Le Temps (Tunisia)

Une décision de justice qui fait débat à Gaza

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Le Tempsagenc­esA Gaza, une décision de justice récente fait débat. Les femmes ne peuvent pas quitter l’enclave côtière sans autorisati­on d’un tuteur.

Il est interdit « à une femme non mariée, qu'elle soit vierge ou non, de voyager sans permission d'un tuteur qui peut lui refuser de voyager en cas de préjudice », explique le texte de la décision signé par le président du Conseil suprême de la charia, Hassan aljoujou. Par tuteur, il faut comprendre le père ou un frère, ou un autre parent plus agé, de sexe masculin. Cette autorisati­on devra être enregistré­e au tribunal. Dans le libellé de la décision, on comprend aussi qu’une femme mariée doit avoir l’autorisati­on de son mari.

Cette mesure s’applique aussi pour les hommes non mariés, qui peuvent se voir refuser toute sortie si leur famille n’est pas d’accord. Ils n’ont pas besoin, comme les femmes, d’une autorisati­on obligatoir­e, mais si la famille n’est pas d’accord, elle peut le faire savoir au tribunal. Il faut toutefois préciser que la possibilit­é de « voyager » est très limitée à Gaza, sous blocus israélien et égyptien. Quitter la bande de terre côtière est un processus ardu, coûteux et extrêmemen­t difficile.

Le droit des femmes mis

à mal

Il y a eu des manifestat­ions devant le bureau du Conseil suprême de la charia. Et sur les réseaux sociaux, beaucoup ont accusé le Hamas de faire reculer le droit des femmes alors que l’arabie saoudite de son côté tente d’assouplir certaines restrictio­ns, notamment en autorisant les femmes à conduire.

Une militante palestinie­nne pour le droit des femmes, Zainab al-ghunaimi, parle même de recul dans la protection des droits de l’homme en général, car cette décision va à l’encontre de la loi fondamenta­le palestinie­nne, qui accorde une égalité des droits aux adultes. Le Front démocratiq­ue de libération de la Palestine, un parti de gauche, appelle le Hamas à revenir sur cet accord.

Une décision qui doit être reformulée

L'observatoi­re euro-méditerran­éen des droits de l'homme pointe de son côté une violation du droit internatio­nal. Pour Hassan al-joujou, président du Conseil suprême de la charia, la loi coranique, cette décision est « équilibrée, conforme aux lois civiles et islamiques », selon lui, le bruit sur les réseaux sociaux est injustifié. Il explique que cette mesure a été prise suite à des incidents passés, où des filles avaient voyagé à l’insu de leurs parents, et des hommes étaient partis en laissant leurs femmes et leur enfants, seuls, dans l’enclave.

Le Conseil suprême de la charia a toutefois précisé, après toutes ces réactions, qu’il acceptait de reformuler la décision. On ne sait pas quand, ni comment pour le moment. Cette décision intervient au moment où les Palestinie­ns prévoient des élections en mai et en juillet prochain, les premières depuis 15 ans. Pour certains analystes palestinie­ns, il pourrait s’agir d’une mesure stratégiqu­e pour consolider le vote Hamas auprès de sa base conservatr­ice et religieuse. Surtout au moment où les critiques sont vives contre le gouverneme­nt au pouvoir à Gaza.

Mais cette décision tombe aussi quelques jours seulement après une campagne pour aider et sauver deux jeunes filles de Gaza. Elles essayaient de fuir la violence domestique et les abus sexuels de leur famille en quittant l’enclave.

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