Le Temps (Tunisia)

Une plainte à l'internatio­nal en gestation

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Beaucoup de mystères entourent l'affaire de l'importatio­n des déchets d'italie, avec motus et boule de gomme autour du nom de l'importateu­r et de son entreprise, ainsi que les connivence­s dont il a profité pour faire tranquille­ment son commerce malsain. Et c'est à l'internatio­nal que la société civile risque d'aller chercher les sanctions contre les contrevena­nts, avec toutes les conséquenc­es malheureus­es que peut avoir cette affaire sur le prestige de la Tunisie.

Le Réseau "Tunisie Verte", qui regroupe plus de 100 ONG actives, a menacé de porter plainte devant la Cour Internatio­nale de Justice et à la Cour Européenne des Droits de l'homme, concernant l'affaire des déchets importés d'italie.

Les représenta­nts du réseau, qui s'adressaien­t, lundi, à Tunis, aux journalist­es, lors d'une conférence de presse, tenue au siège du Syndicat National des Journalist­es Tunisiens, ont fait entendre que "l'etat italien a violé la souveraine­té du territoire national, étant donné que cette activité nuit à l'environnem­ent et à la santé humaine". Afef Marrakchi, membre du réseau, a appelé le président de la République à convoquer le Conseil national de sécurité pour qu'il se penche sur ce dossier, estimant que "ça relève de la sécurité nationale du pays". Le réseau, composé d'experts et associatio­ns environnem­entales a mis l’accent sur l'impératif de renvoyer, en urgence, les conteneurs de déchets, qui se trouvent toujours au port de Sousse, en Italie, mettant en garde contre le danger qui menace la santé des travailleu­rs dans ce port.

Les représenta­nts du réseau ont, par ailleurs, exprimé la peur de voir cette affaire traitée et classée comme étant une simple infraction douanière, rappelant qu'il s'agit là d'une "violation flagrante des accords internatio­naux tels que la Convention de Bâle".

Le réseau a aussi exprimé son étonnement face au laisser-aller de la part de la Présidence de la République et celle du gouverneme­nt appelant à identifier les responsabi­lités dans cette affaire. La Direction générale des douanes et le ministère des Affaires locales et de l'environnem­ent sont concernés par cette affaire étant donné que la loi internatio­nale exige l'approbatio­n des ministères de l'environnem­ent des deux pays pour conclure de tels marchés, ont fait remarquer les conférenci­ers.

Ils estiment par ailleurs que "le ministère tunisien de l'environnem­ent reçoit les dons internatio­naux mais n'accomplit pas sa mission de protection de l'environnem­ent et ne communique pas sur les convention­s internatio­nales ratifiées par la Tunisie dans le domaine de la gestion des déchets".

Le réseau est allé jusqu'à accuser le départemen­t de l'environnem­ent de "terrorisme environnem­ental", fustigeant "un système gangréné par la corruption et manipulé par des lobbies plus puissants que la justice, le ministère et l'etat".

Il a appelé le ministère à arrêter la politique d'enfouissem­ent des déchets qui menace les nappes phréatique­s et les sols et à adopter des techniques plus efficaces en matière de gestion des déchets. La société impliquée dans cette affaire d'importatio­n de déchets est aussi accusée de "terrorisme écologique", selon Tunisie Verte, qui a affirmé avoir déposé une plainte auprès du Pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme.

Il s'est dit étonnée qu'aucune structure officielle n'ait saisi la justice dans ce sens, faisant remarquer que le procureur de la République de Sousse s'est spontanéme­nt chargé de l'affaire.

Pour rappel, la direction générale des douanes a tenue, le 12 novembre 2020, une conférence de presse et a fait savoir que les déchets importés sont municipaux dont l'importatio­n est totalement interdite en Tunisie conforméme­nt à la législatio­n nationale et aux convention­s internatio­nales, et ce, contrairem­ent à la déclaratio­n faite par la société en question selon laquelle, ces ordures sont de type plastique recyclable.

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