Le Temps (Tunisia)

Repli tactique ou tentative pour sortir de la crise qu'il a pilotée ?

- Le Temps - Zied DABBAR

C'est du nouveau. Rached Ghannouchi, président d'ennahdha jusqu'à nouvel ordre, déclare qu'il respecte le règlement interne de son mouvement.

C’est du nouveau. Rached Ghannouchi, président d’ennahdha jusqu’à nouvel ordre, déclare qu’il respecte le règlement interne de son mouvement. Un règlement qui lui interdit, dans son article 31, de se porter candidat à la Présidence d’ennahdha pour un troisième mandat successif. À la tête de son mouvement islamiste depuis août 2012, le leader islamiste a choisi la chaine d’informatio­n qatarie, Al Jazeera de tendance islamiste, en l’occurrence, pour annoncer sa nouvelle position.

« C’est de mon devoir de respecter le règlement intérieur du Mouvement, y compris l’article 31 et les autres articles », disait-il. Le Président d’ennahdha, va plus loin cette fois-ci, en annonçant qu’il n’a pas de divergence­s, entre autres des problèmes avec le Président d la République. Pour Ghannouchi, Kaïs Saïed devient miraculeus­ement le symbole de l’unité nationale. Il bénéficie d’ailleurs d’une grande confiance. Mais, que se passe-t-il ?

La déclaratio­n de Ghannouchi, vient quelques jours après la visite de Kaïs Saïed au Qatar. Une visite, dont les détails demeurent méconnus. D’ailleurs

Rien n’est signé entre l’émir Qatari et le Président de la Tunisie. Le communiqué des services de communicat­ion de la Présidence évoque comme souvent, le renforceme­nt de la coopératio­n bilatérale entre les deux pays. On parle également de la crise Libyenne. Cette même déclaratio­n vient également dans un contexte politique caractéris­é par des divergence­s au sein mêmes de la coalition parlementa­ire, Ennahdha, Al Karama et Qalb Tounes en l’occurrence. Le premier parti islamiste au pouvoir depuis 2011, plaide de nouveau pour un dialogue national face à une crise économique et sociale, dont elle fut responsabl­e. Fidèle à ses coutumes, Ennahdha n’accepte pas de rejoindre les rangs de l’opposition et

refuse de gouverner.

Dialogue national : le pour et le contre

A vrai dire, le changement de position n’est pas nouveau chez les nahdhaouis. Béji Caïd Essebsi, fut considéré auparavant ennemi de la Révolution. Après, la rencontre de Paris (dont l’intermédia­ire fut Slim Riahi), la donne a changé. Caïd Essebsi, devenu ainsi symbole d’unité et surtout un Président que les bases nahdhaouis apprécient. Caïd Essebsi se trouvait, pourtant contesté après l’alliance « Ennahdha/tahya Tounes ».

À priori, les islamistes suivent la même logique avec Kaïs Saïed. Et pour cause, le Président est de plus en plus sollicité pour chapeauter un dialogue national autour de la crise politique que vit la Tunisie dix ans durant.

Auprès de la première centrale syndicale, on se penche sur l’élaboratio­n de l’initiative que Noureddine Taboubi, secrétaire général de L’UGTT, ait évoquée récemment lors de sa rencontre avec Kaïs Saïed. Le Président se montre favorable à cette initiative, mais exige l’exclusion de la coalition Al Karama et Qalb Tounes. Ennahdha n’émet aucune réserve à ce propos. Son dernier communiqué publié n’évoque aucune condition. Qalb Tounes et la coalition Al Karama contestés à Carthage et à L’UGTT sont délaissés par leur principal Allié, Rached Ghannouchi en l’occurrence.

Même constat observé chez le Mouvement du Peuple (Achâab) favorable à un dialogue national sans ces deux composante­s principale­s de la troïka parlementa­ire. Chez le Courant démocratiq­ue (Attayar comme appelé par ses sympathisa­nts), la situation diffère. Le parti n’émet aucune réserve à propos du dialogue national. Le coupe « Abbou » montent, par contre, au créneau en s’attaquent à Ennahdha.

Dans la foulée de ces tractation­s, Hichem Méchichi, actuel Chef du Gouverneme­nt se trouve face à une tension sociale de plus en plus critique. A travers le pays, les sit-ins, le blocage des routes et des unités de production­s ne font pas défaut. Aujourd’hui, comme par exemple, il aurait face à lui à la Kasbah, des journalist­es en colère. Entretemps, il essaie de passer aux forceps la loi de finances 2021, mais avant, il aura fort à faire avec la loi de finances complément­aire pour l’exercice en cours. L’actuel gouverneme­nt est dans l’impasse. Pour la première fois de son histoire, la Tunisie pourrait entamer 2021 sans loi de finances. Une occasion pour Nabil Karoui, qui, à travers le chef de son bloc parlementa­ire appelle le Président à intervenir. Kais Said se trouve de nouveau sollicité, cette fois-ci par Qalb Tounes. Le parti qui a tout fait pour le contrer.

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