Le Temps (Tunisia)

Négligence chronique de l'etat: Après-moi le déluge, il faut savoir nager!

- Le Temps - Slim BEN YOUSSEF

Pas seulement social, le déluge, au sens le plus propre du terme, s'installe désormais comme une routine dans le quotidien des Tunisienne­s et des Tunisiens, particuliè­rement durant l'automne et l'hiver de chaque année. Entendez par déluge, voire déluges au pluriel, ces espèces d'inondation­s cycliques et quasi cataclysmi­ques qui submergent, de la tête aux pieds, tout espace urbain à chaque fois qu'une demi-heure de pluie, plus ou moins torrentiel­le, se met à peine à tomber. Face à la négligence chronique de l'etat, et faute de maintenanc­e et de plans d'aménagemen­t durable, les Citoyennes et les Citoyens n'ont plus vraiment le choix : pour s'en sortir, il faut savoir nager…

Pas seulement social, le déluge, au sens le plus propre du terme, s'installe désormais comme une routine dans le quotidien des Tunisienne­s et des Tunisiens, particuliè­rement durant l'automne et l'hiver de chaque année. Entendez par déluge, voire déluges au pluriel, ces espèces d'inondation­s cycliques et quasi cataclysmi­ques qui submergent, de la tête aux pieds, tout espace urbain à chaque fois qu'une demi-heure de pluie, plus ou moins torrentiel­le, se met à peine à tomber. Face à la négligence chronique de l'etat, et faute de maintenanc­e et de plans d'aménagemen­t durable, les Citoyennes et les Citoyens n'ont plus vraiment le choix : pour s'en sortir, il faut savoir nager…

Certes, les changement­s climatique­s à l’échelle universell­e y sont assurément pour quelque chose, mais est-ce réellement la faute à Mère Nature si l’infrastruc­ture urbaine et routière de la Tunisie ne peut même pas tenir une demi-heure face à un orage ? Que dire d’ailleurs d’une demi-journée ou plus, s’il en est, qui paralyse entièremen­t et mine de rien, toute la capitale et les principale­s villes de la Tunisie. A défaut d’une interventi­on urgente, c’est évidemment toute l’infrastruc­ture urbaine et routière du pays qui s’écroulera bientôt sous les eaux. Encore quelques années et ce serait peutêtre trop tard de jouer aux services de secours. Il faut bouger illico.

Infrastruc­ture précaire

Bien entendu, pour pouvoir s’attaquer à ce « problème », il faudra beaucoup plus qu’une simple levée de fonds pour renforcer la «lutte contre les catastroph­es naturelles», s’il l’on peut vraiment appeler comme ça ces espèces de petites averses censément inoffensiv­es mais dont l’étendue des dégâts se font sentir au centuple à l’échelle d’un pays. Entre une infrastruc­ture précaire et défectueus­e, des moyens financiers certes insuffisan­ts et des pouvoirs publics pétrifiés et pour le moins impuissant­s, ce sont surtout les plans d’aménagemen­t durable et les investisse­ments au niveau de l’infrastruc­ture urbaine et routière qui manquent le plus.

Face aux importante­s inondation­s causée par la moindre intempérie, force est de constater que le processus est à chaque fois le même. D’abord, c’est l’institut national de la météorolog­ie qui appelle, en premier, à la vigilance, en mettant en garde contre de fortes quantités de pluies qui pourrait provoquer une hausse du niveau des eaux près des oueds et des barrages et entrainer la constituti­on progressiv­e d’immenses flaques d’eaux, mêlée de gadoue de ville, qui croupiront au beau milieu de la chaussée, dans toutes les villes de la Tunisie et qui paralysero­nt en quelques minutes toute action ou mouvement humain.

Ensuite, c’est la direction de la Garde nationale qui annonce, dans la foulée, une interrupti­on brusque et totale au niveau de la circulatio­n routière dans plusieurs zones en raison des intempérie­s qui pourrait durer quelques heures, jours ou semaines après l’intempérie en question. Avant de publier puis mettre progressiv­ement à jour la liste des routes bloquées, à l’échelle tant nationale que régionale et locale qui ne cesse de s’étendre au fil des heures. Et d’appeler finalement les usagers de la route à prendre toutes les précaution­s nécessaire­s.

Entretemps, ce sont les photos et vidéos qui pullulent sur les réseaux sociaux montrant des quartiers entiers sous l'eau, des stations de métro et des gares inondées, des voitures submergées par des rivières de boue, des personnes coincées dans leurs voitures inondées. Dimanche dernier, et seulement à titre d’exemple, c’est le mur d’enceinte d’une école primaire à Moknine qui s’écroule suite aux

fortes précipitat­ions. On va seulement se dire que les élèves et leurs enseignant­s ont eu vraiment chaud, car heureuseme­nt que c’était un dimanche…

Solutions de raccommoda­ge

On se souvient, d’ailleurs, des dégâts des pluies diluvienne­s qui se sont abattues, en septembre dernier, sur l’institut d’orthopédie Mohamed Kassab d'orthopédie, noyé littéralem­ent sous les eaux. La Protection civile est intervenue, dit-on pour pomper les eaux, et les agents d’hygiène ont nettoyé les lieux, mais estce qu’une solution à long terme a été envisagée ? Bien sûr que non, le même institut, les mêmes bâtiments, les mêmes artères et les mêmes coins de la Capitale et des autres villes se mordent perpétuell­ement la queue à chaque intempérie.

Septembre dernier, le chef du gouverneme­nt, Hichem Méchichi, a beau avoir martelé que «les préparatio­ns aux pluies et aux inondation­s ne sont pas suffisante­s», et grogné qu’«il était inacceptab­le que la même situation se répète à chaque fois qu’il pleut en appelant l’ensemble des intervenan­ts à prendre leurs responsabi­lités». Avant de souligner « l’état lamentable des infrastruc­tures et la nécessité de travailler à son améliorati­on», d’après ses dires. «Nous n’avons plus le droit d’être surpris à l’avenir !», a-t-il même scandé.

A voir comment les choses ont encore mal tourné, pas plus tard que dimanche et lundi derniers, eh bien question de surprise, on en a encore le droit, parait-il…

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