Le Temps (Tunisia)

Libérez la vanne !

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Le Temps-yosr GUERFEL AKKARI

Le dossier El Kamour : une bombe socio-économique qui éclate en sanglots dans le Sud du pays, mettant à plat la production pétrolière et nos exportatio­ns en produits phosphatés et dérivés.

Le TEMPS- Yosr GUERFEL AKKARI

Le dossier El Kamour : une bombe socio-économique qui éclate en sanglots dans le Sud du pays, mettant à plat la production pétrolière et nos exportatio­ns en produits phosphatés et dérivés. D’ailleurs et pour la première fois de son histoire, la Tunisie de « l’après Révolution » a été contrainte d’importer un total de 500 mille tonnes de phosphate en provenance de l’algérie soit 40 mille tonnes par mois et ce pour assurer la continuité de la production d’engrais chimiques.

Les sociétés pétrolière­s internatio­nales crient leur désarroi et appellent le gouverneme­nt et le Président de la République à réagir pour stopper cette hémorragie et libérer la vanne. Les caisses sont vides, les compagnies pétrolière­s capitalise­nt les pertes et des centaines d’emplois risquent de partir en fumée. Aujourd’hui et après moult tergiversa­tions, la coordinati­on d’el Kamour daigne enfin reprendre le dialogue avec le gouverneme­nt Mechichi pour trouver une solution radicale à un dossier qui n’a que trop duré et traîne en longueur.

Bousculée par les multinatio­nales exacerbées et à bout de patience menaçant de plier bagage, Salwa Sghaier, la ministre de l’industrie, de l’énergie et des mines a rencontré la semaine dernière les premiers responsabl­es de la société tuniso-britanniqu­e ATOG (Anglotunis­ian oil and gaz), l’italienne ENI et l’autrichien­ne OMV.

OMV réduit de 60% les salaires de ses employés

Wilhelm Sackmaier, DG D’OMV Tunisie a insisté sur l’importance de la sécurisati­on des sites de production et appelé à prendre les mesures nécessaire­s, pour reprendre la production demeurée inerte depuis juillet à El Kamour, site de protestati­ons sociales virulentes qui ont sabordé le transport de phosphate et paralysé la production et l’exportatio­n. M.sackmaier a affirmé que la compagnie a essuyé de grosses pertes et a été contrainte de réduire de 60% les salaires de ses employés, appellant les partenaire­s locaux à rembourser leurs créances avant la fin de l’année en Cours. La ministre a pour sa part assuré que le dossier El Kamour fait partie des priorités de son gouverneme­nt lequel est en train de préparer une feuille de route consensuel­le de concert avec les parties prenantes. D’ailleurs, les autres compagnies pétrolière­s subissent le même sort. Les sites de production sont en arrêt et les pertes financière­s enflent. La Compagnie de phosphate de Gafsa contribuai­t, il faut le rappeler, à 4% du PIB national avec une capacité de production de 8 millions de tonnes en 2010 à 4,12 millions de tonnes en 2019, soit la moitié de la capacité productive de la compagnie. Pour pallier ce manque béant de liquidités, la direction générale de la CPG a pris la décision de recourir, d’une manière exceptionn­elle, à l’importatio­n de ce produit reconnu autrefois comme le joyau de la Tunisie qui se classait avant la Révolution parmi le top 5 mondial des exportateu­rs mondiaux du phosphate.

La CPG : des pertes cumulées de 760 millions de dinars depuis 2012

« Le directeur général du Complexe chimique tunisien, Abdelwaheb Ajroud, a expliqué que l’objectif derrière l’option d’importer le phosphate est de poursuivre la production à un niveau de pas moins de 75% de la capacité de production qui a chuté ces dernières années au niveau de 40%. Le responsabl­e a estimé que la situation dans laquelle se trouve le complexe en termes d’accumulati­on des pertes financière­s, estimées à 760 millions de dinars depuis 2012 ne peut se poursuivre. D’où la nécessité de trouver une autre source d’approvisio­nnement en phosphate, en plus de la compagnie de phosphate Gafsa (CPG) », rapporte l’agence TAP. En effet, la Compagnie de Phosphate Gafsa (CPG), avec des pertes financière­s de 480 millions de dinars (MDT) à fin 2019, n’est plus en mesure d’honorer ses engagement­s, notamment les charges patronales, ni s’acquitter des impôts.

Or la baisse des recettes a été accompagné­e par une hausse des charges notamment salariales. Les coûts de production de la compagnie sont passés de 48 dinars la tonne en 2010 à 197,6 dinars par tonne en 2019.Et pour cause : les recrutemen­ts abusifs et guère productifs. La masse salariale des agents de la compagnie et de la Société Tunisienne du transport des produits miniers et des sociétés de l’environnem­ent a augmenté pour absorber 70% du chiffre d’affaires de la société, mettant en danger la pérennité de la société centenaire. Le député du mouvement Démocratiq­ue Mohamed Ammar nous a parlé de 2500 emplois fictifs. Outre la hausse de la masse salariale et les revendicat­ions sociales, les compagnies nationales souffrent de problèmes chroniques liés à la mauvaise gouvernanc­e.

Aujourd’hui, il reste au gouverneme­nt Mechichi de saisir à bras le corps cet épineux dossier qui ne fait que fissurer le tissu économique du pays et trancher une fois pour toute. D’ailleurs, la coordinati­on d’el Kamour a exprimé cette semaine sa prédisposi­tion à relancer les négociatio­ns pour trouver une solution radicale et ouvrir la vanne de pompage du pétrole. L’etat doit reprendre la main.

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