Le Temps (Tunisia)

Berlin presse pour une plateforme de débarqueme­nt des migrants

- Le Temps - Zied DABBAR

« Le rapatrieme­nt des Tunisiens en situation irrégulièr­e en France doit se faire selon les conditions et règlements prévus par le Droit Internatio­nal tout en préservant la dignité du Tunisien »...

Soixante ans déjà. Les relations diplomatiq­ues qui ont lié les deux peuples tunisien et indonésien ne datent pas d’aujourd’hui. Elles sont le fruit d’une histoire commune qui s’est tissée au fil des ans, du temps d’habib Bourguiba et Ahmed Soekarno du fait des rapports d’amitié qui ont lié les deux leaders politiques. Aujourd’hui, il est question de développer une diplomatie bilatérale qui s’inscrit dans une vision stratégiqu­e qui se traduira, sous peu, en une convention de partenaria­t bipartite économique, culturel et militaire.

Le rapatrieme­nt des Tunisiens en situation irrégulièr­e se poursuit, sans respecter le Droit Internatio­nal ni préserver la dignité des immigrés Tunisiens. Chiffre à l’appui. D’après les données communiqué­es par le Forum Tunisien pour les Droits économique­s et sociaux (FTDES), le nombre des Tunisiens en situation irrégulièr­e expulsés d’italie a passé du simple au double. Quelques semaines avant, ce nombre avoisine 300 cas, avec une moyenne de 75 personnes expulsées par semaine, alors qu’il dépasse actuelleme­nt 600 personnes expulsées secrètemen­t vers la Tunisie.

Les vols ne figurent même pas dans le registre de l’aéroport d’enfidha ou les avions d’une compagnie aérienne Turque atterrisse­nt 4 fois par semaines, en provenance de l’italie. Ces opérations d’expulsions ne respectent pas, ni le Droit Internatio­nal, ni la dignité des Tunisiens. Pour la simple raison, que l’expulsion des immigrés en situation irrégulièr­e n’est pas compatible avec le principe de la libre circulatio­n des personnes. Un principe qui en écoulent autant d’article dans le Droit Internatio­nal. À Rome, on évoque souvent la convention signée entre l’italie et la Tunisie en 2011. Parfois, ces hauts responsabl­es vont plus loin. Luigi Di Maio, chef de la diplomatie Italienne menace même de réviser l’aide Italienne envers la Tunisie.

Pressions et chantage

Pas loin de cet esprit, de pression et parfois de chantage, l’exécutif Français, formule la même demande. Puisque, les autorités Tunisienne ayant déjà accepté le principe avec l’italie. Par conséquent, la France demande l’expulsion des Tunisiens fichés, soupçonnés ou même jugés pour radicalisa­tion. Paris, exige également le rapatrieme­nt d’une autre catégorie de Tunisiens en situation irrégulièr­e. Il s’agit des Tunisiens ayant commis une infraction par rapport à la loi. Ne pas payer le ticket d’un métro devient ainsi un motif pour le rapatrieme­nt d’un immigré.

La réponse tunisienne est pourtant avancée et expliquée de la part de feu-béji Caïd Essebsi, ancien président. Pour lui, l’expulsion des Tunisiens fichés, soupçonnés ou même jugés pour radicalisa­tion et terrorisme représente une forte menace pour la sécurité nationale. Et si la France avec tous ses moyens n’arrive pas à gérer ces extrémiste­s et terroriste­s, la Tunisie ne peut rien faire face à cette menace. Le pays n’a pas les moyens nécessaire­s. La Tunisie n’a pas délaissé cet argument lors même des négociatio­ns avec Kaïs Saïed actuel Président.

À Carthage, le discours officiel change visà-vis du sujet de l’immigratio­n. Pour la première fois, les communiqué­s des services de communicat­ion de la Présidence évoquent le terme de l’immigratio­n irrégulièr­e. La Tunisie plaide ainsi pour des solutions aux problèmes liés directemen­t à l’immigratio­n. La France, et l’italie sont pour. Entretemps, la Tunisie doit arrêter le fléau de l’immigratio­n irrégulièr­e. Des moyens sont actuelleme­nt à la dispositio­n de la Tunisie, y compris même les nouveaux radars fraîchemen­t installé au Sahel pour le contrôle de tout trafic aérien et maritime.

À Bruxelles, on considère que la Tunisie s’est dotée du matériel nécessaire pour « lutter » contre le phénomène de l’immigratio­n irrégulièr­e. A Berlin, on avance de nouveau l’idée de la création d’une plateforme de débarqueme­nt des immigrés en Tunisie quel que soit leur pays d’origine. Ainsi on considère, que tout engin portant des immigrés est en provenance de la Tunisie.

50 millions de dinars

L’union Européenne évoque des millions de dinars accordés à la Tunisie dans le cadre d’un partenaria­t. Aucun chiffre exact n’est communiqué. D’après les données recueillis par «Le Temps», 44 millions d’euros sont débloqués par L’UE au profit des organisati­ons internatio­nales et nationales dans le cadre de ses actions contre l’immigratio­n irrégulièr­e. La Tunisie aurait bénéficié d’au moins 54 millions d’euros pour conforter les capacités de la garde nationale dans la lutte contre ce phénomène. A travers l’agence européenne de garde-frontière et de garde-côtes (Frontex), l’europe propose des formations à la garde nationale pour lutter contre l’immigratio­n irrégulièr­e.

Le ministère de l’intérieur a dépensé 19 millions de dinars dans l’entretien de ses engins maritimes, 9 millions de dinars pour l’acquisitio­n de moteurs, et 672 000 dinars pour des radars. 4,482 autres millions de dinars ont été également investis dans l’acquisitio­n des bateaux à grande vitesse.

Ces investisse­ments, n’ont pas permis de détecter, par contre, autant de bateau d’immigrés. Tout au long des 11 premiers mois de l’année en cours, environ 600 personnes ont disparu en Méditerran­ée. Sauver des vies, n’est pas une priorité pour les pays européens, face à la protection de leurs frontières. De quoi s’interroger sur l’efficacité des politiques migratoire­s européenne­s.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia