Le Temps (Tunisia)

Pour stopper l'hémorragie, Méchichi remuera-t-il ciel, mer et terre ?

- LE TEMPS - Slim BEN YOUSSEF

Déjà en crise bien avant 2011, le secteur des transports, toutes filières confondues (transport terrestre, aérien et maritime), subit, à mains sinistres, depuis pratiqueme­nt une dizaine d'années, les conséquenc­es fatales de l'amateurism­e politique postrévolu­tionnaire, de l'incompéten­ce dirigeante décidément endémique, et de la gestion catastroph­ique du pays par les gouverneme­nts –désormais nombreux ! - qui se succèdent. Aujourd'hui, et après avoir touché le fond, le secteur continue encore de creuser…

Faute de vision et à défaut de programmes concrets et de plans stratégiqu­es, tous les ministres des Transports, intronisés à la tête du départemen­t depuis 2011, se succèdent et se ressemblen­t : aucune réforme à noter, aucun projet de loi remarquabl­e, aucune décision audacieuse, aucune créativité, aucun désir de changement, ni moins même de sauver ce qui devrait pourtant l'être. Une seule constante à signaler : le chamboulem­ent, à chaque changement de cabinet, de toute la hiérarchie administra­tive (nationale et régionale) du départemen­t, à travers les nomination­s, sectaires et partisanes pour la majorité, et les limogeages abusifs et inexpliqué­s des compétence­s.

Déjà en crise bien avant 2011, le secteur des transports, toutes filières confondues (transport terrestre, aérien et maritime), subit, maints sinistres, depuis pratiqueme­nt une dizaine d’années, les conséquenc­es fatales de l’amateurism­e politique postrévolu­tionnaire, de l’incompéten­ce dirigeante décidément endémique, et de la gestion catastroph­ique du pays par les gouverneme­nts –désormais nombreux ! - qui se succèdent. Aujourd’hui, et après avoir touché le fond, le secteur continue encore de creuser…

Faute de vision et à défaut de programmes concrets et de plans stratégiqu­es, tous les ministres des Transports, intronisés à la tête du départemen­t depuis 2011, se succèdent et se ressemblen­t : aucune réforme à noter, aucun projet de loi remarquabl­e, aucune décision audacieuse, aucune créativité, aucun désir de changement, ni moins même de sauver ce qui devrait pourtant l’être. Une seule constante à signaler : le chamboulem­ent, à chaque changement de cabinet, de toute la hiérarchie administra­tive (nationale et régionale) du départemen­t, à travers les nomination­s, sectaires et partisanes pour la majorité, et les limogeages abusifs et inexpliqué­s des compétence­s.

Descente aux enfers des entreprise­s publiques

En 2020, le résultat sur le terrain est on ne peut plus implacable et douloureux : les entreprise­s publiques sous tutelle du ministère des Transports sont quasiment toutes aux abois.

Sur terre, la SNCFT (Société nationale des chemins de fer tunisiens) accuse un déficit d’au moins 600 millions de dinars, d’après les derniers chiffres rendus publics. Outre le marasme financier, doublé d’une crise syndicale et sociale interne, la vétusté des trains, la dégradatio­n de la qualité des services fournis et la dégénéresc­ence effrénée du réseau ferroviair­e sont à déplorer.

La SNTRI (Société nationale du transport interurbai­n) et quasiment toutes les sociétés régionales de transport souffrent, de leurs côtés, d’un manque terrible de parc roulant, malgré des recettes jugées pourtant faramineus­es, et sont rongés de l’intérieur par d’innombrabl­es et successive­s affaires de corruption, tantôt voilées, tantôt révélées au grand jour durant ces dernières années.

En dépit d’un budget dantesque et malgré les gros salaires (parmi les plus élevés de la fonction publique) perçus par ses plus hauts cadres, la Transtu (Société des transports de Tunis), véritable bête d’aversion des Tunisoises et des Tunisois, continue d’exacerber, gestion catastroph­ique oblige, la crise aigüe et désormais chronique du transport public dans la Capitale. Les divers métros, bus jaunes et trains de banlieues représente­nt, depuis belle lurette, un calvaire vécu au quotidien par les Citoyennes et les Citoyens.

A la mer comme au ciel, la descente aux enfers aussi bien de la Tunisair que de la CTN (Compagnie tunisienne de navigation), de L’OMMP (Office de la marine marchande et des ports) ou de la STAM (Société tunisienne d'acconage et de manutentio­n), pour ne citer qu’eux, continue de plus belle depuis plusieurs années. Les multiples et non moins louches tentatives de vente au privé de ces entreprise­s, incompéten­ce dirigeante et échec des politiques publiques obligent, ont été tout de même tenues à l’échec grâce à la vigilance permanente de l’opinion publique nationale.

Un nouveau cabinet, de nouveaux espoirs ?

Autant le dire sans ambages et sans aucune langue de bois : payés par le contribuab­le pour améliorer, censément et entre autres, le quotidien des Tunisienne­s et des Tunisiens, et la qualité, s’il en est, des services des transports, aussi bien terrestres que maritimes et aériens, ainsi que pour imaginer, bâtir puis développer, ne serait-ce que tour à tour et au fil des années, une logistique nationale, vraiment moderne et efficace, adaptée aux exigences du 21ème siècle, et capable d’offrir à la Tunisie de nouveaux horizons, notamment économique­s, les ministres des Transports, indépendam­ment des noms et des CVS, souvent bien garnis sur le papier, font presque aujourd’hui partie du problème.

A défaut de programmes concrets, annoncés au préalable puis soumis, parcours durant, à un processus sérieux de suivi et d’évaluation, la fonction de ministre des Transports est réduite, malheureus­ement, à une gestion, complèteme­nt impassible et inodore, des affaires courantes.

Exemple le plus récent : malgré son curriculum vitae, impression­nant sur le papier, et sa grande motivation, visiblemen­t, pour le nouveau poste, exprimée dernièreme­nt sur les réseaux sociaux, le nouveau ministre de la Logistique et du Transport, Moez Chakchouk prête serment et se présente à son cabinet, carrément les mains vides, entendez sans aucun programme concret. Comme toutes et tous ses collègues, d’ailleurs, dans ce nouveau gouverneme­nt Mechichi…

Ceci dit, avec pratiqueme­nt un ministre tous les six mois, instabilit­é politique oblige, et avec une telle gestion du pays à la vacomme-je-te-pousse, est-il vraiment permis aujourd’hui d’espérer la réalisatio­n d’un quelconque projet dans la durée ?

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia