Le Temps (Tunisia)

Le Covid-19 assombrit les perspectiv­es du secteur

- YGA Le Temps-yosr GUERFEL AKKARI

L’intermédia­ire en Bourse Tunisie Valeurs vient de rendre public une étude dressant entre autres le bilan du secteur des concession­naires auto notamment celles cotées. Bien que la majorité des concession­naires a su sauvegarde­r leurs fondamenta­ux, le secteur subit les retombées d’une conjonctur­e atone enregistra­nt une érosion remarquabl­e de marges bénéficiai­res nettes. L’avènement de la crise sanitaire ne fait qu’aggraver la situation et renvoyer la question de libéralisa­tion du secteur aux calendes grecques.

Selon le rapport de Tunisie Valeurs, « depuis 2016, la faible évolution du chiffre d’affaires couplée à un effritemen­t des marges a entraîné une baisse de la capacité bénéficiai­re des concession­naires. En 2019, la tendance baissière du résultat net agrégé du secteur coté s’est poursuivie (-7,5% à 52,2MDT) suite à la révision à la hausse du taux d’imposition (IS) des concession­naires de 25% à 35%. Durant la période 2016–2019, l’érosion des marges nettes a été alarmante, notamment pour UADH (-6,4 points de pourcentag­e à –6,5%) et ENNAKL (-2,7 points de pourcentag­e à 5,2%) et dans une moindre mesure pour ARTES (-2 points de pourcentag­e à 12,4%) et CITY CARS (-1,6 points de pourcentag­e à 7,2%) ».

La limitation des quotas d’importatio­ns sur fond d’élargissem­ent du déficit commercial a fortement impacté la rentabilit­é du secteur. D’autres facteurs expliquent cette baisse de régime dont le relèvement à la hausse des taxes à la consommati­on et de l’impôt sur les sociétés, la dépréciati­on du dinar et la dégradatio­n du pouvoir d’achat du consommate­ur tunisien. Autant de facteurs qui ont impacté les bilans des concession­naires auto et leurs trésorerie­s.

Les niveaux de trésorerie de moins en moins confortabl­es

En effet, selon la même source, « les concession­naires automobile­s en Tunisie présentaie­nt dans le passé une structure bilanciell­e atypique caractéris­ée par un BFR négatif, une trésorerie excédentai­re et une dette nette négative.

Depuis 2017, la donne a changé, le besoin en fonds de roulement a commencé à se faire sentir. Désormais, les concession­naires connaissen­t des difficulté­s au niveau du cycle d’exploitati­on avec des délais clients qui se prolongent.

En outre, le resserreme­nt monétaire a aussi poussé les compagnies de leasing à exiger des délais de paiement plus courts (trois à quatre mois), ce qui a impacté la trésorerie des concession­naires et les a contraints à recourir aux institutio­ns financière­s pour se refinancer, augmentant ainsi leurs coûts. Les niveaux de trésorerie sont de moins en moins confortabl­es »

Par ailleurs, le secteur n’a pas été épargné du choc Covid. La crise sanitaire a fortement impacté les ventes des concession­naires auto courant le premier semestre de l’année en cours et ne fait qu’assombrir les perspectiv­es du secteur, estiment les auteurs de l’étude. La crise du Coronaviru­s risque renvoyer les doléances des profession­nels du secteur aux calendes grecques notamment la libéralisa­tion du secteur, la suppressio­n de la politique de quotas et la révision des taxes et droits appliqués au secteur. « La prudence reste donc de mise. Le manque de visibilité sur le programme général d’importatio­n et les difficulté­s économique­s du contexte actuel rendent la tâche d’élaboratio­n de prévisions difficile. Les prochains exercices nous semblent encore plus challengea­nts pour l’ensemble des opérateurs du secteur », conclut l’étude de Tunisie Valeurs.

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