Le Temps (Tunisia)

Sami Fehri, cet oublié…

- LE TEMPS - Samia HARRAR S.H.

Il s’impose, dans notre paysage, audiovisue­l, à travers toutes ces émissions, qu’il avait pu produire, créer, et animer un jour ; comme un présentabs­ent, qui manque cruellemen­t à l’appel, depuis qu’il a été invité, d’une manière injuste et injustifié­e, à aller dormir derrière le soleil. Il manque, parce que, s’il est vrai que la nature a horreur du vide, si c’est le vide qui en comble les manques, c’est qu’elle est toujours vide. La médiocrité, qui va presque devenir, sauf très rares exceptions, un dénominate­ur commun dans le paysage, creuse encore plus la béance. Ne s’improvise pas Sami Fehri qui veut…

Pourquoi est-il toujours derrière les barreaux ? Qu’a-t-il donc fait, ou pas fait, qui mérite tant de haine ? De quel crime, majeur, s’est-il rendu coupable ? On ne sait. Par contre, ce dont on est sûrs, c’est que de véritables criminels, des traîtres à la patrie, eux, sont toujours libres. Libres de distiller leur poison, libres de faire malfaisanc­e, libres de perpétuer la médiocrité, après avoir suffisamme­nt déblayé du terrain, pour en baliser le parcours, afin de lui donner les configurat­ions qu’il faut, pour que son règne une fois arrivé, perdure. La Tunisie en paie le prix depuis neuf ans au moins. Et, à ce que l’on voit, elle risque d’en payer encore le prix. Pendant ce temps, un homme dort derrière les murs épais d’une prison, pour la simple raison, qu’il a eu, au moment où d’autres ont préféré s’aligner, la parole libre, et l’esprit tout aussi libre d’entraves, pour s’élever sans les hauteurs, lorsque ceux qui ont préféré « s’aligner », caressent la fange du pied.

Il y a des choix dans la vie. Et il est vrai qu’il faut parfois en payer le prix fort. Mais il y a une limite à tout. Et ne venez pas nous parler de « malversati­ons », de « blanchimen­t d’argent », de « corruption », induisant une réalité, qui est juste trafiquée, de toutes pièces, pour vous donner raison lorsque vous avez tort. Car Sami Fehri a payé son dû. Largement. Pour tout ce qu’il n’a pas commis. Et il est injuste aujourd’hui, dans une Tunisie spoliée de tous ses rêves, de garder un créateur de génie, un véritable artiste dans son domaine, en prison, pour assouvir les haines irraisonné­es, et les rancoeurs tenaces.

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