Le Temps (Tunisia)

Le départ de Trump en 6 scénarios

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Pour la première fois dans l’histoire des Étatsunis, un président sortant refuse de reconnaîtr­e sa défaite et se bat, ou plutôt se débat, pour rester à la Maison-blanche.

Il reste deux mois à Donald Trump pour trouver un (vrai) moyen de rester (jusqu’à présent, les recours déposés devant les tribunaux invoquant des fraudes n’ont pas abouti) ou une pirouette pour partir en sauvant ce qu’il lui reste à sauver.

La tête haute ou la queue entre les jambes, comment partira-t-il? On ne peut que spéculer.

Le classique

Taux de probabilit­é: 12%

Personne n’y croit plus, mais il n’est pas tout à fait impossible que le 14 décembre, lorsque les grands électeurs auront voté et que Joe Biden aura officielle­ment été déclaré 46e président des États-unis d›amérique, Trump s’incline (quand même pas de bonne grâce, il ne faut rien exagérer) et se prête au jeu.

Le militaire

Taux de probabilit­é: 0,0000001%

Difficile d’imaginer un improbable scénario digne d’une dictature latino-américaine où l’armée se rangerait aux côtés de l’ex-président et organisera­it un coup d’état pour le maintenir au pouvoir, ou à l’inverse un groupe de militaires faisant irruption dans le Bureau ovale pour en sortir Trump de force.

La seule éventualit­é envisageab­le impliquant des chars et des fusils serait que le tout nouveau président américain envoie l’armée pour rétablir l’ordre dans une capitale un peu trop agitée. Comme le souligne le journalist­e Fred Kaplan, contrairem­ent à ce que semblent penser certains militaires, c›est le président des États-unis et non le président du Comité des chefs d›état-major interarmée­s qui a le pouvoir de déloger un intrus qui s›attarderai­t la Maison-blanche.

Le mauvais joueur

Taux de probabilit­é: 94%

Cela fait des mois que le président américain claironne qu’il refusera la défaite. Cette élection, on la lui a volée: elle est truquée, et il l’avait prédit. Il ne pouvait pas perdre. Malgré l’univers de réalité parallèle dans lequel Trump vit depuis le jour de son investitur­e en 2016 (où, rappelez-vous, la foule était immense selon la toute nouvelle Maison-blanche, clairsemée selon les médias, première occurrence d›une longue litanie de mensonges qui seraient la marque de fabrique du mandat trumpien), l’autre réalité, la nôtre, va forcément le rattraper.

Trump devra faire ses bagages et viendra le douloureux moment où même lui s’en rendra compte. À ce momentlà, il lui restera encore une possibilit­é pour sauver l’honneur: se sacrifier, la tête haute. Partir en clamant qu’il a gagné, bien sûr, mais que pour préserver la paix civile chère à son coeur, par amour pour sa patrie et pour son peuple, il accepte de faire le sacrifice de sa personne. Mais il sait très bien, et vous aussi, vous le savez, qu’au

L’abdication

Taux de probabilit­é: 43,59%

Quand Trump va partir, ce sera le début des emmerdes. Dépouillé de son immunité présidenti­elle, il sera confronté à une série de problèmes tant judiciaire­s que financiers.

Pour ses impôts d’abord, dans le cadre d’une enquête pour fraude fiscale et fraude aux assurances (on rappelle qu›il n›a payé que 750 dollars d’impôts fédéraux en 2016 et 2017). Et puis il y a ses relations troubles avec la Russie lors de l›élection de 2016, avec l’actrice porno Stormy Daniels qu›il aurait soudoyée pour qu›elle se taise, avec le président ukrainien dont on soupçonne qu›il aurait conditionn­é l›aide à son pays à un «coup de main» pour faire tomber Hunter Biden, le fils de son rival, bref, il n’aura pas une retraite tranquille.

Il existe une solution, pourtant, pour éviter le gros des ennuis: une amnistie présidenti­elle. On voit mal Joe Biden amnistier Trump mais en revanche, si Trump démissionn­ait, le président par intérim –Mike Pence, actuel vice-président– pourrait le faire. Trump y perdrait ce qui lui reste de dignité, mais ce serait malgré tout un sacré bras d’honneur tant à la justice qu’au peuple américain.

Le pépin de santé

Taux de probabilit­é: 64%

Trump a gagné, car les élections ont été truquées. Ce n’est pas faute de le répéter sur son compte Twitter, son principal vecteur de communicat­ion directe avec le reste du monde. Il a beau s’être bien remis du Covid-19 contracté en octobre, le président américain a quand même 74 ans, un surpoids considérab­le, une hygiène de vie déplorable, un manque de sommeil évident et une pression gigantesqu­e sur les épaules.

Qui pourrait s’étonner qu’entre le mois de décembre (au hasard, le 14, jour du vote des grands électeurs) et le 20 janvier (jour de l’investitur­e de Joe Biden), le président Trump ait un vilain pépin de santé et soit hospitalis­é d’urgence?

L’exil

Pourcentag­e de probabilit­é: 67%

Un beau matin de janvier, froid et sec, ça s’active devant la Maison-blanche. Un hélico arrive et repart, des gens entrent et sortent, des camions se succèdent, chargés de quoi? Et voilà qu’un cri résonne dans les couloirs à peu près vides de la résidence présidenti­elle: il est parti! Où? Quand? Avec qui? Nul ne le sait.

Kayleigh Mcenany, perchée sur ses talons, court à petits pas nerveux dans les couloirs et ouvre violemment les portes du Bureau ovale, du petit salon, de l’annexe: rien, personne. Pas le moindre papier au sol –bon, ce n’est pas comme si le président avait jamais écrit quoi que ce soit au cours de ses quatre années de mandat– rien qui n’indique où il a bien pu passer. Comment a-t-il pu lui faire ça, après toutes ces années de dévouement et de mensonges à son service?

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