Entre les deux têtes de l‘exécutif, les revendications balancent
SI le président de la République qui a reçu mercredi dernier, les membres du bureau exécutif de l’association des magistrats tunisiens (AMT), a fait preuve de compassion face à leurs doléances, selon ce qu’il ressort du communiqué de l’association, le ministre de la justice, Mohamed Boucetta, a estimé, lors de son audition par la commission parlementaire de la législation générale, que les magistrats font preuve d’ingratitude en revendiquant l’amélioration de leur situation. Bien plus il a soutenu que « les magistrats sont les moins exposés au virus du Corona, étant donné qu’ils peuvent travailler à distance ». Cela était en réponse aux propos du président de L’AMT, Anas Lahmadi, qui a fustigé l’indifférence du ministre face aux problèmes qu’endurent les magistrats en déclarant que : « Mohamed Boucetta était venu pour dormir dans son bureau ». Le hic est qu’un problème général qui intéresse l’un des piliers de l’etat, tourne en querelle personnelle entre les deux antagonistes, qui appartiennent, est c’est le plus déplorable, à la même institution. Mohamed Boucetta, actuellement membre de l’exécutif, était auparavant, président de la Cour d’appel de Bizerte avant d’être nommé à la tête de la justice. Il n’a pas manqué de faire remarquer entre autres, que les juges étaient les mieux payés de la fonction publique. Or les revendications des magistrats ne concernent pas essentiellement les salaires, quoiqu’ils soient payés selon une grille de salaire spéciale, comme il était payé lui-même, en plus des avantages en nature en tant que premier président de la cour d’appel qu’il était. Les revendications des juges concernent essentiellement le manque de moyens afin que le service public de la justice fonctionne dans les meilleures conditions et qui sont pour le moment, à déplorer. Et puis 25 magistrats contaminés par le virus du corona, ce n’est pas peu comme semble le croire le ministre qui n’a pas dit un mot sur les multiples risques qu’ils rencontrent dans l’exercice de leur profession, souvent à cause de l’ascendant de l’exécutif qui a tant nui à leur réputation. Le ministre de la justice est également le garant de l’indépendance du pouvoir judiciaire qu’il est censé lui aussi défendre et consolider, tant en sa qualité de ministre de la justice qu’en sa qualité de magistrat chevronné.