Le Temps (Tunisia)

Mort de Ba Ag Moussa, haut cadre terroriste

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La France a confirmé, hier, avoir « neutralisé » au Mali – comprendre tué – Ba Ag Moussa, important cadre d’al-qaïda au Maghreb islamique, dont le nom était associé ces dernières années à de nombreuses attaques dans la région.

La rumeur enflait depuis trois jours sur les réseaux sociaux et dans la presse internatio­nale. La ministre française des Armées, Florence Parly, a confirmé hier dans un communiqué la mort de Ba Ag Moussa au Mali, dans la région de Ménaka, zone des trois frontières Mali-burkina-niger. L’armée française, explique le communiqué, a « neutralisé » Ba Ag Moussa, décrit comme le « chef militaire » du Groupe de soutien à l›islam et aux musulmans (GSIM). L›opération, menée par la force Barkhane, remonte à mardi 10 novembre en fin de journée, précise également le communiqué.

Une opération préparée de longue date

C’est au crépuscule, ce mardi 10 novembre, que l’assaut a été donné, à 140 kilomètres au nord de Ménaka. Le pick-up dans lequel avait pris place Ba Ag Moussa était observé de près par au moins deux drones. Vers 18 heures, quatre hélicoptèr­es, deux de manoeuvre et deux d›attaque, de la force Barkhane ont d›abord tenté de stopper le véhicule. Des tirs de sommation qui n’ont pas eu de succès, puisque les cinq occupants du pick-up, équipés de mitrailleu­ses et d’armes légères, ont vivement riposté.

Dans les minutes, qui ont suivi, annonce l’étatmajor français des armées, les hélicoptèr­es de manoeuvre ont déposé une quinzaine de commandos au sol, une action fugace, indique-t-on, car en moins d’un quart d’heure tous les occupants du véhicule étaient neutralisé­s. Pas de blessés côté français. Les soldats de la Force Barkhane ont ensuite passé au peigne fin le 4X4, à la recherche de moyens de communicat­ion pouvant être exploités. Concernant les dépouilles, tout a été fait conforméme­nt au droit internatio­nal humanitair­e, insiste l’état-major, sans préciser s’ils ont été enterrés sur place.

Si les Fama (Forces armées maliennes) n’étaient pas associées à l’opération, elles en avaient été informées. Une action qui n’est pas d’opportunit­é, insiste l’état-major, assurant qu’elle était préparée de longue date, avec pour objectif de viser les cadres du GISM.

Florence Parly a salué une opération engageant « d’importants moyens de renseignem­ent ainsi qu’un dispositif d’intercepti­on composé d’hélicoptèr­es et de troupes au sol » et un « succès qui prive Iyad Ag Ghali de l’un de ses principaux adjoints ».

Son nom était associé, ces dernières années, à de nombreuses attaques contre les forces maliennes et internatio­nales. Il était donc considéré comme un des principaux chefs terroriste­s au Mali, selon le communiqué, qui précise qu’il était notamment chargé des nouvelles recrues.

Figure de la lutte indépendan­tiste touarègue

Avant de devenir l’un des chefs militaires du GSIM, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, Ba Ag Moussa, également appelé Ba Moussa Diarra, ou « Abou charia », fut un officier de l’armée malienne, puis une figure de la lutte indépendan­tiste touarègue.

Ancien colonel des Fama, il déserte une première fois l’armée nationale pour rejoindre la rébellion touarègue de 2006 où il a pu côtoyer Iyad Ag Ghali, futur fondateur d’ansar Dine, puis du GSIM. Ou encore Seidane Ag Hitta, qui deviendra lui aussi l’un des principaux cadres de l’organisati­on terroriste.

Réintégré au sein de l’armée malienne, Ba Ag Moussa déserte à nouveau en 2012 : cette fois, pour rejoindre les rangs des terroriste­s d’ansar Dine. À cette période, son nom est cité dans le massacre d’aguelhoc, mais aussi dans les batailles de Ménaka, Tessalit ou Kidal. Plus récemment, depuis 2016, les attaques de plusieurs camps militaires maliens dans le centre du pays, totalisant plusieurs dizaines de victimes, lui ont été attribuées. Sans que l’on sache précisémen­t pour chacune d’entre elles s’il était impliqué ou non.

Ces derniers jours, outre les images de son véhicule calciné, se sont mis à circuler sur les réseaux sociaux de nombreux messages de condoléanc­es ou même des poèmes à sa gloire. Car, comme le rappelle un chercheur spécialist­e de la région de Kidal, Ba Ag Moussa est perçu par de nombreux Touaregs maliens comme un rebelle au sens noble du terme, héros de la cause touarègue. Pour d’autres, au contraire, et notamment à Bamako, l’homme est honni et perçu comme un traître et comme un meurtrier.

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