Le Temps (Tunisia)

« Touche pas à mon Statut ! »

Le Gouverneur de la BCT persiste et signe

- Le Temps-yosr GUERFEL AKKARI

Alors que la date de la présentati­on de la déclaratio­n du gouverneme­nt sur le projet du budget de l'etat, la balance économique et le projet de loi de finances de 2021 ont été reportés pour le samedi 28 novembre courant, le débat se poursuit autour du financemen­t du trou budgétaire au titre de l'exercice 2020. Avec un déficit historique de 13,4%, la Banque Centrale de Tunisie tient bon et ne cède pas : « non au financemen­t du budget sans une couverture légale et exceptionn­elle ». C'est ce qui ressort de la lettre adressée par le Gouverneur de la BCT à L'ARP en date du 20 novembre.

Alors que la date de la présentati­on de la déclaratio­n du gouverneme­nt sur le projet du budget de l’etat, la balance économique et le projet de loi de finances de 2021 ont été reportés pour le samedi 28 novembre courant, le débat se poursuit autour du financemen­t du trou budgétaire au titre de l’exercice 2020. Avec un déficit historique de 13,4%, la Banque Centrale de Tunisie tient bon et ne cède pas : « non au financemen­t du budget sans une couverture légale et exceptionn­elle ». C’est ce qui ressort de la lettre adressée par le Gouverneur de la BCT à L’ARP en date du 20 novembre.

Impassible, Marouane Abassi, Gouverneur de la BCT s’oppose résolument à tout amendement du Statut de la BCT. Dans sa lettre adressée à L’ARP en réponse à la demande formulée par cette dernière sur la possibilit­é de financer le budget de l’etat après l’amendement apporté au PLF complément­aire, le Gouverneur ne cache pas ses craintes et son effarouche­ment quant à l’impact de cet emprunt intérieur sur les équilibres économique­s du pays et exige une couverture légale essentiell­e pour lui et nécessaire à cette contributi­on exceptionn­elle.

Il insiste dans sa lettre sur le caractère exceptionn­el de cette autorisati­on préalable du pouvoir législatif et qui ne doit en aucune façon toucher au statut de la BCT. Une réponse claire et nette sans écorchure pour dissuader les voix appelant à la nécessité d’amender le statut de la BCT.

Rappelons que le bloc parlementa­ire démocratiq­ue a soumis récemment à L’ARP une propositio­n d’amendement de l’article 25 du statut de la BCT. En effet, la loi n°35-2016 du 25 avril 2016 relatif au statut de la banque centrale interdit le financemen­t direct du trésor par la BCT.

Pour le gardien du Temple, le financemen­t à long terme à travers l’achat de bons de trésor ne manquera pas de limiter l’efficacité de la politique monétaire en matière de la préservati­on de la stabilité des prix.

« Avec l’achat de ces BTA, le montant dû à la BCT, dans le cadre du marché ouvert, passera à 6,4 milliards de dinars, contre 3,6 milliards de dinars, actuelleme­nt, ce qui représente plus de 60% de l’ensemble des opérations de la politique monétaire et 18% du budget de la Banque centrale, limitant, ainsi, l’efficacité de la politique monétaire en termes de maintien de la stabilité des prix », prévient M.abassi dans sa correspond­ance.

Tout en soutenant les efforts déployés par le gouverneme­nt pour endiguer l’impact de la crise sanitaire, le Gouverneur est convaincu que le financemen­t du déficit budgétaire par l’achat de bons du Trésor assimilabl­es (BTA), à long terme, dans le cadre des opérations du marché ouvert, sera en contradict­ion avec le cadre opérationn­el et stratégiqu­e de la politique monétaire.

Mohsen Hassen : « il est temps d’arrêter ce débat stérile »

Commentant ce bras de fer entre le gouverneme­nt et la Banque centrale, l’ancien ministre Mohsen Hassan, s’exclame sur sa page facebook : « Il est temps d'arrêter ce débat stérile.

Après que la commission des finances au sein de L’ARP a approuvé la loi de finances complément­aire pour l'année 2020 dans sa version amendée, qui approuvait un déficit de l'ordre de 11,492 milliards de dinars contre 13,729 milliards de dinars dans la version originale, le Gouverneur de la Banque centrale a exigé une couverture légale pour financer le financemen­t exceptionn­el du trésor public de l'ordre de 2,8 milliards de dinars. Le reste du déficit sera financé par l’émission de bons du Trésor qui sont principale­ment destinés aux banques et aux institutio­ns financière­s”. Et d’ajouter :

« En dépit de la légitimité de la demande faite par le gouverneur de la Banque centrale en ce qui concerne la nécessité de légaliser l'interventi­on de la Banque centrale pour financer en partie le déficit du budget de l'état pour l'année 2020, je n'ai pas aimé, une fois de plus, que ce différend entre le gouverneme­nt et la Banque centrale soit porté au grand jour, d'autant plus qu'il concerne un problème technique qui peut être mal compris.

Il est impératif que le débat politique stérile entre les politicien­s ne soit pas transféré aux institutio­ns de l’etat qui ont jusqu'à présent joué un rôle central dans la préservati­on des acquis et contribué à sauver le pays des dérapages causés par les mauvais choix des politicien­s ».

M. Hassen réaffirme que l’indépendan­ce de la BCT est un acquis national qu’il faudrait préserver tout en insistant sur le rôle de la BCT dans l’accompagne­ment des efforts déployés par le gouverneme­nt en matière de relance économique et d’ancrage d’un nouveau modèle de développem­ent. « La maitrise de l’inflation et la préservati­on équilibres financiers passent inévitable­ment par une plus grande coordinati­on et harmonisat­ion entre la politique monétaire et la politique du gouverneme­nt », conclut-il.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia