Un visage de la France actuelle
‘’Les Sauvages’’ est une saga familiale créée par Sabri Louatah, jeune auteur, qui s'est fait connaître grâce à la turbulente famille Nerrouche.
Il y raconte la vie de sa famille à Saint Etienne et les élections présidentielles où pour la première fois en France un candidat d'origine algérienne, Kabyle Chaouch, est présenté comme favori.
Entre politique et vie familiale, Sabri Louatah présente aux lecteurs un visage de la France actuelle. Son écriture rythmée nous entraîne dans le quotidien de Krim et sa famille. Drôles, touchants et parfois violents, le livre qui se présente en quatre volumes est un petit bijou de la littérature contemporaine qui emporte le lecteur à chaque page dans le quotidien d’une famille maghrébine attachante.
Connaissez-vous la famille Nerrouche ? Si vous n'avez pas encore eu l'occasion de vous familiariser avec leur arbre généalogique pour le moins labyrinthique, il est temps d’y plonger! Dans sa saga Les Sauvages, Sabri Louatah met en scène cette famille kabyle caricaturale et résolument attachante, en la plaçant au coeur d'un tragique complot visant le candidat socialiste à la présidentielle, Idder Chaouch, qui, comme son nom l'indique, serait le premier président arabe de la République française. Dans cette famille Nerrouche donc, ils sont très nombreux, ils parlent fort, ils ne sont d'accord sur rien, ils placent des mots en kabyle dans toutes leurs phrases, ils sont affectueux, et s'adorent tous les uns les autres (ou presque). Entre Rabia, qui parle tout le temps, son fils Krim qui fume des joints et fait des conneries avec Gros Momo, Fouad l'acteur de télévision faisant la fierté de la famille, et la mémé qui tire les cartes aux voisines, on est servis. Chacun y va de sa petite magouille, entrainant sans le savoir la grande catastrophe finale. Cette famille a beau être haute en couleur et caricaturée à l'excès par l'auteur, il réussit l'exploit de ne jamais tomber dans le péjoratif et les raccourcis faciles, donnant une épaisseur appréciable à chacun des personnages, aussi nombreux soient-ils.
Réutilisant des mécanismes de série télévisée, Sabri Louatah parvient à nous maintenir en haleine pendant l'ensemble des quatre tomes de sa saga, ce qui n'est pas une mince affaire. Par son écriture graphique et la vivacité des dialogues, il nous donne l'impression de vivre littéralement l'histoire à côté des personnages, totalement immergés.
Le quotidien mouvementé d’une famille nombreuse
Un samedi de mai, à Paris. Sur les affiches et les écrans, un visage souriant promet à la France que « l’avenir, c’est maintenant ». Pour la première fois, le favori de la présidentielle est un candidat d’origine algérienne.
Le même jour à Saint-étienne. Dans la turbulente famille Nerrouche, c’est la fièvre des préparatifs de mariage. On court, on s’engueule, on s’embrasse… Mais le jeune Krim, témoin du marié, ne cesse d’aller et venir, en proie à une agitation croissante dont personne ne comprend la cause.
Est-ce l’atmosphère de malaise entourant l’alliance entre un Kabyle et une Arabe ? La rumeur selon laquelle le jeune époux est homosexuel ? Ou bien est-ce le flot de SMS que Krim reçoit de son mystérieux cousin ?
En vingt-quatre heures seulement, tous les fils se nouent et se dénouent : la collision entre le destin d’une famille et les espoirs d’un pays devient inévitable.
L’ambition et la fluidité de l’écriture des Sauvages, avec son étonnante galerie de personnages tour à tour émouvants et drôles, terrifiants et tragiques, l’apparente à la grande tradition romanesque du XIXE siècle. Son sens aigu de la narration et du rythme le rapproche des séries américaines les plus modernes. Les Sauvages se lit d’une traite, jusqu’à sa fin spectaculaire.
Un mariage maghrébin
La première partie du roman est centrée sur la famille Nerrouche, et l'auteur décrit vraiment bien ce mariage, bien sûr c'est un peu caricaturé mais pas tant que ça, je me suis prise à sourire, voire rire, quelques fois en reconnaissant des situations et/ou des conversations qu’on a l’impression d’avoir déjà vécues.
Dans le premier volume, tout tourne autour d'une famille, la famille Nerrouche, entre le petit cousin, Krim qui ne sait pas trop où il en est. Slim, celui qui se marie pour cacher un secret honteux. Fouad, l'acteur qui a réussi et qui en impose.
Nazir, le tabou qui occupe toutes les pensées. Nous avons ici mélangé, plusieurs générations, plusieurs personnes différentes les unes des autres. Au début, emmagasiné tous les noms, situés tous les personnages sur un arbre généalogique, c'est assez compliqué. Mais plus on tourne les pages, plus les personnages récurent imprègnent nos pensées, on a nos préférés, on se demande comment le tout va évoluer. Les chapitres sont divisés en parties, et à chacune d'entre elles, on alterne de point de vus, de lieux, on voir la situation sous un angle différent alors qu'on suit un même ensemble.
Nous avons un patchwork vraiment réussi, on sent la tension naître dans des groupes, s'essoufflée, renaître.
Ce livre est très prenant, d'autant plus lorsqu'on arrive dans la seconde partie (le livre 2) lorsque l'enquête commence et que la course contre la montre prend vie. Entre les pourris et ceux qui se battent et font du mieux qu'ils peuvent pour garder la tête hors de l'eau, on lit en se demandant comment toute cette situation va évoluer !
Dans la deuxième partie, l'histoire est plus centrée sur l'enquête, l'auteur décrit cela aussi bien que quand il décrit la famille Nerrouche et le mariage, on sent qu'il s'est bien renseigné sur les arcanes du pouvoir. On est happé par la manière dont l'enquête se déroule, en découvrant les rouages de la police et de la justice. C'est un roman passionnant, qui n’évite pas pourtant certains clichés, mais on en veut plus, on veut voir l'évolution de tout ce petit monde, on veut savoir comment cela va finir.
Avec Les Sauvages, Sabri Louatah nous raconte une histoire tellement proche de la réalité que l'on se prend à croire que si on allume la télé ou la radio on va entendre parler du candidat favori de la présidentielle et de la famille Nerrouche.