Le Temps (Tunisia)

Pas de solution en vue dans l'immédiat

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Les dirigeants européens allaient débattre hier par vidéoconfé­rence du veto opposé par la Pologne et la Hongrie au projet de budget pluriannue­l et de plan de relance de l'union, mais aucune solution n'est en vue à courte échéance. Même s'ils en sont bénéficiai­res, Varsovie et Budapest refusent de soutenir ce vaste plan financier destiné à sortir les Vingt-sept de la récession dans laquelle les a plongés la pandémie de COVID-19 car le versement des fonds est conditionn­é au respect de l'etat de droit.

Les deux pays sont visés par des enquêtes de la Commission européenne pour avoir sapé l'indépendan­ce de la justice, des médias ou encore des ONG et ils pourraient risquer de perdre l'accès à des dizaines de milliards d'euros si cette conditionn­alité est appliquée.

"Nous ne trouverons pas de solution miracle lors de cette réunion", prévient un haut responsabl­e européen. "Nous n'allons pas inventer une solution que nous allons partager à 27 lors d'une vidéoconfé­rence." Confrontés depuis l'automne à une deuxième vague d'épidémie de coronaviru­s, les pays membres de L'UE ont été contraints de prendre de nouvelles mesures de restrictio­n et l'économie de L'UE, en récession lors des six premiers mois de 2020, devrait à nouveau se contracter au cours du dernier trimestre.

Face à cette situation, les Vingt-sept attendent avec impatience le déblocage des fonds européens pour sauver le maximum d'emplois et d'entreprise­s. "Nous sommes certains d'y arriver, mais nous sommes en mode crise pour le moment", commente le responsabl­e européen.

Le paquet financier en discussion comprend un budget de 1.100 milliards d'euros pour les années 2021 à 2027 et un plan de relance de 750 milliards d'euros. Ni l'un ni l'autre ne peuvent être débloqués sans l'accord unanime de tous les gouverneme­nts de L'UE et du Parlement européen.

Le parlement européen refuse toute concession

Si la Pologne et la Hongrie refusent de lier le plan financier au respect de certaines valeurs démocratiq­ues, des Etats comme les Pays-bas, ainsi que le Parlement européen, refusent de lever cette condition. "Le Parlement européen (...) réitère que les accords conclus sur le cadre financier pluriannue­l et l'etat de droit sont définitifs et ne peuvent en aucun cas être renégociés", a averti l'instance législativ­e dans un communiqué. "Aucune concession supplément­aire ne sera faite de notre côté."

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban et le dirigeant de facto de la Pologne, Jaroslaw Kaczynski, ont besoin des fonds européens pour regonfler une popularité en baisse.

Selon certaines enquêtes d'opinion, le parti ultraconse­rvateur polonais Droit et Justice a reculé de 10 points ces derniers mois sur un certain nombre de sujets et redoute un effritemen­t de sa majorité. En Hongrie, Viktor Orban est pour la première fois devancé par l'opposition dans les sondages, à deux ans des prochaines législativ­es, en raison de sa gestion de l'épidémie de coronaviru­s.

La Pologne doit recevoir quelque 133 milliards d'euros de L'UE grâce au budget pluriannue­l et au fonds de relance. Quant à la Hongrie, elle attend environ 41 milliards d'euros, soit l'un des plus gros montants par habitant au sein des Vingtsept.

A Paris, on n'exclut pas, en cas de blocage persistant, que les dirigeants européens passent outre ces veto en concluant un accord à 25, voire à 24, la Slovénie s'étant abstenue. La diplomatie française dit s'efforcer pour l'instant de convaincre les deux pays de lever leur veto.

"Si ceci ne marche pas, et on n'y est pas (...) on sera obligé de trouver d'autres options. La possibilit­é de recourir à un accord qui ne serait pas un accord à 27, était une des options sur la table", a déclaré un responsabl­e français.

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