Le Temps (Tunisia)

« Ok » pour le principe… mais à sa manière !

Kaïs Saïed pressé pour adhérer au dialogue national

- Le Temps – Zied DABBAR

Le Président de la République est de plus en plus sollicité pour adhérer au dialogue national, auquel, on appelle du côté politique. A vrai dire, il est sollicité, parfois même poussé à chapeauter, après avoir lancé, un dialogue national autour des moyens de sortir de l’impasse politique.

Le Président de la République est de plus en plus sollicité pour adhérer au dialogue national, auquel, on appelle du côté politique. A vrai dire, il est sollicité, parfois même poussé à chapeauter, après avoir lancé, un dialogue national autour des moyens de sortir de l’impasse politique.

Au départ, l’idée avait été lancée par le bloc démocratiq­ue. Bloc, qui regroupe deux partis politiques, le Courant démocratiq­ue (Attayar) et le Mouvement du Peuple (Achâab) . Ces deux partis, proches du Président, lancent l’idée d’un dialogue économique et social. Ils appellent ainsi, Kaïs Saïed à présider cette initiative. Quelques jours après, c’est le tour de la première centrale syndicale du pays (à savoir L’UGTT), de lancer un nouvel appel au Président de la République pour initier un dialogue national d’ordre politique.

Pour L’UGTT, la crise actuelle est d’ordre politique. Ainsi, devraient être les solutions. Kaïs Saïed avait reçu Noureddine Taboubi, Secrétaire Général de L’UGTT, après avoir reçu des délégation­s du bloc démocratiq­ue. A priori, il opte pour un dialogue national de nature politique. D’ailleurs, il appelait souvent à un changement radical du régime politique outre une révision de la loi électorale.

Qalb Tounès et Al Karama out

Le Président accepte le principe d’un dialogue national, mais exige l’exclusion des partis soupçonnés de fraude électorale et de corruption outre les partis jugés populistes. Aucun nom, n’est communiqué à ce propos. Le Président et les parties dont l’idée du dialogue national en découle, rejette Qalb Tounes et la Coalition Al Karama. Deux composante­s principale­s de la troïka parlementa­ire dirigée par Rached Ghannouchi. Ce dernier n’a pas tardé à réagir. Ennahdha est pour le dialogue. Elle adhère même aux appels lancés au Président pour lancer un dialogue national. Rached Ghannouchi va plus loin en annonçant que Kaïs Saïed est le symbole de l’unité nationale (voir le Temps numéro 25-1120220).

Les appels lancés au Président de la République ne s’arrêtent pas. Qalb Tounes a, même, adhéré en lançant l’idée du recours à l’article 66 de la Constituti­on. Un article qui donne l’opportunit­é à Kaïs Saïed de prendre les commandes au niveau des dépenses de l’état par décret présidenti­el. Une simple déclaratio­n de Rached Ghannouchi, concernant son alliance avec Nabil Karoui est suffisante pour que Qalb Tounes change d’avis et vote pour l’adoption du projet de loi de finances 2021. Un projet qu’il a au départ rejeté. Les manoeuvres du parti présidé par Nabil Karoui ne s’arrêtent pas. On presse Saïed à prendre les choses en main et lancer un dialogue national auquel le parti est exclu.

Kaïs Saïed rassemble ses nouveaux alliés

Le recours à la Constituti­on, cette fois-ci à l’article 80, est lancé par le Président de la commission des finances, Haykal Mekki, en l’occurrence. L’article 80 de la Constituti­on évoque les cas de dangers imminents menaçants l’intégrité nationale et même l’indépendan­ce du pays. Il autorise le Président à annoncer des mesures. Serait-ce le cas ? Quoi qu’il en soit, Kaïs Saïed se trouve de plus en plus sollicité et se doit de réagir.

Dans la foulée des tractation­s, le Président multiplie ses rencontres. Alors qu’il marque son absence à propos de la colère des journalist­es (voir le Temps 24-11-2020), il réagit vite face à la crise que connaît la magistratu­re en Tunisie. Il reçoit, le même jour, le président de l'associatio­n des magistrats tunisiens, la présidente de l'union des magistrats et le président de la Cour des comptes, la présidente du Syndicat des magistrats tunisiens, ainsi que la présidente de l'associatio­n des Magistrate­s tunisienne­s. Kaïs Saïed regrette, face aux représenta­nts des structures profession­nelles judiciaire­s, l’absence de toute action en justice par rapport au rapport de la Cour des comptes sur les élections présidenti­elle et législativ­es de l'année 2019. Le Président ne cache pas son insatisfac­tion.

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