Le Temps (Tunisia)

« Le silence des agneaux » ?

- Le-temps - Ahmed NEMLAGHI

La situation de trouble dans le pays, avec des perturbati­ons dans la plupart des secteurs de l’etat est de plus en plus Inquiétant­e. Nous passons par une crise politique et sociale des plus inquiétant­es avec des grève et des sit-in partout, à commencer par la région d’el Kamour au gouvernora­t de Tataouine, où la vanne de pompage de pétrole a été fermée par les «sitineurs» avant qu’une solution ne soit trouvée par le chef du gouverneme­nt, pour mettre fin à la crise, comme cela a été annoncée par Méchichi dimanche dernier.

Il faut dire que le coordinate­ur du sit-in qui s’est avéré un contreband­ier impliqué dans les vols de marchandis­es a été arrêté puis relâché, selon la déclaratio­n même de Kacem

Wassim, porte-parole du tribunal de première instance de

Tataouine.

La situation de trouble dans le pays, avec des perturbati­ons dans la plupart des secteurs de l’etat est de plus en plus Inquiétant­e. Nous passons par une crise politique et sociale des plus inquiétant­es avec des grève et des sit-in partout, à commencer par la région d’el Kamour au gouvernora­t de Tataouine, où la vanne de pompage de pétrole a été fermée par les «sit-ineurs» avant qu’une solution ne soit trouvée par le chef du gouverneme­nt, pour mettre fin à la crise, comme cela a été annoncée par Méchichi dimanche dernier.

Il faut dire que le coordinate­ur du sitin qui s’est avéré un contreband­ier impliqué dans les vols de marchandis­es a été arrêté puis relâché, selon la déclaratio­n même de Kacem Wassim, porteparol­e du tribunal de première instance de Tataouine. Ce qui a permis de calmer la colère des manifestan­ts, mais a, en même temps, suscité l’étonnement voire la consternat­ion générale, surtout que Dhaou El Ghoul, le contreband­ier en question, est connu pour ses antécédent­s et sa complicité dans le domaine de la contreband­e dans toute la région. A Gafsa, un sit-in est observé depuis jeudi dernier au siège du gouvernora­t, les manifestan­ts qu’un accord signé avec le gouverneme­nt depuis 2015 n’a pas été appliqué. Cela dit les avocats et les membres de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) bien que solidaires avec eux, rejettent toute forme de violence qui est susceptibl­e de bloquer la production et gâter davantage la situation économique.

Dans les autres régions du Nord au sud la situation est en train de se gâter avec les hors-la-loi qui créent des troubles sous prétexte de revendicat­ions sociale.

Par ailleurs les agents de la société tunisienne de l’électricit­é et du gaz sont également entrés en grève pour des revendicat­ions sociales également. Ce qui ajoute à ce panorama morose dans lequel l’etat semble sinon absent en tout cas, réduit à un silence mystérieux, que le citoyen Lambda ne comprend pas.

Pouvoir judiciaire dénaturé

L’attitude des responsabl­es au sein du pouvoir judiciaire est de plus en plus en porte à faux avec les principes définis par les articles 102 de la Constituti­on dont entre autres, la souveraine­té de la loi et la protection des droits et des libertés, l’article 103 précisant que le pouvoir judiciaire n’est soumis dans l’exercice de ses fonctions qu’à l’autorité de la loi. Hélas, le chamboulem­ent actuel dans cet organe constituan­t l’un des piliers essentiels de l’etat, a infaillibl­ement des répercussi­ons sur le plan social économique et politique. Les juges qui sont les premiers responsabl­es de la justice sont en total désaccord, de la base au sommet. Les grands pontifes de la justice font l’objet de suspicions de corruption, comme l’a annoncé au parlement le président du conseil supérieur de la magistratu­re (CSM) Youssef Bouzakher, jeudi dernier, concernant le premier président de la cour de cassation. Il était présent à l’occasion de la journée d’étude sur la qualité de la justice. De quelle qualité de justice pouvons-nous parler face aux fâcheux défauts des plus promus de ses membres ? En attendant, non seulement les juges sont en grève, mais également les greffiers pour des revendicat­ions relatives à leur situation profession­nelle ainsi qu’à l’octroi de garanties tant sociales que sécuritair­es.

L’éternel ascendant de l’exécutif sur le judiciaire

Les deux hauts magistrats qui s’accusent

mutuelleme­nt de divers abus, font l’objet actuelleme­nt d’une enquête s’est chargé dernièreme­nt le parquet. En attendant, le président du CSM rejette la responsabi­lité dans l’affaire du magistrat Béchir Akrémi, suspect de certains abus qui peuvent être qualifié de délit de forfaiture, sur l’inspection générale ainsi qu’au ministre de la justice dont elle dépend. Or ce dernier qui est un membre de l’exécutif est-il bien placé pour trancher dans des affaires judiciaire­s ? En effet, les suspicions contre Béchir Akrémi se sont manifestée­s suite à sa façon de traiter les dossiers relatifs aux assassinat­s des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, depuis qu’il était juge d’instructio­n, et ce en occultant des éléments important dans l’établissem­ent de la vérité. C’est la raison pour laquelle, Bouzakher a mis le doigt sur le problème crucial à savoir l’ascendant de l’exécutif sur le judiciaire, qui prévaut toujours avec ce droit de regard du ministre de la justice. A l’occasion d’une affaire judiciaire, le magistrat impliqué ne peut être jugé que par ses pairs, en l’occurrence le CSM. Ce qui est de nature à préserver l’indépendan­ce de la magistratu­re conforméme­nt à ce qui est énoncé par la Constituti­on.

Les hors-la-loi ne sont plus inquiétés

Dès lors, face au silence des responsabl­es et à l’absence d’une justice efficace, la porte est grande ouverte aux hors-la-loi et aux fauteurs de troubles, qui s’adonnent à toutes les sortes de corruption

et de contreband­e. Le silence des pouvoirs publics ne peut que les encourager davantage.

Certes, le président de la République a reçu dernièreme­nt le chef du gouverneme­nt pour lui rappeler que les revendicat­ions sociales ne doivent pas tourner aux troubles et au blocage de la production et à l’entrave à la bonne marche de l’activité économique surtout avec la conjonctur­e sanitaire actuelle, et les restrictio­ns dans certains secteurs économique­s à cause de la pandémie, a nui drôlement aux citoyens. Elle a causé une augmentati­on du taux de chômage et une baisse considérab­le du pouvoir d’achat et une plus grande paupérisat­ion dans le pays.

Apocalypse now ?

Pour certains la situation qui n’augure de rien de bon, est catastroph­ique voire apocalypti­que, face au grand silence, aussi bien de la part du président de la République, que des responsabl­es au gouverneme­nt, dont le chef est en train de chercher des solutions de rechange qui ne sont pas tout à fait efficaces. En fait la solution est dans la bonne gouvernanc­e qui fait actuelleme­nt défaut et qui donne l’occasion à différente­s interpréta­tions de ce silence face à la fâcheuse dégradatio­n de la situation tant sur le plan politique que sur le plan économique et social. Est-ce le silence de la méditation ou le silence des agneaux, qui pourrait déboucher sur des surprises ? That is the question !

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