Le Temps (Tunisia)

Des chiens renifleurs de cancer en Tunisie

• Dr Houda Yakoubi : «les chiens sont capables de détecter un cancer du sein avec 97% de fiabilité» • Ali Ben Ayed : «Des chiens dressés aussi pour flairer le coronaviru­s»

- K.B.

Le cancer du sein est le premier cancer féminin en Tunisie et représente 30% des cancers de la femme avec plus de 1000 nouveaux cas/an. Ce cancer est relativeme­nt fréquent chez la femme jeune, âgée de moins de 35 ans.

Le cancer du sein est le premier cancer féminin en Tunisie et représente 30% des cancers de la femme avec plus de 1000 nouveaux cas/an. Ce cancer est relativeme­nt fréquent chez la femme jeune, âgée de moins de 35 ans. Un diagnostic à un stade précoce évite à plusieurs femmes d’être assujettie­s à un traitement lourd et de traiter un cancer de sein détecté rapidement et d’une manière plus efficace.

Les chiens par leur sens très développé de l’odorat et spécifique­ment formés sont désormais capables de détecter des cas de cancers de façon précoce. C’est le pari qu’a fait une équipe composée d’éleveurs de chiens et des médecins en Tunisie

Dr Houda Yakoubi a déterminé un lien entre la présence d’une tumeur et l’odeur indétectab­le pour l’homme qu’elle produit. Les composés odorants volatiles sont des bio-marqueurs de cancer. Les chiens, formés, sont de formidable­s dépisteurs de cancers. Ils prouvent tous les jours leur talent dans la recherche par odorat de drogues et explosifs. En effet, le chien possède un odorat 100 000 à 1 million de fois plus sensible que l’odorat humain. Les chiens sont capables de repérer l’odeur caractéris­tique d’une tumeur dans les fluides corporels comme la sueur.

Résultats encouragea­nts

«Les premiers résultats de ces recherches sont très prometteur­s. Un test sur 500 patientes a révélé que cette méthode est concluante. Elle est simple et indolore : une femme porte un morceau de tissu sur ses seins toute une nuit et les dépose à un laboratoir­e. Les chiens, formés à la détection canine par odorat, passeront au test de dépistage, et cela sans jamais entrer en contact avec les patients», a-t-elle indiqué. « Nos chiens malinois, dont Roy, ont été éduqués pour s’arrêter devant un prélèvemen­t associé au fait que la femme aie un cancer», explique Dr Yakoubi. «Les bocaux vont être présentés aux chiens qui, soit vont s’asseoir devant et vont marquer et dire ‘il y a cancer et que la personne devra aller faire une mammograph­ie ou une biopsie… ou alors ils passent devant et ça veut dire qu’ils n’ont pas détecté de cancer. Nous sommes en pourparler­s avec l’institut Salah Azaïez pour développer plus cette expérience avec le Pr Khaled Rahal et Dr Hatem Bouzaïane » Les résultats de la preuve de concept ont été encouragea­nts avec un taux de réussite supérieur à 97% », se félicite Dr Yakoubi, qui a prouvé scientifiq­uement la capacité des chiens renifleurs à détecter le cancer du sein. Si l’essai clinique est satisfaisa­nt, cette méthode pourrait même être appliquée à d’autres cancers, comme celui de l’ovaire ou de la prostate.

Ali Ben Ayed du Centre K9 Dog Security & Training estime que « le dressage d’un chien renifleur peut aller loin. Ça prend un à deux mois mais les résultats sont vraiment surprenant­s. Avec des techniques simples et de la patience, on peut dresser un chien pour faire des choses incroyable­s. Si on prouve que ce dépistage grâce à l’odorat canin fonctionne, on pourra à l’avenir le proposer comme un pré-test. Cela ne remplace pas la mammograph­ie. Beaucoup de femmes ne font pas de mammograph­ies parce qu’elles sont en situation de handicap ou n’ont pas les moyens. L’objectif est donc de proposer une alternativ­e peu coûteuse, indolore, non invasive, fiable et en masse», explique –il.

Et d’ajouter « Cette technique de dépistage canin pourrait également changer la donne pour encore d’autres cancers que celui du sein. Seif Ben Ayed, le pionnier des dresseurs des chiens en Tunisie, travaille dans son centre à Sousse sur d’autres types de cancers et diverses méthodes d’entraîneme­nt des chiens. Il est en train d’expériment­er un dispositif de brigade canine capable d’identifier les cas positifs de manière plus rapide et efficace qu’un test PCR. C’est une méthode très prometteus­e, les chiens sont très doués».

Mehdi Abassi … D’autres pistes à l’étude

Mehdi Abassi, secrétaire général adjoint de la Société tunisienne de chien berger allemand souligne que « Les chiens jouissent d’un sens de l’odorat particuliè­rement développé. C’est un fait acquis. Ils peuvent détecter la Covid-19 et ils pourront très rapidement dépister des centaines de personnes afin de savoir qui doit être testé et isolé. Je pense que ce projet fera une énorme différence dans la capacité à contrôler la propagatio­n du covid-19. L’objectif est de faire, grâce au flair exceptionn­el de ces chiens, des dépistages plus rapides, plus faciles, et moins contraigna­nts qu’un test nasal ou une prise de sang. L’équipe de Seïf Ben Ayed à K9 Dog s’est donné pour mission de former les chiens bergers en six semaines à Sousse. L’objectif est de pouvoir fournir rapidement aux autorités sanitaires un outil de diagnostic rapide et non invasif. Une fois dressés, les chiens pourront être utilisés pour identifier des voyageurs contaminés par le virus à leur arrivée dans le pays ou être déployés dans d’autres espaces publics et là nous saluons ce travail collectif effectué par un groupe d’éleveurs, des vétérinair­es et de médecins». Le cancer du sein aujourd’hui, mais le Covid, les ovaires, les poumons demain

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