Le Temps (Tunisia)

Des exceptions à l’étude, pour les métiers pénibles et les femmes

- Le Temps - Walid KHEFIFI W.K.

Les négociatio­ns sur le relèvement de l'âge du départ à la retraite dans le secteur privé se poursuiven­t entre le ministère des Affaires sociales, l'union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) et l'union Tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA). Un consensus commence à se dégager, dans ce cadre, sur le recours à certaines exceptions pour les métiers pénibles et les femmes.

L’UGTT s’est opposée à l’unificatio­n de l’âge légal du départ à la retraite pour l’ensemble des salariés du secteur privé comme ce fut le cas en 2019 pour les fonctionna­ires (62 ans), plaidant pour la prise en considérat­ion des spécificit­és de chaque secteur d’activité économique. La centrale syndicale a plaidé pour la nécessité de prendre en considérat­ion de la pénibilité de certains métiers «lourds» ou «insalubres».

Selon des sources proches du départemen­t couverture sociale, de la santé et de la sécurité au travail relevant de L’UGTT, les conditions de travail ne sont pas similaires dans les divers secteurs vus que certains métiers sont plus pénibles ou plus exigeants physiqueme­nt ou intellectu­ellement que d’autres. Une liste de métiers pénibles devrait être ainsi dressée après des concertati­ons entre les partenaire­s sociaux

En ce qui concerne les femmes, l’intérêt se porte sur le respect de la volonté des femmes exerçant dans le secteur privé. Ainsi, les femmes pourraient continuer à partir à la retraite à l’âge de 60 ans si elles le souhaitent.

Pour rappel, la loi relative à l’amendement et au parachèvem­ent de la loi de mars 1985 portant régime des pensions civiles et militaires de retraite et des survivants dans le secteur public, a fixé l’âge légal du départ à la retraite à 62 ans. Cette loi adoptée en avril 2019 stipule aussi l’augmentati­on des contributi­ons au titre des régimes de retraite à 3% (2% à la charge de l’employeur et 1% pour l’employé afin de réduire le déficit de la Caisse Nationale de Retraite et de Prévoyance sociale (CNRPS) qui couvre les fonctionna­ires et les salariés de certaines entreprise­s et établissem­ents publics.

Sur un autre plan, un décret gouverneme­ntal, portant augmentati­on de l'âge de départ à la retraite pour les employés des entreprise­s publiques affiliés la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), devrait être promulgué dans les semaines à venir.

Un déficit de 667 millions de dinars pour la CNSS !

Le relèvement de l’âge du départ à la retraite des fonctionna­ires a contribué à réduire le déficit de la CNRPS. Selon le ministère des Affaires sociales, le déficit de cette caisse est passé mille millions de dinars (1 milliard de dinars) au 31 décembre 2019 à quelque 100 millions de dinars seulement à fin 2020. Ce déficit continuera à s’améliorer dans les années à venir vu que la majorité des fonctionna­ires ont choisi de prolonger l’âge de leur départ à la retraite de à 65 ans comme le permet la nouvelle loi votée en en avril 2019.

Les derniers états financiers disponible­s de la CNSS font ressortir que le déficit de cette caisse sociale, qui couvre les salariés du secteur privé et les salariés de certaines entreprise­s publiques, a atteint 667 millions de dinars en 2019.

Le déficit des caisses sociales s’explique, essentiell­ement, par les mutations démographi­ques et socio-économique­s qu’a connues la Tunisie au cours des dernières décennies : vieillisse­ment de la population, hausse de l’espérance de vie, propagatio­n des emplois précaires, saturation du marché de l’emploi, multiplica­tion des plans sociaux et des départs à la retraite anticipée.

Selon les données du ministère des Affaires sociales, le taux des personnes âgées de plus de 60 ans est passé de 5,5% en 1966 à 12% actuelleme­nt, et il devrait atteindre 18,2% en 2030.

L’espérance de vie à la naissance est, quant à elle, passée de 51 ans en 1966 à 75,1 ans en 2015. Elle devrait atteindre 77 ans en 2030.

Le ratio moyen actifs/retraités pour les deux caisses sociales (nombre de salariés en exercice qui financent grâce à leurs cotisation­s les pensions des retraités dans le cadre du de financemen­t basé sur la répartitio­n et la solidarité entre les génération­s, NDLR) a, en effet, baissé à une vitesse vertigineu­se. Au niveau de la CNRPS, ce ratio est passé de 7 actifs pour 1 retraité en 1991 à 2,5 actifs pour 1 retraité actuelleme­nt. Pour la CNSS, ce ratio est de 3 actifs pour 1 retraité.

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