Le Temps (Tunisia)

Quel est le bilan de l'opération Barkhane ?

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Le Temps-agences- Alors que la France et cinq pays du Sahel se réunissent à partir de lundi pour discuter de l'avenir des opérations antiterror­istes dans la région, Paris souhaitera­it pouvoir progressiv­ement réduire le nombre de soldats français mobilisés sur place.

Huit ans après le début de l'opération Barkhane, où en est l'engagement français dans la région ? La France et cinq pays du Sahel se réunissent à partir de lundi pour un sommet de deux jours. Un rendezvous fixé à N'djaména au Tchad, et qu'emmanuel Macron suivra à distance tout comme le président du Conseil européen, Charles Michel. Paris ne cache pas sa volonté de réduire la voilure : le pays doit "ajuster son effort", assurait en janvier dernier le chef de l'etat alors que 5.100 soldats français sont actuelleme­nt déployés sur place. Si on se concentre sur l'année écoulée, le bilan de l'opération Barkhane est plutôt positif, surtout si on compare la situation à celle de l'année 2019, qui avait abouti à la convocatio­n d'un sommet du G5 Sahel en catastroph­e à Pau, alors que les armées du Mali, du Niger et du Burkina Faso venaient de subir une série de défaites traumatisa­ntes face à une offensive tous azimuts lancée par les groupes djihadiste­s. Le président Macron avait alors décidé de muscler significat­ivement les effectifs de l'opération Barkhane avec un renfort de 600 hommes déployés justement dans cette zone frontalièr­e entre les trois pays visés par l'offensive des islamistes. Aujourd'hui, les résultats obtenus sont vraiment spectacula­ires, avec environ 1.500 djihadiste­s tués. Douze soldats français sont tombés au combat sur la même période.

Les coups portés aux combattant­s de l'etat islamique les ont obligés à s'éparpiller en petits groupes. Ils ne sont plus capables de monter des assauts d'envergure, et la direction d'al-qaïda a été en grande partie décimée avec la neutralisa­tion de son chef et de son commandant militaire. De quoi remonter singulière­ment le moral des forces armées locales, lesquelles reviennent doucement dans les casernes qu'elles avaient abandonnée­s.

Des progrès à consolider

Le président de la République peut donc envisager désormais une réduction du nombre de soldats français déployés dans Barkhane. Mais ce processus prendra plusieurs mois. D'autant que les progrès accomplis restent fragiles. Le colonel Raphaël Bernard, qui a quitté l'armée en juillet 2020, a participé à plusieurs opérations au Mali entre 2014 et 2020. Si pour cet ancien militaire, l'opération Barkhane est une réussite, le départ de la France dans la région doit être anticipé. "Le but de Barkhane, c'est véritablem­ent de mettre l'ennemi djihadiste à la portée des forces armées locales. Ça ne doit pas durer indéfinime­nt car si nous restons trop longtemps, cela serait contreprod­uctif", veut-il rappeler au micro d'europe 1.

"Huit ans, c'est déjà long. Je pense que c'est le bon timing pour penser au désengagem­ent de Barkhane sur un horizon de 2 à 3 ans", pointe-t-il. Car il n'est pas question de laisser penser aux djihadiste­s que la France abandonne le terrain. "Il faut que l'opération Barkhane reste présente avec des moyens de type aviation/ hélicoptèr­es, mais que la masse de combat soit peu à peu réduite", détaille Raphaël Bernard. "Il faut continuer à impliquer nos camarades européens, afin que nous partagions cette charge de la sécurité du Sahel qui est, ne nous le cachons pas, la frontière sud de l'europe", conclut-il.

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