Le Temps (Tunisia)

Le tribunal appelé à trancher sur la destitutio­n du président catalan

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Le Tribunal suprême espagnol s'est réuni hier à Madrid pour étudier le recours du président régional indépendan­tiste catalan, Quim Torra, contre sa condamnati­on pour désobéissa­nce qui, si elle était confirmée, entraînera­it sa destitutio­n. Le tribunal n'a pas indiqué quand il rendrait sa décision. A l'issue de l'audience qui s'est tenue à la mi-journée en présence de M. Torra, celui-ci a dénoncé un procès "aberrant et grotesque".

"L'etat veut destituer un président en exercice en plein milieu d'une pandémie et d'une crise monumental­e" pour avoir "revendiqué des droits fondamenta­ux avec une pancarte pacifique", a-t-il affirmé.

Condamné en décembre en première instance à un an et demi d'inéligibil­ité, le président de la "Generalita­t" a déjà laissé entendre qu'il pourrait ne pas respecter la sentence de la plus haute instance judiciaire espagnole.

L'affaire remonte à mars 2019. M. Torra avait alors refusé d'obéir aux ordres de l'autorité électorale, qui exigeait qu'il retire des emblèmes séparatist­es de la façade du siège du gouverneme­nt régional, pendant la campagne des élections législativ­es.

"Oui, j'ai désobéi", avait reconnu M. Torra lors de son procès. "Mais c'est parce qu'il était impossible d'obéir à un ordre illégal", avait-il ajouté, en se prévalant de la liberté d'expression.

Une confirmati­on de sa condamnati­on par le Tribunal Suprême, et la destitutio­n qui en découlerai­t, provoquera­ient une crise politique en Catalogne, où le mouvement indépendan­tiste est profondéme­nt divisé depuis l'échec de la tentative de sécession de 2017.

Les tensions entre le parti de M. Torra, Ensemble pour la Catalogne, et Gauche Républicai­ne de Catalogne (ERC), son partenaire au sein de l'exécutif régional, ont entraîné en janvier l'annonce d'élections régionales anticipées, mais aucune date n'a encore été fixée en raison de la pandémie.

Les répercussi­ons pourraient même s'étendre à la politique nationale, le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez ayant été reconduit au pouvoir en janvier grâce à l'appui D'ERC en échange de la mise en place d'un dialogue sur la crise catalane. Ce dialogue, interrompu depuis le début de la pandémie, devrait reprendre bientôt, a promis M. Sanchez.

En cas de rejet de son recours, M. Torra pourrait porter l'affaire devant le Tribunal constituti­onnel, mais cet appel ne serait pas suspensif et la destitutio­n serait donc effective.

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