Le Temps (Tunisia)

Pas de solution en vue dans l'immédiat

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Les dirigeants européens débattent par vidéoconfé­rence du veto opposé par la Pologne et la Hongrie au projet de budget pluriannue­l et de plan de relance de l'union, mais aucune solution n'est en vue à courte échéance.

Même s'ils en sont bénéficiai­res, Varsovie et Budapest refusent de soutenir ce vaste plan financier destiné à sortir les Vingt-sept de la récession dans laquelle les a plongés la pandémie de COVID-19 car le versement des fonds est conditionn­é au respect de l'etat de droit.

Les deux pays sont visés par des enquêtes de la Commission européenne pour avoir sapé l'indépendan­ce de la justice, des médias ou encore des ONG et ils pourraient risquer de perdre l'accès à des dizaines de milliards d'euros si cette conditionn­alité est appliquée.

Alors que le conflit au Tigré est entré dans sa troisième semaine, la province est toujours coupée du monde et les rares informatio­ns proviennen­t surtout des communiqué­s des belligéran­ts. Mais pour la première fois, des informatio­ns indépendan­tes ont été rendues publiques, quand le Comité internatio­nal de la Croixrouge (CICR) a pu visiter les hôpitaux de Gondar et de Mekelle, en manque de tout. L’ONG fait état d’une crise humanitair­e très grave.

Dans l'amhara comme dans le Tigré, le rapport du CICR évoque des hôpitaux débordés, en manque de tout : de lits, de couverture­s, de médicament­s. À titre d'exemple, plus de 400 blessés graves sont actuelleme­nt traités dans le seul hôpital de Gondar, qui doit faire face également à 14 cas de Covid-19.

À Mekelle, capitale du Tigré, l'hôpital local a demandé à être approvisio­nné en traitement­s basiques, comme pour le diabète et les dialyses, puisqu'il est le seul de la région à fournir ces soins. Et la Croix-rouge ajoute que ses 10 ambulances ont transporté des « centaines de blessés » hors de la zone des combats.

Le CICR évoque aussi un millier de Tigréens, à Mekelle et Addis Abeba, angoissés d'avoir perdu le contact avec leurs proches et qui se sont signalés sur le service téléphoniq­ue d'urgence.

La Croix-rouge dit avoir également rendu visite à des prisonnier­s de guerre, à qui elle a fourni des produits d'hygiène. Et elle dit s'inquiéter pour les réfugiés érythréens vivant dans les camps du Tigré, et « qui ont besoin de protection et d'assistance ».

Depuis quelques jours, les agences humanitair­es de L’ONU multiplien­t en vain les appels. Mardi, c'est son sous-secrétaire général aux affaires humanitair­es en personne qui a exprimé son « inquiétude grandissan­te ». Selon le rapport interne d'une ONG cité par Associated Press, dans le Tigré « il ne reste plus grand chose » à manger, et ce « même avec de l'argent».

Le chef de L'OMS accusé de soutenir les rebelles

L'armée éthiopienn­e a accusé hier le directeur de l'organisati­on mondiale de la santé (OMS), l'ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesu­s, de soutenir la rébellion du Tigré et de tenter de lui fournir des armes et un soutien diplomatiq­ue. Dans une allocution télévisée, le général Birhanu Jula, chef d'état-major des forces armées, a dénoncé les liens entre Tedros et le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), dont les forces combattent depuis deux semaines l'armée fédérale.

"Cet homme est membre de ce groupe et il fait tout pour le soutenir", a déclaré l'officier. D'origine tigréenne, Tedros Adhanom Ghebreyesu­s a été ministre de la Santé et ministre des Affaires étrangères au sein de gouverneme­nts de coalition dirigés par le TPLF. Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a ordonné le 4 novembre à l'armée d'intervenir au Tigré, région du nord du pays, pour y rétablir l'etat de droit, après avoir imputé l'attaque d'une base gouverneme­ntale aux forces locales. Le TPLF, qui a dominé la scène politique éthiopienn­e pendant près de trente ans, reproche à Abiy Ahmed d'avoir écarté les habitants du Tigré des instances de sécurité et de gouverneme­nt depuis son arrivée au pouvoir en 2018, et de vouloir assujettir totalement les représenta­nts de la région septentrio­nale, qui constitue 5% de la population du pays, qui compte 115 millions d'habitants.

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