Le Temps (Tunisia)

L'iran toujours en ligne de mire?

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Le secrétaire d'état américain était à Paris où il a été reçu par le président Emmanuel Macron, loin des caméras et des micros. Il a entamé, hier, une visite en Turquie, avant de se rendre en Israël puis aux Émirats arabes unis.

L'exécutif français a souligné avoir reçu Mike Pompeo à sa propre demande « en toute transparen­ce » avec l'équipe de Joe Biden, le jour même où Paris et Berlin appelaient conjointem­ent à une refondatio­n de la relation transatlan­tique à l'occasion du changement d'administra­tion américaine. Une « visite de courtoisie » pour l'élysée, « de travail » pour le Quai d'orsay.

Mike Pompéo a poursuivi lui sa tournée en Turquie, hier, avant de se rendre en Israël et aux Émirats arabes unis. Au total, sept pays en une dizaine de jours, dont la majorité se trouve au Moyen-orient.

Réunion sur l'iran au Bureau ovale

Si rien n'a filtré des échanges avec les responsabl­es français, selon le New York Times, à deux mois de la fin de son mandat, Donald Trump a toujours l'iran dans le viseur. Le président américain a sondé de hauts responsabl­es sur la possibilit­é d'« agir » contre un site nucléaire iranien. C'est le site de Natanz qui serait visé selon le quotidien new-yorkais.

C'est lors d'une réunion jeudi dans le Bureau ovale, toujours selon le New York Times, que le président américain sortant a demandé à plusieurs collaborat­eurs, dont le vice-président Mike Pence, le secrétaire d'état Mike Pompeo et le chef d'état-major Mark Milley « s'il y avait des options pour agir contre » ce site « dans les prochaines semaines ». Ces hauts responsabl­es « ont dissuadé le président d'aller de l'avant avec une frappe militaire », au vu du risque que cela dégénère rapidement en un conflit plus vaste, selon le quotidien.

Donald Trump a posé la question après qu'un rapport de l'agence internatio­nale de l'énergie atomique (AIEA) a indiqué que Téhéran continuait d'accumuler de l'uranium, d'après le New York Times. Selon plusieurs médias, le dernier rapport de L'AIEA fait état en Iran d'un stock d'uranium enrichi de 2 449 kilogramme­s, bien supérieur à la limite maximale de 300 kg fixée dans le pacte nucléaire avec les grandes puissances. Dans le précédent rapport remontant à septembre, ce stock était de 2 105,4 kg. Sans surprise, l'iran poursuit donc sa trajectoir­e de production d'uranium, en riposte au retrait américain de l'accord signé en 2015 à Vienne et au rétablisse­ment par l'administra­tion Trump des sanctions qui ont plongé le pays dans une profonde récession.

Une tournée pour quoi faire ?

Cependant, pour Benjamin Hautecouve­rture, maître de recherche pour la Fondation pour la recherche stratégiqu­e (FRS), le secrétaire d'état américain ne peut plus changer grand-chose dans la région avant l'investitur­e de Joe Biden, notamment en ce qui concerne les tensions avec l'iran. « La pression d’ores et déjà est tellement forte que, s’il y a d’autres sanctions, elles ne seront pas suffisante­s pour pousser l’iran à la faute, dans les trois mois qui restent avant l’installati­on de Joe Biden.»

Selon le chercheur, « de toute façon, les Iraniens savent que tout va se jouer dans la négociatio­n sur le retour des Américains dans le deal nucléaire. Qu’est-il est possible de leur soutirer ? Est-ce que des compensati­ons peuvent être envisagées pour des pertes qu’on évalue à peu près à 250 milliards depuis deux ans, en Iran, du fait du retrait américain, l’imposition des sanctions et l’extraterri­torialité de ces sanctions ?»

Benjamin Hautecouve­rture ne voit « pas de rupture significat­ive par rapport aux résultats » des précédente­s enquêtes de L'AIEA, « en particulie­r le taux d’enrichisse­ment de l’uranium que l’on connaissai­t depuis le mois de juin. On voit bien que les Iraniens sont attentiste­s. Ils ne cherchent pas à grignoter encore plus l’accord. »

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