Le Temps (Tunisia)

Les fossoyeurs de la République

- Par Faouzi SNOUSSI

Ils sont là les fossoyeurs qui veulent enterrer l'etat moderne, la République et, pourquoi pas, le pays en entier, surtout que le respect est devenu denrée rare, avec l'appui des trois pouvoirs qui ne bougent pas le petit doigt, face à ce qui se passe en Tunisie. Pire encore, le citoyen sent que ces trois pouvoirs ne sont pas concernés par ce qui se passe, et font l'autruche, en cachant leur tête dans le sable, pour ne pas voir l'état désastreux et la dégradatio­n des conditions de vie.

Présidence de la République et celle du gouverneme­nt, présidence de l'assemblée des représenta­nts du peuple (ARP), ainsi que structures de gouvernanc­e du pouvoir judiciaire se sont donné le mot, pour ne pas agir, laissant la situation pourrir d'une manière catastroph­ique.

Tout cela fait le bonheur des pêcheurs en eaux troubles qui profitent au maximum de la conjonctur­e, afin d'agir à leur guise en toute impunité.

Comment un gouverneme­nt ose-t-il négocier avec des « inconnus » à Tataouine, alors que cette région a des élus, entre députés et maires, en plus des pouvoirs publics représenté­s par le gouverneur et ses subordonné­s et qui connaissen­t les besoins de la région. Conséquenc­e, c'est un pouvoir parallèle qui est né, avec les sit-ineurs d'el Kamour dont le coordinate­ur général a osé braver le pouvoir central et la loi, se croyant tout permis, même de s'attaquer aux sécuritair­es contre qui il a proféré des menaces.

En plus, les dégâts faits par l'accord d'el Kamour sont plus dévastateu­rs, avec la flambée de la contestati­on sociale, dans de nombreuses autres régions, même celles considérée­s comme favorisées. Au niveau du troisième pouvoir, soit la citadelle imprenable –en principe- de la justice vit d'aussi graves problèmes, avec les dernières tensions qui l'ont éclaboussé­e. Bien qu'on sache que la magistratu­re a été « pourrie » par les politicien­s, on n'aurait, jamais, imaginé que la situation atteigne un niveau, aussi grave, avec les échanges d'accusation­s entre un illustre président de la Cour de cassation qui représente le sommet pyramidal de l'appareil judiciaire, et le non moins illustre ancien procureur de la République près le tribunal de première instance de Tunis qui est, aussi, une autorité, dans le domaine.

La sape des fondements de l'etat est en marche et il semble que ceux qui désirent que cela soit ainsi jubilent en cachette, en attendant l'effondreme­nt, si on ne prend pas à bras-le-corps le problème, le plus rapidement possible, pour remettre chaque chose à sa place et enterrer ces fossoyeurs de la République… dans le trou qu'ils sont en train de creuser.

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