Tant qu'on peut déplacer les montagnes…
La performance enregistrée dernièrement par le parti destourien libre (PDL) dans les intentions de vote des tunisiens a fait venir l'eau à la bouche de certains politiciens en quête d'opportunités pour proposer un recentrage du paysage politique actuel à la manière de ce qu'avait fait feu le président Béji Caïd Essebsi, en 2013/2014.
Le projet est de ressusciter le rassemblement des forces politiques se réclamant du Centre gauche constitué à l’époque par feu Caïd Essebsi sous le nom de Nidaa Tounès. Un commentateur a souligné que tant qu’on peut déplacer les montagnes, c'est très facile en principe. D’autant que le contexte actuel est plus favorable, avec les signes d’essoufflement que commence à donner le parti de la tendance islamiste Ennahdha, par rapport à son omnipotence en 2013/2014, du temps de l’émergence de Nidaa Tounès.
Dans un entretien télévisé, Béji Caïd Essebsi avait, à l’époque, donné dix ans à Ennahdha avant de faiblir.
Il n’y a que les bons généraux qui ne sous-estiment jamais les forces de l’adversaire, ce que les héritiers actuels du bourguibisme, entre autres, ont du mal à réaliser en croyant gagner des points par de petites opérations de harcèlement isolées et sans effet de l’adversaire, relevant davantage de la recherche du spectaculaire. La critique émane d’ailleurs de sympathisants centristes pour qui l’effort doit être axé plutôt sur la reconstruction de la grande coalition d’antan, à travers la recherche et la mobilisation des alliés où qu’ils se trouvent.
Equilibre
A cet égard, comme l’a noté le même commentateur, la gauche tunisienne a signé son arrêt de mort le jour où elle avait hésité à soutenir le mouvement centriste de feu Caïd Essebsi, taxé de droite conservatrice au même titre que les islamistes.
Tout le Centre-gauche uni a coulé alors que les islamistes, tout en combattant de nouveau à visage nu, cette fois, ont pu se faire une nouvelle vie et occuper de nouvelles positions.
Un équilibre des forces politiques sert autant l’intérêt général du pays que les intérêts des citoyens, toutes tendances confondues.