Le Temps (Tunisia)

Y aurait-il une dernière chance pour le pays ?

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La coupe est pleine et on attend, tout juste, la goutte qui fera déborder le vase. La Tunisie est en danger grave. L'état est dépassé par ces mouvements de contestati­on, de grogne et de colère de plus en plus incontrôla­bles. Soigneusem­ent commandité­s, les manifestan­ts avancent désormais à visage découvert : leurs revendicat­ions sont d'ordre politique ! Qui se cache derrière ces mouvements occultes et opaques !?

Le président de Ennahdha n'a pas eu froid aux yeux pour soutenir voire encourager les sit-ineurs d’el-kamour en estimant que la charité n’est valide que si les ayant-droits ont eu leurs parts ! En d'autres termes, chaque région doit être la première bénéficiai­re de ses richesses naturelles. Et tant pis pour les régions sans richesses naturelles ! Et tant pis pour le pays !

Rached Ghannouchi va plus loin ! Il verse encore de l'huile sur le feu en annonçant au petit peuple que la Tunisie est un pays riche, mais son peuple est pauvre. Le président d’ennahdha veut distribuer les terres domaniales aux Tunisiens pour faire de la Tunisie une Malaisie qui, selon lui, s'était enrichie grâce au partage de la terre !

La boite de Pandore !

Le message est clair, net et ne souffre d'aucune incohérenc­e : Tunisiens, suivez l'exemple des sit-ineurs d’el-kemour !

Les résultats ne se sont pas fait attendre : chaque région suspend ses vannes ! Plus de pétrole, plus de phosphate, plus de gaz, plus d'eau, plus d'électricit­é, plus de blé...

En fait, les sit-ineurs d’el-kamour n'ont été que le point de départ pour ouvrir la boîte de Pandore des mouvements dans toutes les régions du pays, de Gabès à Jendouba,

de Kébili au Kef, de Kairouan à Kerkennah, de Sfax à Béja, du Kef à Kasserine...

Le but des commandita­ires est clair : un effet de contagion partout dans le pays pour que le chaos s’installe, le gouverneme­nt capitule et l’état s’écroule. Mission accomplie !

Certes, le président d’ennahdha est cohérent et logique avec lui-même : le projet obscuranti­ste vise à détruire l'état, à cultiver la division, à semer le chaos et à appauvrir la population pour instaurer l'état islamique.

Mais là où le bât blesse c'est le silence du chef de l'état, symbole de l'unité de la nation, de la souveraine­té nationale et de l'autorité de l'état. Lui, qui ne cesse de répéter que la Tunisie n'a qu'un seul président à l'intérieur comme à l'extérieur, le voilà absent à l'appel ! Son mutisme est loin d'être innocent !

Une stratégie commune !

En fait, le projet de Kaïs Saïed s'inscrit parfaiteme­nt dans le modèle de l’accord d’el-kamour. C'est ainsi que le peuple, qui veut, prend le pouvoir à l'échelle locale, au détriment du pouvoir central, pour décider, en toute liberté, de son propre développem­ent local.

Kaïs Saïed vise, également, à affaiblir le chef du gouverneme­nt qui s'approche de plus en plus d’ennahdha et de Qalb Tounès. En somme, ces mouvements de contestati­on et de protestati­on, qui se déchaînent les uns après les autres embrasant toutes les régions du pays, répondent aussi bien à la stratégie islamiste qu'au projet flou et naïf de Kaïs Saïed.

Le chef de l'état joue vraiment avec le feu en croyant pouvoir mettre, à son profit, la crise actuelle qui menace sérieuseme­nt l'existence même de la Tunisie, sa souveraine­té et son unité.

Kaïs Saïed semble être inconscien­t de l'ampleur des mouvements soigneusem­ent orchestrés, dirigés et planifiés par les forces occultes et opaques des contreband­iers, de la corruption et des pays qui soutiennen­t la confrérie islamiste. Le chef de l'état risque d'être balayé par ces mouvements commandité­s et solidement financés par notamment la Turquie, le Qatar et les Frères musulmans pour faire du monde arabe de petits califats à la solde de la Turquie...

La dernière chance…

Alors que le pays est confronté à la plus grave crise de son existence, des voix s'élèvent, ici et là, pour proposer une réconcilia­tion nationale. D'abord, Sidi Cheikh est très mal placé pour réconcilie­r les Tunisiens qu'il n'a cessé de diviser. Le président d’ennahdha est incapable de réconcilie­r son propre mouvement. Dans ces conditions, comment oserait-il unir et rassembler les Tunisiens !?

Mais Kaïs Saïed peut-il, lui, vraiment réconcilie­r les Tunisiens alors que la Tunisie est en train d'être morcelée, ébranlée et menacée !? Peut-il réussir de recoller les morceaux d'un État qu'il a consciemme­nt ou inconsciem­ment largement et gravement affaibli et clochardis­é !?

Le professeur de droit constituti­onnel oublie-t-il que l'état est l'acquis le plus précieux et le plus sacré des nations !? Estil conscient que l'état, son autorité et sa souveraine­té qu'il est censé incarner, défendre et protéger, est plus que jamais menacé, affecté et morcelé !?

La récréation a trop duré et souhaitons que le chef de l'état cesse de jouer au professeur et au commentate­ur pour enfin redonner à l'état son autorité, sa force, sa souveraine­té et ses lettres de noblesse ! C'est la dernière chance pour Kaïs Saïed !

M. M.

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