Le Temps (Tunisia)

Des femmes militantes réduites au silence par les armes

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L’assassinat le 10 novembre d'hanane al-barassi, a créé un choc en Libye. L’avocate engagée a été abattue dans sa voiture en plein jour à Benghazi, dans l’est libyen. Ce n’est pas le premier crime du genre. Avant elle, quatre autres militantes des droits humains ont été tuées dans un climat de totale impunité.

Une mort programmée

Figure médiatique en Libye, Hanane albarassi, 46 ans, défendait haut et fort les droits des femmes. Très active sur les réseaux sociaux, elle dénonçait les violences faites aux femmes et leur donnait souvent la parole. Cette avocate engagée critiquait aussi la corruption qui gangrène son pays. La veille de sa mort, elle avait promis des révélation­s sur le fils de Khalifa Haftar, homme fort de l’est libyen. Elle se savait menacée et l’avait dit explicitem­ent dans une vidéo live (en direct) sur Facebook quelques minutes avant sa mort. La France, L’ONU et plusieurs ONG locales et internatio­nales, comme Human Rights Watch ou Amnesty ont condamné ce crime et demandé que justice soit faite.

Amnesty internatio­nal

Plusieurs voix de femmes activistes se sont ainsi tues en Libye. En juillet 2019, la députée Siham Sergiwa a été enlevée à son domicile à Benghazi. Parlementa­ire réputée pour ses prises de position courageuse­s, elle avait critiqué l’offensive lancée par le maréchal Haftar sur Tripoli, capitale sous le contrôle du Gouverneme­nt d'union nationale (GNA) reconnu par les Nations unies. Aucune enquête n’a été ouverte et le sort de la parlementa­ire reste inconnu à ce jour.

Cette banalisati­on de la violence inquiète particuliè­rement l’associatio­n d’avocats LFJL (Lawyers for justice in Libya) dirigée par une femme. Elle rappelle que cinq militantes des droits humains ont disparu depuis 2014 parmi lesquelles, l’avocate Salwa Bugaighis, la députée Fariha Al-berkawi et l’activiste Entisar el Hassari.

LFJL, Associatio­n d'avocats libyens

La Libye a sombré dans le chaos après le renverseme­nt du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Le pays est depuis déchiré entre le Gouverneme­nt d'union nationale (GNA) basé dans l'ouest à Tripoli, reconnu par L'ONU, et un pouvoir incarné par Khalifa Haftar dans l’est. Un cessez-le-feu permanent a été conclu en octobre 2020. Des représenta­nts libyens de tous bords sont en pourparler­s directs, sous l'égide de L'ONU, pour trouver un règlement politique au conflit.

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