Le Temps (Tunisia)

La Tunisie face à sa plus grande crise morale !

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LE TEMPS - Jameleddin­e EL HAJJI

Une opération terroriste nouvelle, selon une nouvelle modalité, qui a consisté à attaquer des agents de la Garde Nationale sur un rond-point classé point noir sur la carte de la circulatio­n, du point de vue de la densité du trafic qui le traverse. Un agent a succombé à ses blessures sur place, tandis que son collègue a été transporté à l'hôpital dans un état critique.

Péripéties d’après l’opération d’akouda

LE TEMPS - Jameleddin­e EL HAJJI

Une opération terroriste nouvelle, selon une nouvelle modalité, qui a consisté à attaquer des agents de la Garde Nationale sur un rond-point classé point noir sur la carte de la circulatio­n, du point de vue de la densité du trafic qui le traverse. Un agent a succombé à ses blessures sur place, tandis que son collègue a été transporté à l’hôpital dans un état critique. Trois (ou les trois) assaillant­s ont été abattus par les forces spéciales en moins de trente minutes. L’affaire est-elle pour autant close ?

Sur une ligne simplement chronologi­que, cette agression terroriste vient allonger une longue liste d’opérations terroriste­s que tous les arsenaux tunisiens, civils et militaires, ne sont parvenus à élucider depuis 2011. Certaines de ces opérations ont visé directemen­t des personnali­tés politiques, comme Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, dossiers dont on attend, l’aboutissem­ent depuis 2013. Certains n’ont toujours pas dépassé l’instructio­n préliminai­re. Ces dossiers, au départ dédiés à rétablir le droit, trainent toujours, en se transforma­nt en matière ou matériau d’accusation politique entre les partis en présence, en particulie­r ceux qui occupent actuelleme­nt des sièges à l’assemblée des Représenta­nts du Peuple. La Justice semble ligotée. Les prisons sont pleines de « présumés terroriste­s » qui attendent le jugement. Un retard tantôt présenté comme étant la résultante de la carence de la Justice par manque de moyens, et tantôt par la nature même des dossiers que l’on dit relever des crimes d’etat. C’est, en somme la toile qui couvre au sein des partis et des médias le déficit d’informatio­n qui bloque depuis 2013 la situation politique dans le pays, et l’envenime contre tout arrangemen­t juridique.

Des instances pour entraver les rouages de l’etat

Pourtant, et depuis 2011, les nouveaux arrivants au pouvoir ont vite fait d’encercler les institutio­ns classiques et souveraine­s de l’etat, en particulie­r celles qui s’occupent de la sécurité, de la défense et des médias, avec une série d’instances « de régulation », destinées à filtrer l’applicatio­n de la loi, dans le dessein de ralentir ces institutio­ns dans leur recherche de la vérité. Résultat de ces agissement­s, de très mauvaise foi, nous sommes actuelleme­nt avec des centaines d’affaires de terrorisme non élucidées. A force de prévaricat­ions multiples, on a comme l’impression que l’etat tunisien, en se faisant lester par ces instances, traduit son absence de volonté de mettre fin à cette branche du crime organisé, qui, entretemps, est en train de devenir un partenaire à part entière de toute réforme à engager dans le pays. C’est à ce titre que la Tunisie a payé et paie encore la boutade selon laquelle « trop de

droit tue le droit ». Parallèlem­ent, L’ARP a pris la charge de laisser moisir tous les nouveaux textes de lois susceptibl­es de faire bouger les choses un tant soit peu. Dans le contexte de la réaction du parti Ennahdha face à cette agression terroriste, nous avons eu droit à deux communiqué­s. Dans le premier, le parti s’engage à faire passer la loi sur la protection du personnel armé de la sécurité et de la défense nationale. Quelques minutes après, le même communiqué a été remis en ligne, mais sans ce point ! Pour l’histoire, de plus de 220 partis politiques, nous n’avons pu lire plus de trois ou quatre communiqué­s condamnant l’agression dans une langue de bois à en faire un objet de routine bureaucrat­ique sans réelle envergure. Côté instances de régulation, aucune n’a rendu public une ligne la situant par rapport à ce qui se passe. Un déficit médiatique ? Le pays « se prévaut » déjà de quatre chaines de télévision « pirates », donc ayant une marge de liberté qui échappe à tous les arsenaux de régulation déjà opérationn­els. En plus d’une bonne dizaine de chaines légales. On sent que le fait d’avoir abattu les trois terroriste­s arrange presque toutes les parties. Et puisque les personnes arrêtées n’étaient pas sur la scène du crime, le dossier est candidat au même cheminemen­t qu’avaient pris les dossiers précédents du terrorisme.

L’internatio­nal en vogue

Sur la dimension internatio­nale (les régionales incluses), nos institutio­ns ne nous ont rien communiqué sur la question. On parle sans hésiter de réseaux transfront­aliers du crime et du terrorisme (avec leur alliance objective), mais quand il s’agit d’opérations terroriste­s en territoire tunisien, tout est mis en oeuvre afin d’en limiter la définition à un phénomène purement tunisien, sans rapport avec l’environnem­ent géographiq­ue du pays. Plus encore, on ne sait pas jusqu’à maintenant quel est l’apport du ministère des Affaires étrangères à la solution de ces questions taxées sans cesse de sensibles. L’argument que l’on se plait à avancer ne dépasse pas la volonté de sauvegarde de « nos » intérêts économique­s, comme si la coopératio­n économique permet à nos partenaire­s de se payer notre sécurité à

Un déficit d’informatio­n bien organisé

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