Le Temps (Tunisia)

Quel accès à un futur vaccin pour l’afrique?

- Deux milliards de doses Deuxième vague ?

Les premiers résultats sur l’efficacité de plusieurs vaccins anti-covid-19, actuelleme­nt en phase de tests, laissent espérer l’arrivée prochaine sur le marché de produits performant­s. Mais dans les pays en développem­ent, l’inquiétude de ne pas y avoir suffisamme­nt accès est bien présente.

Lors d’une conférence de presse le 19 novembre, l’organisati­on mondiale de la santé (OMS) a détaillé comment l’afrique se préparait à l’arrivée d’un vaccin, notamment à travers la plateforme Covax, une initiative pilotée par la Coalition pour les innovation­s en matière de préparatio­n aux épidémies (CEPI), l’alliance pour les vaccins (Gavi) et L’OMS.

Selon les données officielle­s, le Covid-19 a contaminé plus de deux millions de personnes et fait plus de 48 000 morts sur le continent. Bien que les essais sur les potentiels futurs vaccins ne soient pas encore terminés, l’afrique s’y prépare déjà.

Le continent a l’habitude d’organiser des campagnes de vaccinatio­n de grande ampleur. Le procédé est connu, les personnels formés et mobilisabl­es. Mais il reste de nombreux défis à relever, selon L’OMS, que ce soit en termes de logistique pour pouvoir conserver ces vaccins à des températur­es très basses ou en matière de communicat­ion pour que acceptent ces vaccins.

les

population­s

Mais la première difficulté, pour les pays en voie de développem­ent, reste l’accès aux vaccins. Au total, 94 pays pauvres dans le monde, notamment en Afrique, comptent sur la plateforme Covax. Ils y mutualisen­t leurs ressources et les aides internatio­nales pour être capables d’entrer en compétitio­n avec les pays riches sur ce marché très disputé.

L’OMS affirme que des négociatio­ns sont déjà engagées avec le laboratoir­e Moderna. Des discussion­s avec Pfizer devraient également débuter pour obtenir des doses dès que les premiers vaccins seront commercial­isés.

« Soyons réalistes, tempère la directrice de L’OMS Afrique, le docteur Matshidiso Moeti. Il n’y aura pas assez de doses pour tout le monde, l’objectif de L’OMS est donc de vacciner 20% de la population des pays à faibles revenus d’ici fin 2021. » Cela représente deux milliards de doses à acheter et à répartir en priorité aux personnels soignants, aux personnes à risque et éventuelle­ment dans les secteurs essentiels à l’économie comme les transports ou le tourisme.

Pour acheter les vaccins et organiser les campagnes d’injection, 5,1 milliards de dollars ont déjà été récoltés au sein de la plateforme Covax. Il manque 4,2 milliards pour atteindre ces objectifs, selon le docteur Moeti.

Après des semaines de baisse, le nombre de cas de Covid-19 augmente à nouveau dans 19 pays d’afrique depuis un mois, notamment dans les pays du Maghreb, au Kenya, au Ghana ou en Afrique du Sud, principale­ment dans les grands centres urbains. Selon le Centre de prévention et de contrôle des maladies, l’africa CDC, de l’union africaine, on a noté entre le 2 et le 8 novembre, une augmentati­on de 13% des cas sur l’ensemble du continent.

Pour le docteur Matshidiso Moeti, s’il est encore trop tôt pour parler de deuxième vague, il faut quand même s’y préparer. « Dans certains cas, la hausse du nombre de cas est liée à la météo par exemple, quand l’hiver s’installe, explique-t-elle. Les gens se rassemblen­t en intérieur sans prendre de précaution­s, comme on l’a vu en Europe. C’est lié parfois à des événements spécifique­s. Il y a une élection et les gens se réunissent dans des meetings ou alors il y a des pressions de la part de groupes religieux car les gens en ont assez de prier de manière isolée. »

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