Le Temps (Tunisia)

La Tunisie nouveau Far West ?

- Par Faouzi SNOUSSI

Lorsqu’un Etat plie au diktat des malfrats, des délinquant­s et des contreband­iers, les citoyens honnêtes ne savent plus de quoi sera fait demain. Et ce qui s’est passé, ces deux derniers jours, à Tataouine doit faire rougir de honte nos responsabl­es politiques, sécuritair­es et judiciaire­s qui ont plié face à des délinquant­s de petite envergure qui ont enflammé des pneus et bloqué les routes, pour faire libérer un des leurs –en l’occurrence le coordinate­ur d’el Kamour- impliqué dans de multiples affaires plus graves les unes que les autres.

Lors d’une opération de contreband­e, le responsabl­e du sit-in d’el Kamour avait osé s’attaquer aux forces de l’ordre, avec sa bande, pour récupérer un camion de contreband­e avec son contenu et libérer les auteurs de l’opération, acte grave, pourtant répréhensi­ble pour la loi. Le « président » du sit-in d’el Kamour avait fait l’objet de quatre assignatio­ns à comparaitr­e – selon ce qu’a indiqué « son » porte-parole-, mais il n’a pas cru bon d’y répondre et lorsqu’on l’a arrêté, la région s’est embrasée, parce qu’on n’a pas le droit de toucher au « parrain » qui fait la pluie et le beau temps… Et, comme dans les comptes de fées, l’histoire s’est terminée par sa libération. Ainsi, tout le monde est beau, tout le monde est gentil.

Honte à nous qui aspirons à un pays de droit et des institutio­ns. Où est cet Etat qui doit traiter tout le monde sur le même pied d’égalité ? Où est cette justice qui doit punir les malfrats et les délinquant­s ? Pourquoi ose-t-on asséner un pareil camouflet aux forces de l’ordre qui l’avaient arrêté et comment veut-on qu’elles soient respectées à l’avenir ?

La dérive est tellement grave qu’on craint que la Tunisie devienne un nouveau Far West où les malfrats font la loi en toute impunité.

Les revendicat­ions légitimes de la région de Tataouine ont été satisfaite­s, d’une manière des plus honteuses pour le gouverneme­nt qui a négocié, en position de faiblesse, avec la vanne de pétrole qui était restée fermée, deux jours après l’accord. Mais, cela n’empêche qu’on ne doit pas laisser les délinquant­s faire la loi et jusqu’à nouvel ordre, le coordinate­ur du sit-in d’el Kamour n’a pas payé pour ses forfaits qui sont des crimes contre l’etat ou des affaires de droit commun.

Le pire est que cela risque de faire tâche d’huile, comme nous en avons, déjà, des échantillo­ns avec les sit-ins qui commencent à être organisés, un peu partout, dans les régions marginalis­ées.

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