La Tunisie abandonne son enfance…
Chiraz était son prénom. Elle avait 12 ans quand elle faisait bouger l’opinion publique en Tunisie, 6 ans auparavant. Plus précisément, le 12 novembre 2014. Elle devrait normalement passer son baccalauréat cette année scolaire. Chiraz, cette collégienne kairouanaise, originaire du village d’al Alâ, ne passera pas le concours cette année.
Chiraz était son prénom. Elle avait 12 ans quand elle faisait bouger l’opinion publique en Tunisie, 6 ans auparavant. Plus précisément, le 12 novembre 2014. Elle devrait normalement passer son baccalauréat cette année scolaire. Chiraz, cette collégienne kairouanaise, originaire du village d’al Alâ, ne passera pas le concours cette année. Elle ne rejoindrait jamais les rangs de l’université, comme (peut-être) elle a désiré. Elle s’est, par malheur, suicidé par pendaison laissant derrière une famille et une lettre avec autant de questions sur les raisons de suicide d’une fillette de 12 ans.
La lettre écrite par Chiraz précise qu’elle souffrait et elle ne supportait pas la pauvreté. Elle était fatiguée et elle décida une matinée de mettre fin à ses jours. Issue d’une famille pauvre et encore défavorisée, Chiraz ne fait pas exception. Les familles pauvres en Tunisie, ne manquent pas. Les enfants pauvres sont, également, de plus en plus, nombreux. Aucun chiffre, ni statistiques officiels ne sont communiqué à ce propos. Mais, d’après les indicateurs communiqués, cette fois-ci, par l’unicef (Organisation des Nations Unis pour l’éducation la Science et la Culture), au moins un enfant sur cinq vit dans la pauvreté.
En terme de chiffres, la Tunisie connaît un taux de pauvreté des enfants de 21,2%, dépassant de 6 points le taux moyen de pauvreté. D’après les mêmes chiffres communiqués dans le cadre d’une étude relative à l’analyse de la situation des enfants en Tunisie, le nombre des enfants pauvres risque d’atteindre 900 000 enfants contre environ 688 000 actuellement. Conjoncture oblige, C’est la crise du Covid-19. L’analyse élaborée entre décembre 2019 et février 2020, fait apparaître qu’en Tunisie, la situation de l’enfance est inquiétante. « La Situation des enfants est marquée par une iniquité sociale importante. Cette situation est aggravée par un contexte socio-économique peu favorable », indique-t-on dans ladite analyse.
Une « bourse familiale » ?
Les analystes l’unesco, expliquent cette forte pauvreté et vulnérabilité des enfants par des disparités entre les régions et les milieux de résidence, outre le manque d’instruction des parents et la taille des familles souvent grandes. La situation s’explique également par le chômage et la précarité des emplois. L’analyse évoque l’absence de couverture sociale et la faiblesse des revenus des emplois agricoles et non-qualifiés. Cette situation incombe structurellement parlant (toujours d’après l’analyse) à la faible croissance économique qui a engendré à son tour une faiblesse de la politique de protection sociale pour les enfants. Solutions ? Les analystes de l’unesco, recommandent une allocation universelle annuelle de 350 dinars par enfants. Ça rappelle le Brésil et le fameux programme sociale « Bolsa Familia », un programme normalisé par le Président Brésilien « Lula Da Silva ». Serait-ce possible compte tenue de la crise socio-économique actuelle ? La réponse serait certainement politique.
Foyers épidémiques qui persistent L’enfance Tunisienne se trouve, entretemps, confronté à un autre fléau également dangereux, la forte prévalence de l’obésité, en l’occurrence. De telle sorte que 17,2% des enfants de moins de 5 ans sont obèses. 44,2% des enfants sont également à risque d’obésité depuis 2018. L’analyse évoque comme causes le terrain génétique favorable à l’obésité et les pratiques alimentaires qualifiées obésogènes. Grosso modo, l’analyse met en cause le régime alimentaire tunisien, basé sur les glucides.
L’enfance Tunisienne se trouve aussi, confrontée à un autre situation sanitaire critique, la persistance des foyers épidémiques. Il suffit au juste de rappeler les foyers de l’hépatite A, découverts au long de la période 2016-2018 en milieux scolaires outre la flambée importante de rougeole en 2019. L’analyse met en cause le recul de la couverture vaccinale contre la rougeole et l’absence (jusqu’au 2018) du vaccin contre l’hépatite A. La détérioration de l’environnement scolaire est également citée comme cause par l’analyse. Le milieu scolaire connaît une infrastructure dont l’état est lamentable. Nombres d’écoles primaires se trouvent privées de l’eau potable et parfois de l’électricité. Elles sont parfois inaccessibles. Des milliers d’enfants parcourent quotidiennement des kilomètres pour rejoindre leurs écoles. Chiraz, la fillette de 12 ans, était parmi eux. Elle devrait passer son baccalauréat l’année prochaine.