Les tiraillements politiques dans le collimateur
Alors que la guéguerre entre Carthage et la Kasbah se poursuit, l'économie nationale continue de subir un véritable coup de massue. Selon le bilan annuel publié vendredi par la FIPA (Agence de Promotion de l’investissement Extérieur), les investissements étrangers ont enregistré en 2020 une baisse de 28,8% pour un portefeuille total de 1885,9 MD. Les IDE ont accusé un repli de 26% par rapport à 2019 et de 33,1% par rapport à 2018. Une dégringolade expliquée en partie par l’effet Covid qui a fait reculer les flux mondiaux d’investissements étrangers de 40% en 2020 selon la CNUCED. Intervenant hier sur les ondes d’express Fm, Abdelbasset Ghanmi, DG de la FIPA a affirmé qu’outre la crise sanitaire d’autres facteurs endogènes ont contribué au fléchissement des investissements étrangers dont principalement l'instabilité politique et sociale et l'absence d'une vision à moyen et long termes.
La baisse des investissements étrangers concerne tous les secteurs d’activités. Une baisse de 44% a été enregistré dans le secteur des services, suivi par le secteur des énergies avec un repli de 31,8% et le secteur industriel en accusant un fléchissement de 17,8%. Un repli de 3,6% a été par ailleurs enregistré dans le secteur agricole. En 2020, le défi était de préserver les investissements existants et de protéger les postes d’emplois. « Il faut aujourd’hui redoubler d’efforts principalement en matière de communication pour attirer davantage d’investissements étrangers et faire prévaloir les avantages compétitifs de la Tunisie et diversifier les marchés cibles », a affirmé le DG de la FIPA.
Néanmoins l’assainissement de la vie politique reste aujourd’hui la condition sine-qua-non à l’amélioration du climat des affaires. Les tiraillements politiques continuent de peser de tout leur poids sur la vie économique et sociale. L’UTICA a d’ailleurs prévenu récemment dans un communiqué que « si aucune solution consensuelle ne sera trouvée dans les plus brefs délais, cette crise sera lourde de conséquences », a prévenu le patronat dans un communiqué en ajoutant que : « la poursuite d’une telle situation est de nature à porter préjudice à l’image de la Tunisie auprès des instituons financières internationales et à compromettre les intentions d’investissement. Pour faire face à cette crise, insiste la même source, il est impératif d’engager les réformes structurelles nécessaires à la relance de l’économie en Tunisie et d’instaurer un climat favorable à l’investissement, loin des ” tensions et des intérêts restreints “».
L’agence de notation Moody’s devrait actualiser hier sa notation souveraine sur la Tunisie. Une notation très attendue au vue de son impact direct sur le moral des investisseurs mais aussi sur la capacité du gouvernement à mobiliser des ressources extérieures.