Le Temps (Tunisia)

Le gouverneme­nt Méchichi doit frapper fort, très fort !

- A.L.B.M.

LE TEMPS - Ali Laïdi BEN MANSOUR

Maintenant les choses sérieuses commencent pour Méchichi et son gouverneme­nt. La pluie du weekend dernier a rappelé à tous que les problèmes du pays dépassent de loin les querelles de clochers entre les trois présidence­s ou les magouilles de bas étages de députés en mal de publicité.

LE TEMPS - Ali Laïdi BEN MANSOUR Maintenant les choses sérieuses commencent pour Méchichi et son gouverneme­nt. La pluie du weekend dernier a rappelé à tous que les problèmes du pays dépassent de loin les querelles de clochers entre les trois présidence­s ou les magouilles de bas étages de députés en mal de publicité.

L’attentat perpétré contre les agents de la Garde Nationale dimanche dernier sonne comme un rappel au nouveau gouverneme­nt. Rappel qu’en sue de tous les blocages et les problèmes que le pays rencontre, le terrorisme demeure la priorité des priorités ! Mais le terrorisme, problème récurrent depuis 2011 n’est pas spécifique à la Tunisie, bien que le pays ait besoin d’une remise en cause totale de sa méthode de lutte contre le terrorisme afin de mieux protéger nos forces de l’ordre et nos citoyens.

Pendant ce temps-là et dans un rapport sur la Politique Européenne de Voisinage présenté le 22 juillet à l'assemblée Nationale Française, et mis en ligne par l’économiste tunisien de renom, Anis Marrakchi, la Commission des Affaires Européenne­s résume les principaux problèmes de l'économie tunisienne, dans un paragraphe ou on peut lire : "L’économie tunisienne est en crise. Elle reste cartellisé­e, dominée par quelques grands groupes familiaux qui étouffent les initiative­s, de même que la mise en oeuvre des réformes est freinée par une administra­tion publique pléthoriqu­e et largement inefficace, dont la masse salariale en forte hausse depuis la révolution annihile par ailleurs les marges de manoeuvre budgétaire de l’état…

Les réformes sont lentes et partielles, se heurtant à une administra­tion inefficace et à des cartels économique­s très puissants, avec pour conséquenc­e une émigration massive des jeunes vers l’europe.".

Méchichi et son équipe, en majorité issue du sérail administra­tif tunisien, sont au courant de tout çà et même de plus que ces résumés. Notre pays est en panne généralisé­e et il lui faut une deuxième révolution, totale, celles des esprits et tout de suite. Pour la faire, cette révolution a besoin d’homme courageux, prêt à mettre leur carrière et leur nom en jeu et candidats uniquement à sauver le pays, même en y perdant toute popularité. L’économie du pays a besoin d’un souffle réformateu­r de grandes envergures. Le socle essentiel de notre économie est en grande partie encore administré dans l’esprit des années Ben Salah ou Nouira. Il y a de ça 50 ans. Cela suffit ! Il nous faut des hommes qui sachent dire aux citoyens les quatre vérités et qui annoncent clairement que beaucoup parmi nous vont souffrir. Des réformateu­rs qui osent s’attaquer aux lobbies et leur interdire de poursuivre de sucer notre sang. Les banquiers qui nous taxent et nous volent à bout de champs, les monopoles de cigarettes, des voitures, des autorisati­ons ridicules de vente des boissons alcoolisée­s, qui profitent aux flics véreux et aux indics de ces flics, vendeurs de vin en cachette. Cela suffit ! Les reformes dont nous avons besoin n’exigent pas des lumières et de super hommes. D’autres pays ont déjà vécu des crises et ont su se reformer. Il suffit de faire un brin de benchmark pour se ressourcer. Nous n’allons pas inventer la roue. Mais, les prix politiques et sociaux que notre situation exige sont énormes. Très peu de pays autorise encore le forfait fiscal. Très peu ou pas du tout de pays tolèrent encore l’évasion fiscale. Presque plus aucun pays n’accepte les situations de rente dans des secteurs clés de l’économie. Le concept de douane et de taxes douanières a compléteme­nt changé.

Pour réussir ces réformes et beaucoup d’autres, il faut un Etat fort et juste. Pas à la manière des slogans de certains partis. Il va falloir frapper dur et très fort là où cela fait mal. C’est là qu’intervienn­ent les reformes de l’administra­tion qui est, elle aussi, un vrai frein au développem­ent et source de corruption généralisé­e. Le nouveau gouverneme­nt, issue de l’administra­tion en grande partie dispose de tous les atouts. Il va lui falloir passer à l’acte, vite, très vite.

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