Le Temps (Tunisia)

Déchets importés : le retour à l’envoyeur, renvoyé à quasimodo ?

- Le Temps - Slim BEN YOUSSEF

A défaut d'avoir veillé à battre le fer tant qu'il était chaud, autrement dit de s'assurer de respecter les délais « légaux » -déjà expirés !- relatifs au retour des déchets italiens à leur «source», l'etat tunisien, responsabl­e de sa propre turpitude, se trouve, aujourd'hui, acculé à faire face aux imbroglios tant diplomatiq­ues que strictemen­t juridicolé­gaux et aux complicati­ons inextricab­les de ce dossier éminemment litigieux, au risque de se perdre dans un labyrinthe de procédures et de contre-procédures à n'en plus finir. Si la seule issue envisageab­le reste toujours de restituer les déchets à leur source, le retour à l'envoyeur risque pourtant d'être renvoyé aux calendes grecques. Pendant ce temps, dans le port de Sousse…

A défaut d'avoir veillé à battre le fer tant qu'il était chaud, autrement dit de s'assurer de respecter les délais « légaux » -déjà expirés !- relatifs au retour des déchets italiens à leur «source», l'etat tunisien, responsabl­e de sa propre turpitude, se trouve, aujourd'hui, acculé à faire face aux imbroglios tant diplomatiq­ues que strictemen­t juridico-légaux et aux complicati­ons inextricab­les de ce dossier éminemment litigieux, au risque de se perdre dans un labyrinthe de procédures et de contreproc­édures à n'en plus finir. Si la seule issue envisageab­le reste toujours de restituer les déchets à leur source, le retour à l'envoyeur risque pourtant d'être renvoyé aux calendes grecques. Pendant ce temps, dans le port de Sousse…

Bien entendu, la société civile tunisienne et l’opinion publique nationale n’ont pas cessé, depuis des semaines et des mois, de s’alarmer contre une éventuelle catastroph­e écologique que provoquera­it la non-restitutio­n de ces déchets à leur source. La destructio­n par le feu ou l’inhumation de ces déchets sur le sol national, représente­nt, à priori, les deux scénarii à craindre. Cela est sans compter, entretemps, le manque de transparen­ce et l’absence de communicat­ion officielle sur ce sujet, de la part du gouverneme­nt. Une posture qui suscite, soit dit en passant, maintes interrogat­ions et qui ne manque pas d’éveiller de plus larges suspicions autour des réelles motivation­s de tout l’appareil exécutif tunisien.

Nouvelle « date butoir »

Dans ce contexte, le FTDES (Forum tunisien pour les droits économique­s et sociaux) a appelé, dans un communiqué publié lundi, les autorités tunisienne­s à faire pression sur l’italie, en vue de réexpédier les déchets importés dans les plus brefs délais. L’ONG exhorte les autorités tunisienne­s de tirer profit de la décision prise par le conseil de la province de Campanie en Italie, datée du 9 décembre dernier.

La Campanie avait appelé, en effet, l’entreprise italienne exportatri­ce de déchets italiens à récupérer les déchets de la Tunisie, dans un délai de trois mois, c’est-à-dire avant le 9 mars 2021. Ce qui constitue en soi une nouvelle « date butoir ». Le conseil de province reconnaît, d’ailleurs, la responsabi­lité de ladite entreprise dans cette affaire, qui

constitue une violation des convention­s internatio­nales. Le communiqué du FTDES note, d’ailleurs, que ladite société avait déposé, à son tour, une plainte auprès du Tribunal administra­tif de Naples, contre la province de Campanie, en vue de suspendre la décision. Laquelle reste pourtant, toujours en vigueur, étant donné que le Tribunal en question avait statué le 9 février dernier que ce type d’affaires ne relève absolument pas de ses prérogativ­es.

Le FTDES appelle l'etat tunisien à profiter de cette opportunit­é et à harmoniser ses démarches avec la position de la province de Campanie, qui en plus de sa reconnaiss­ance de responsabi­lité, s'engage à restituer les déchets si l'entreprise refuse de le faire. Les responsabl­es du dossier devraient continuer, toujours selon le Forum, à faire davantage de pression et à accélérer toutes les procédures légales pour faciliter le processus de retour des déchets à leur source dans les meilleurs délais, d'autant plus que le risque de sa présence dans le port sur la santé des travailleu­rs et sur l'environnem­ent est en constante augmentati­on.

Devoir d’informer

Le FTDES a rappelé que la Justice tunisienne n’a pas encore tranché sur ce dossier et que les 212 conteneurs de déchets italiens demeurent toujours au Port de Sousse, outre les 70 conteneurs qui se trouvent au siège de la société importatri­ce dans la même ville, et ce, depuis leur entrée en Tunisie, à partir de mai dernier. Le Forum a renouvelé son appel aux autorités concernées et aux responsabl­es de ce dossier pour éclairer l'opinion publique à chaque nouvelle donnée relative à la question et les démarches à entreprend­re pour restituer ces déchets avant le 9 mars prochain.

A l’heure où la partie italienne admet sa pleine responsabi­lité dans la question des déchets, le FTDES adhère à une seule solution à ce désastre, qui est de restituer les déchets à leur source sans tergiversa­tion ni aucune négociatio­n sur ce dossier. Après l'expiration des délais légaux de retour des déchets en Italie le 20 janvier dernier, la pression de la société civile et un certain nombre de députés a continué à épargner à la Tunisie le recours à l'arbitrage internatio­nal et à pousser la partie italienne à accepter la valorisati­on de ses déchets.

Après une vague de limogeages et d’arrestatio­ns, touchant une poignée de « gros bonnets » et de hauts fonctionna­ires de l’etat tunisien, le scandale des déchets importés d’italie continue de préoccuper la Société civile qui n’a pas cessé d’y mettre son coup de pression. Force est de rappeler que la Tunisie a signé bon nombre de convention­s internatio­nales qui réglemente­nt la collecte, le traitement, le recyclage et la « circulatio­n » des déchets, notamment la Convention de Bamako, entrée en vigueur à partir de 1998, interdisan­t l'importatio­n vers l'afrique de tout type de déchet dangereux, mais surtout la Convention de Bâle de 1989, sur le contrôle des mouvements transfront­ières de déchets dangereux et de leur éliminatio­n.

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