Le Temps (Tunisia)

« La transition qu'ils qualifient de démocratiq­ue n'est qu'un passage du parti unique à un seul groupe corrompu »

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Le Temps - La crise perdure et atteint des sommets néfastes pour la gouvernanc­e du pays. La décision de Hichem Méchichi d'opérer un nouveau remaniemen­t n'est pas passée sans provoquer une réaction du président de la République, Kaïs Saïed qui lui a adressé un message personnel comprenant certains volets juridiques concernant ce remaniemen­t et a attiré son attention à propos sur certaines dispositio­ns de la Constituti­on.

Le Temps - La crise perdure et atteint des sommets néfastes pour la gouvernanc­e du pays. La décision de Hichem Méchichi d'opérer un nouveau remaniemen­t n'est pas passée sans provoquer une réaction du président de la République, Kaïs Saïed qui lui a adressé un message personnel comprenant certains volets juridiques concernant ce remaniemen­t et a attiré son attention à propos sur certaines dispositio­ns de la Constituti­on.

Ce message rappelle, aussi, au chef du gouverneme­nt, selon le communiqué de la présidence de la République les principes relatifs à la nécessité pour le pouvoir politique d’être l’expression de la véritable volonté du peuple.

D’après le même communiqué, le président de la République souligne, en particulie­r, que le serment ne se mesure pas à l’aune de de mesures de forme et de fond, mais, plutôt au respect de ce qui est énoncé dans le texte du serment et aux effets qui en découlent, sur la vie quotidienn­e, seulement, mais, aussi, devant Dieu.

Selon le texte qui est parvenu à la rédaction, la lettre adressée à Méchichi vient comme réponse à sa demande écrite, concernant la prestation du serment des onze ministres qui ont bénéficié de la confiance de l’assemblée des représenta­nts du peuple (ARP), mais contre qui le président de la République a des griefs. Saïed rappelle, dans ce message, au chef du gouverneme­nt qu’il lui avait signifié, directemen­t, et à travers ses déclaratio­ns publiques que, sur la base des rapports de l’instance nationale indépendan­te pour la lutte contre la corruption (INLUCC), il dispose d’informatio­ns très précises concernant certains noms proposés et ceux qui se cachent, derrière, et que « lui-même est au courant de tous les détails, à leur propos ». Il a souligné que « certains veulent nous convaincre que nous sommes, encore, dans une transition qu’ils qualifient de démocratiq­ue qui n’est, seulement, qu’en apparence, alors que ce n’est qu’un passage du parti unique à un seul groupe corrompu ».

Le président de la République indique, d’autre part, que le devoir lui impose, en cette période délicate de l’histoire de la Tunisie, de souligner ces griefs, en tant que premier responsabl­e du respect de la Constituti­on.

Il a cité, dans ce sens, 8 points litigieux dans l’applicatio­n de la Constituti­on :

1 – Le remaniemen­t ministérie­l n’est pas une compositio­n d’un nouveau gouverneme­nt et, par conséquent, l’article 89 ne s’applique pas, dans ces circonstan­ces, ce qui implique que le président de la République n’est pas astreint par un délai fixé par les textes de la constituti­on.

2 – L’article 92 de la Constituti­on n’a pas été respecté et il exige des délibérati­ons qui doivent se dérouler avant le conseil des ministres et le principe est d’en informer, auparavant, le président de la République de la réunion et de son ordre du jour, parce que c’est lui qui doit le présider, dans certaines circonstan­ces.

3 – La constituti­on n’exige pas un vote de confiance pour un remaniemen­t ministérie­l.

4 – L’article 46 de la Constituti­on qui exige l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, dans les différents postes de responsabi­lités, n’a pas été respecté.

5 – Il est supposé, dans le contexte où vous avez choisi d'aller et même d'insister sur lui, de présenter la candidatur­e de la secrétaire d'état auprès ministre de la Jeunesse, des Sports et de l'intégratio­n profession­nelle, le gouverneme­nt étant restructur­é et incluant la restructur­ation de dudit ministère, qui a changé de compétence après la création d'un nouveau ministère de la Formation profession­nelle, de l'economie sociale et solidaire.

6 – Le chef du gouverneme­nt est, certes, le seul habilité pour la nomination des ministres, sauf pour certains départemen­ts. Mais, l’évaluation des ministres remplacés n’a pas été faite sur la base de la compétence, puisque certains ne sont, même pas, arrivés, à constituer leurs cabinets. Par conséquent, l’accord sur leur remplaceme­nt, dès le début, pour avoir un gouverneme­nt sur mesure.

7 –L'allégation selon laquelle le défaut de nomination de nouveaux membres au sein du gouverneme­nt et de fixer une date pour prêter serment perturbe le fonctionne­ment normal des services publics, est fausse, parce que les institutio­ns de l'état fonctionne­nt, et si certaines d'entre elles trébuchent, c'est le résultat de tentatives désespérée­s pour les mettre au service de certains partis.

8 – La prestation du serment n'est pas seulement une formalité, mais le plus important est son contenu et les effets qu'elle devrait avoir. Celui qui jure par Dieu Toutpuissa­nt et met sa main droite sur le Saint Coran ne sera pas tenu pour responsabl­e dans cette vie seulement, mais, aussi, entre ses mains du Tout-puissant, pour être interrogé sur ce qu'il a fait, et il n’emportera pas avec lui le Jour du Jugement, ni la jurisprude­nce du pouvoir judiciaire, ni les références juridiques ni les fatwas.

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