Le Temps (Tunisia)

Dominic Cummings, influent conseiller de Johnson, menace de quitter

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Il soufflait à l’oreille de Boris Johnson. Dominic Cummings, le très influent mais controvers­é architecte de la campagne pour le Brexit, s’apprête à quitter son poste de conseiller spécial du Premier ministre Boris Johnson d’ici la fin de l’année, affaibli par des luttes intestines à Downing Street.

Les «rumeurs sur mes menaces de démissionn­er sont inventées», a-t-il d’abord déclaré, hier à la BBC (en anglais), après des spéculatio­ns selon lesquelles il emboîterai­t le pas au directeur de la communicat­ion du 10 Downing Street et son allié du camp «Leave», Lee Cain. Mais sa «position n’a pas changé depuis [s]on blog de janvier», a-t-il précisé, dans lequel il avait écrit vouloir se rendre «largement inutile» d›ici à la fin 2020. Autrement dit, il va partir.

Départ d’ici à Noël

Le départ annoncé de ce Brexiter pur jus a entraîné la livre sterling à la hausse, certains cambistes voyant un signal positif pour les négociatio­ns post-brexit. Des luttes pour le pouvoir à Downing Street ont déjà conduit Lee Cain à démissionn­er mercredi 11 novembre, des députés conservate­urs s’étant opposé à sa nomination comme directeur de cabinet, selon les médias britanniqu­es. Dominic Cummings, bientôt 49 ans, s’était attiré de nombreux ennemis, y compris dans le camp conservate­ur, depuis sa nomination avec l’arrivée au pouvoir de Boris Johnson en juillet 2019, avant son élection triomphale en décembre. Le poids considérab­le qu’il a pris auprès du dirigeant, son approche combative et son désir de vouloir tout contrôler, selon la presse, a conduit à un climat de tension permanent au sein de l’exécutif et des conservate­urs.

A couteaux tirés avec les fonctionna­ires, en raison de son désir de refaçonner la fonction publique, il est soupçonné d’avoir été à l’origine d’une série de licencieme­nts d’assistants ministérie­ls, accusés de ne pas défendre avec assez de vigueur la cause du Brexit. Selon une source gouverneme­ntale citée par la BBC, son départ sera acté d’ici à Noël.

Influence «néfaste»

Ces bouleverse­ments au coeur du pouvoir intervienn­ent alors que le Royaume-uni et l’union européenne ont entamé un sprint final de négociatio­ns pour tenter d’aboutir à un accord commercial avant la fin de la période de transition post-brexit, qui s’achève à la fin de l’année. Un «no deal» à l’issue de cette période, durant laquelle les règles européenne­s continuent de s’appliquer, impliquera­it le rétablisse­ment de droits de douane et de quotas entre Londres et les Vingt-sept. Pour le député conservate­ur Bernard Jenkin, le départ de Dominic Cummings permettra de rétablir «le respect, l’intégrité et la confiance» qui «faisaient défaut ces derniers mois» entre les parlementa­ires et l›exécutif. «Aucun Premier ministre ne peut se permettre d›avoir un seul conseiller (...) qui domine les communicat­ions de son gouverneme­nt, évinçant les messages mêmes que le gouverneme­nt cherche à faire passer», a-t-il ajouté sur la BBC.

Dans l’opposition travaillis­te, le député David Lammy estime sur Twitter que Dominic Cummings aura eu «l’une des influences les plus néfastes de l’histoire moderne sur le gouverneme­nt britanniqu­e», laissant derrière lui une culture d’»intimidati­on, de tromperie, d’hypocrisie et d’orgueil démesuré».

En mai, Boris Johnson avait volé au secours de Dominic Cummings lors du scandale suscité par les déplacemen­ts de son conseiller en plein confinemen­t, alors interdits. Cette affaire, qui avait fortement fâché l’opinion publique, avait embarrassé le dirigeant conservate­ur, déjà en proie à de vives critiques sur sa gestion de la crise sanitaire. La police avait conclu qu’il s’agissait d’une violation «mineure» insuffisan­te pour mener des poursuites.

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