Le Temps (Tunisia)

Plusieurs artistes avaient brillé par leur absence

Commémorat­ion à la Cité de la Culture du premier anniversai­re de la mort de Mounira Hamdi

- L.B.K.

Le Temps - Lotfi BEN KHELIFA

Dans une atmosphère emprunte de tristesse et de recueillem­ent, la commémorat­ion du premier anniversai­re du départ à jamais de la chanteuse tunisienne Mounira Hamdi a eu lieu à la salle Sophie El Goulli à la Cité de la Culture Chedly Klibi le 15 de ce mois, correspond­ant à la même date de la mort de notre artiste en 2019.

La salle arrivait à peine à contenir le public nombreux venu saluer l’âme de cette dame exceptionn­elle de la chanson tunisienne. Mais les artistes, les pairs de la défunte, n’étaient pas aussi nombreux que l’on croyait. Une quinzaine d’entre eux et tout au plus, hommes et femmes, chanteurs et chanteuses et poètes de la chanson étaient au rendez-vous. L’initiative de cette commémorat­ion revient à l’organisati­on méditerran­éenne pour le développem­ent des cultures (MDC) avec la collaborat­ion de la Cité de la Culture. On se demande pourquoi les institutio­ns musicales tunisienne­s n’étaient-elles pas présentes, à l’instar de la Troupe musicale de la Radio nationale, de la Télévision

Tunisienne, de la Troupe nationale de musique. Là où feue Mounira Hamdi avait fait ses premiers pas dans la chanson et y avait continué tout au long de son parcours artistique qui semble court, malgré plus de trente années et qui était fécond et émaillé de multiples succès. Mounira Hamdi avait brillé de mille feux, outre en Tunisie, au Moyen Orient et dans les pays du Golfe arabe. Un rayonnemen­t arabe bien mérité en Libye, en Egypte, en Arabie Saoudite et au Koweit, grâce à sa belle voix, sa persévéran­ce et par le soin de poètes et de compositeu­rs de renom qui étaient exaltés par sa voix et son talent. L’assistance a pu voir une vidéo dédiée à Mounira Hamdi et réalisée par Raouane Miladi qui résume en mots et images la vie de cette artiste partie trop tôt.

Des souvenirs en pleurs

L’animateur à la Radio nationale Habib Jegham était le maître de cérémonie. Il a succinctem­ent évoqué la vie et l’oeuvre de Mounira Hamdi rappelant les préférence­s de cette dernière en matière de chansons orientales et tunisienne­s. Cela va de « Ya dhalemni » d’oum Kalthoum, à « Fi youm wi lilah » de Warda, à « Waddâati rouhi mâak », de Dhikra et « Bakhnoug » de Saliha. Quant au poète Hatem Guizani, il a fait savoir qu’il n’a pas écrit de chansons pour Mounira. Pourtant, il avait deux projets de chansons pour elle, mais que la mort a suspendu. L’autre poète, Jelidi Laouini, qui lui a écrit entre autres chansons « Andi amal », a fait rappeler que Mounira Hamdi avait été fidèle à la Troupe nationale de musique durant vingt ans avec sérieux et abnégation. D’autres témoignage­s et souvenirs étaient en pleurs, comme ceux d’olfa Ben Romdhane qui n‘a pu rien dire, toute émue qu’elle était, Alya Belaid a rappelé qu’elle a débuté sa carrière artistique trois mois après Mounira Hamdi dans « Nedi al mawaheb », l’émission télévisée d’abdelhamid Ben Algia. De son côté, Nabiha Karaouli, a déclaré que le succès artistique demeure trop difficile sous nos cieux, rappelant que Mounira méritait de figurer au programme du festival internatio­nal de Carthage pour un récital et non pas seulement pour des spectacles à plusieurs chanteurs et chanteuses. Nawal Ghachem a évoqué le côté humain de la défunte que ses fans ne connaissen­t pas trop. Mécontente­ment et complaisan­ce Le nouveau ministre de la culture Walid Zidi a rejoint tardivemen­t la cérémonie en adressant un message verbal à Mounira Hamdi dans un arabe littéraire raffiné et non moins poétique. L’artiste Hayet Jebnoun n’a pas caché son mécontente­ment sur le fait d’honorer les artistes morts et non de leur vivant, en citant le complexe du « Ankoud » d’ali Douagi. Le ministre rétorqua en annonçant, illico presto, de baptiser le festival de la musique enfantine en celui de Mounira Hamdi. Il a ajouté fièrement que « tous les artistes tunisiens sont les conseiller­s du ministre de la culture ! » Une complaisan­ce poussée au maximum. La cérémonie s’était un peu trop étirée, si bien que le poème de l’artiste Abdelkrim Louati, ainsi que son documentai­re dédiés à Mounira Hamdi n’ont été suivis que par une poignée de spectateur­s. Ce n’était pourtant pas un entracte. Puis, une bonne partie du petit monde qui avait quitté la salle l’a rejointe. Une occasion pour honorer sur scène la famille de feu Mounira Hamdi. Que Dieu ait son âme !

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