La boule de neige d'el Kamour n'arrête pas de grossir
La fièvre revendicative provoquée par la signature d’un accord entre le gouvernement et les protestataires qui avaient bloqué la vanne de la station de pompage du site pétrolier El Kamour dans le désert de Tataouine ne cesse de prendre de l’ampleur.
La fièvre revendicative provoquée par la signature d’un accord entre le gouvernement et les protestataires qui avaient bloqué la vanne de la station de pompage du site pétrolier El Kamour dans le désert de Tataouine ne cesse de prendre de l’ampleur. Après le sit-in ouvert organisé par des chômeurs sur les sites de production du Groupe chimique Tunisien (GCT) à Gabès et les menaces de grève brandies par les antennes régionales de l’union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) à Tozeur, Siliana et Jendouba, la coordination des organisations nationales du gouvernorat de Béja a décrété mardi une grève générale régionale le mercredi 25 novembre 2020 pour défendre le droit de ce gouvernorat du nord-ouest au développement.
Dans un communiqué publié sur la page officielle de l’union régionale du travail de Béja, ces organisations ont estimé que les habitants de la région «n’hésiteront pas à recourir aux diverses formes de militantisme, y compris les plus douloureuses, au cas où le gouvernement continuerait à ignorer leurs revendications légitimes».
Les organisations parmi lesquels les sections régionales de l’ordre des avocats et de la Ligue Tunisienne de défense des droits de l’homme ont également déploré «l’exclusion» de Béja de la liste des gouvernorats qui bénéficieront de projets de développement citée par le chef du gouvernement, Hichem Méchichi, lors d’une conférence de presse tenue le 9 novembre.
A Kasserine, les habitants des localités avoisinant le champ pétrolier de Douleb situé entre les délégations de Sbeïtla et Laayoun ont repris mardi après-midi le sitin qu’ils avaient levé un jour auparavant suite à l’échec d’une séance de négociations tenu au siège du gouvernorat. Ces protestataires avaient déjà campé dimanche dernier près du champ pétrolier pour réclamer des emplois et une contribution de la société pétrolière exploitant le gisement au développement de la région.
Ebullition
A Kairouan, l’ébullition sociale est également montée d’un cran. Les forces de l’ordre ont été obligées de disperser sans
ménagement un sit-in de chômeurs organisé devant l’usine de tabac et de saisir une tente dressée par des militants de la société civile qui réclamaient le droit de ce gouvernorat déshérité au développement.
Onze organisations ont par ailleurs tenu une conférence de presse pour mettre en garde contre une explosion sociale incontrôlable dans le gouvernorat de Kairouan qui enregistre un nombre élevé de suicides et où le chômage dépasse largement la moyenne nationale. Pour sa part, l’union régionale du travail de Kairouan a menacé, hier, d’établir un calendrier de grève tournantes dans les diverses délégations du gouvernorat avant de lancer le mot d’ordre d’une grève générale régionale.
Pour rappel, c’est le chef du gouvernement qui a allumé maladroitement dans les régions déshéritées le feu de la contestation sociale en déclarant en marge de la signature de l’accord d’el Kamour que «l’approche qui a été adoptée pour la résolution de la crise qui bloqué la production du pétrole dans le gouvernorat de Tataouine durant plusieurs mois sera étendue à d’autres gouvernorats du Sud et du Centre du pays, à l’instar de Kébili, Sidi Bouzid, Kasserine et Jendouba».
La présidence du gouvernement a tenté de rectifier le tir en publiant un communiqué dans lequel il précisé que «l’approche qui a été adoptée pour la résolution de la crise d’el Kamour sera généralisée à tous les gouvernorats de la République sans exception».
Dans ce communiqué publié le 10 novembre, la présidence du gouvernement a souligné que «la santé des Tunisiens et la promotion de l’emploi et des investissements dans les différents gouvernorats, constituent les véritables priorités de ce gouvernement, sans aucune forme de discrimination entre les citoyens», tout en rappelant que «la citation de certains gouvernorats, lors de l’allocution télévisée du Méchichi, a été à titre indicatif, sans limitation aucune». Mais c’était trop peu et trop tard. Et nul ne sait aujourd’hui comment la fièvre revendicative pourrait retomber alors que le gouvernement ne parvient même pas à boucler le budget de l’etat pour l’exercice 2020.