de la scène libyenne où se joue une partie de notre avenir ! Kaïs Saïed est aux abonnés absents. Il va peut-être bien y rester bien longtemps.