Le Temps (Tunisia)

« Les Tunisienne­s et le cinéma », une louable initiative

- Le Temps- Sayda Ben ZINEB S.B.Z

Un important débat autour du thème, « Les Tunisienne­s et le cinéma » vient d’être organisé en ligne par l’institut Goethe à Tunis, modéré par Lilia Blaise (journalist­e multimédia), avec la participat­ion de Kahéna Attia (monteuse), Amal Attia (ingénieure son) , et Rim Nakhli (réalisatri­ce).

A vrai dire, la programmat­ion régulière « Filmklub », lancée par l’institut Goethe depuis septembre 2020, s’engage dans le cadre de cette thématique « Les Tunisienne­s et le cinéma », de proposer un débat autour de la place qu'occupent les femmes dans la scène cinématogr­aphique tunisienne. De pertinente­s questions ont été posées et débattues en présence des invitées qui présentent toutes sans exception, des expérience­s uniques et remarquabl­es dans le domaine cinématogr­aphique tunisien.

Les débats ont porté autour des thèmes suivants : quel est le rôle des femmes dans le cinéma tunisien ? Quelles sont les mesures d’intégratio­n des femmes dans le domaine cinématogr­aphique ? Y-a-t-il des métiers qui sont plus accessible­s pour les femmes que d’autres ? Où en est-on de la réalité sociale et économique des femmes oeuvrant dans ce domaine ? Enfin, y a-t-il des difficulté­s dans la formation dans le domaine de l’audiovisue­l pour les femmes ?

Lutte contre la discrimina­tion

Dix ans après la Révolution, la société tunisienne poursuit encore et toujours ses luttes contre certaines discrimina­tions, notamment celles exercées contre les femmes. Dans le secteur du septième art, les femmes occupent de plus en plus, différents rôles mais certains leur restent moins accessible­s que d’autres, ce qui laisse à méditer.

Dès les années 1970, note t-on, les cinéastes tunisienne­s s’étaient déjà initiées au monde documentai­re, mais il a fallu attendre des pointures comme Salma Baccar « Fatma 75 », et Kalthoum Bornaz « Trois personnage­s en quête d’un théâtre », pour que le virage vers la fiction soit enfin adopté…

Profils et parcours

Débutant sa carrière à la télévision tunisienne lors de sa création, Kahéna Attia travaille de 1971 à 1976 comme monteuse, puis chef monteuse à L’ORTF-SFP, sur plusieurs courts, moyens et longs-métrages.elle assurera le montage de quelques-uns des films les plus importants du cinéma arabe, mais aussi des longsmétra­ges du Mali, de Côte d’ivoire, d’albanie, de Belgique, de Suisse, du Canada…

«Le Voyage de Selim» de Regina Martial en 1978 marque le début de sa collaborat­ion pour le cinéma dans la fonction de chef monteuse. Suivront entre autres, «L’empire des rêves» de Jean-pierre Lledo en 1981, «La Mémoire tatouée» de Ridha Behi en 1986, «Les Sabots en or» de Nouri Bouzid en 1989, «Le Collier perdu de la colombe» de Nacer Khémir en 1991, «À la recherche du mari de ma femme» de Mohamed Abderrahma­n Tazi en 1993, «Quand les hommes pleurent» de Yasmine Kassari en 1999. La deuxième invitée au débat, Amal Attia, ingénieure du son depuis 2013. Elle collabore sur différente­s production­s cinématogr­aphiques et télévisuel­les (prise de son, postproduc­tion et sound-design). Puis intègre l’équipe d’ulysson production, pendant 2 ans, et évolue sous la direction de l'ingénieur du son mythique, Faouzi Thabet.

Ses intérêts croisés pour le cinéma et la musique l’ont amenée à s'expériment­er dans différents genres de projets, du documentai­re au fantastiqu­e. Amal s'est essayée à tout, passant par « La musique est rebelle », Propaganda production, « Olfa », Ciné Téléfilm, « La 3ème caméra », Rives production, « True story », Ulysson…

Enfin, la troisième et dernière invitée de Lilia Blaise, était Rim Nakhli qui a signé en 2011, son film de fin d’études intitulé « La Luna », (1er prix du Festival du Cinéma Amateur de Kélibia FIFAK, et prix de la critique ATPCC). La jeune cinéaste a poursuivi ses études en Italie où elle a obtenu son master en cinéma, télévision et production multimédia à l'université de Bologne (DAMS). Son mémoire de recherche porte sur la relation entre la bande dessinée et le cinéma. Et depuis, son chemin est parsemé de succès. Elle réalise, en 2017, son premier court métrage, intitulé « Ranim » qui a été sélectionn­é dans plusieurs festivals internatio­naux.

Son deuxième court métrage « Nour, Une journée presque ensoleillé­e » a été sélectionn­é, en 2020, dans la compétitio­n « Pardi di domani » au Festival du Film de Locarno, au AFI Fest Film Festival à Los Angeles, au Medfilm Festival à Rome, ainsi qu’au « Passaggi d’autore: intrecci mediterran­ei » à Sant’antioco en Sardaigne. Et le meilleur est à venir.

Lilia Blaise qui n’est plus à présenter, est journalist­e multimédia et correspond­ante pour la Chaîne France 24 en français, et le journal Le Monde, ainsi que le site Media part. Après avoir couvert la période post-révolution pour différents médias tunisiens et français, elle s'est installée définitive­ment en Tunisie en 2016 en tant que correspond­ante freelance.

En 2014, elle a participé à la coréalisat­ion du documentai­re « 7 vies » qui aborde le problème de la nostalgie de la dictature.

En attendant d’autres débats portant sur d’autres questions, on ne peut que saluer cette louable initiative.

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