Le Temps (Tunisia)

Mais où sont passés les plus de 200 autres partis politiques ?

- Le Temps - Ali Laïdi BEN MANSOUR

Tandis que Abir Moussi et son parti caracolent dans les sondages et envahissen­t les réseaux sociaux, les autres hommes et femmes politiques se laissent piéger dans leur jeu politique stérile et ratent peut-être l'occasion de comprendre les vrais problèmes du pays.

Tandis que Abir Moussi et son parti caracolent dans les sondages et envahissen­t les réseaux sociaux, les autres hommes et femmes politiques se laissent piéger dans leur jeu politique stérile et ratent peut-être l’occasion de comprendre les vrais problèmes du pays.

Les sondages peuvent être souvent trompeurs mais les tendances qu’ils révèlent de manière répétitive éclairent sur ce qui traverse l’opinion publique du moment. Le PDL et son leader sont entrain de redistribu­er les cartes sur la scène politique et leur progressio­n est contenue et constante depuis un moment. Nous sommes peut-être encore loin des dates fatidiques des élections, mais même si plus de 75% des sondés ne s’expriment pas, le fait que le discours et les actions politiques de Mme Moussi et de ses partisans récoltent autant d’adhésion en ces temps troubles pour le pays doivent questionne­r les autres acteurs ! Ce n’est pas ce que nous voyons hélas !

On peut avoir toutes les réserves d’usage concernant le projet politique du PDL et la personnali­té de son leader mais il faut signaler la réactivité et la persévéran­ce qu’ils affichent. Un discours simple, basé sur le postulat combien mobilisate­ur contre « les frères » et une maitrise implacable des dossiers et des arcanes de la scène politique.

En face, c’est plutôt la pagaille. Plusieurs dossiers de première importance se sont présentés ces derniers jours sans que les partis politiques sachent en saisir l’opportunit­é. A commencer par le dossier dont le PDL est en train de faire son cheval de bataille concernant le financemen­t des associatio­ns. C’est pourtant un sujet de haute importance politique pour plusieurs partis qui l’ont souvent utilisé lors des élections. On n’a pas enregistré de réaction de solidarité avec le PDL dans sa guerre déclarée à l’union des Oulémas musulmans.

Il y eu ensuite le lourd dossier de la Cours des Comptes et son rapport sur le financemen­t de la campagne électorale de 2019. Plusieurs partis dont Ennahdha et Qalb Tounes sont impliqués dans des infraction­s qui méritent des sanctions sévères. Les conclusion­s de ce rapport se croisent d’ailleurs avec ce que dénonce le PDL sur le financemen­t des associatio­ns paravents et sur l’argent qui coule à flot de l’étranger. Nous n’avons pas encore vu des réactions à la mesure de la gravité de la situation de la part des partis qui ont fait souvent leur chou gras de ce thème. Les réactions sont en deçà de ce qui est attendu même chez les partis du bloc démocratiq­ue, Echaab et le Courant Démocratiq­ue.

Puis on a eu droit à un autre dossier tout aussi brûlant, celui de la querelle entre des magistrats de haut rang qui a fait déballer à l’un d’entre eux tous les dessous concernant le travail douteux de l’ex-juge d’instructio­n Béchir Akrémi principale­ment dans le dossier des assassinat­s politiques de Belaïd et de Brahmi. Là encore on attendait des réactions à la mesure de la gravité de ce qui a été révélé. On peut toujours attendre.

D’autres dossiers et affaires politiques peuvent être cités à profusion. La gestion du Covid -19, le problème du budget de l’état et son financemen­t, la situation sociale explosive après le discutable accord d’el Kamour, le dossier des conteneurs des déchets italiens et plus encore. Les partis politiques pendant ce temps-là sont tout à leurs petites querelles politicien­nes dans les arcanes du palais du Bardo. Entretemps, Abir Moussi et ses partisans se barricaden­t devant le siège de l’union des Oulémas musulmans, applaudis par les passants et récoltants les meilleurs scores dans les sondages.

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