Désertification artistique, dites-vous ?
De tous les secteurs d’activité en ébullition en ce moment contre les mauvaises conditions de vie et de travail et ils sont nombreux et des plus importants, celui des artistes mérite une pause spéciale. Une danseuse a déclaré à la presse avoir été réduite à la mendicité pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille.
On sourirait moins du choix de l’exemple quand on sait que la danse était, un jour, une activité sacrée et se pratiquait dans les temples des dieux, au même titre d’ailleurs que le chant, la musique, la poésie, et les représentations théâtrales et picturales.
Les anciens arabes, entre autres, et divers autres peuples de la terre pensaient que les poètes étaient inspirés par les dieux, comme les prophètes.
Aussi, un commentateur a raison de dire que profaner les activités artistiques c’est profaner le sacré.
Grâce rendue à l’etat
Dans un petit article en guise de nécrologie, un confrère a littéralement pleuré, récemment, la fermeture définitive d’une ancienne librairie connue de la ville de Tunis de sorte que le peu d’établissements similaires qui en reste se compte au bout des doigts.
Les salles de cinéma et d’autres spectacles l’avaient fait déjà depuis longtemps. Une véritable désertification artistique menace de s’installer à tout instant, mais quoiqu’on dise, grâce soit rendue à l’etat qui, malgré toutes les contraintes, continue d’organiser les grandes manifestations artistiques et culturelles ayant fait la réputation internationale de la Tunisie, dont les prestigieuses Journées cinématographiques de Carthage, auxquelles s’étaient ajoutées, ces dernières années, les Journées théâtrales de Carthage, les Journées musicales de Carthage, et récemment les Journées artistiques de Carthage. Des subventions sont accordées à la production cinématographique, au livre culturel et aux créations musicales et théâtrales passant par les festivals.
Mais, rien, absolument rien, du côté du privé. Que Dieu garde le libéralisme.
Mesures
Travailleurs indépendants vivant de leur propre revenu, les artistes tunisiens, au nombre de 20 mille environ, ont été sérieusement affectés par la crise sanitaire liée à la pandémie de coronavirus. Les pouvoirs publics en charge des affaires culturelles ont décidé des mesures financières en leur faveur, mais elles ont été jugées très insuffisantes et, de surcroit, soumises à des formalités lassantes. Un mouvement de protestation ouvert avait été lancé.
Entre temps, l’inspiration tunisienne est en panne.